La santé dans tous ses états

Depuis décembre 2019 nous subissons de plein fouet la vague épidémique et au nom du bien commun nous supportons les restrictions de nos liberté. Le gouvernement prend des mesures qui évoluent sans cesse, en fonction des conseils scientifiques et des avis de soi-disant experts. Depuis décembre 2019, on continue pourtant à travailler comme si de rien n’était, les grands magasins restent ouverts et les petit plaisirs de la vie, les partages, les échanges avec les proches, avec les amis ont disparus. Nous sommes privés de tous nos loisirs habituels. Surtout, si la machine économique à peine ralentie continue, nous travailleurs, subissons de plein fouet la dureté des lois capitalistes : nos possibilités de nous rencontrer, de discuter entre nous, notre liberté de parole et notre capacité de nous organiser pour lutter contre ces agressions sont fortement diminuées par ces mesures insensées qui bafouent notre dignité.

Depuis le début de la pandémie, avons-nous vu augmenter le nombre des hôpitaux ? De cliniques ? Y-a-t-il eu des recrutements de personnel soignant ? D’infirmières ? De médecins ? D’internes ? Vous connaissez, tous la réponse, c’est clairement non. Pourquoi ?

Tout simplement parce que les gens qui ont le pouvoir, économique et politique, font des choix en fonction de leurs intérêts propres : eux décident et

nous, qui constituons l’immense majorité de la population, nous acceptons, nous subissons, nous laissons faire comme si ces choix ne nous concernaient pas, comme si ces choix n’impactaient pas directement notre vie quotidienne. Pourtant nous aussi nous avons le choix : nous pouvons laisser faire, nous contenter de regarder, de commenter de râler un peu, et c’est ce qui se passe actuellement ou nous pouvons agir, refuser, nous opposer. Après tout, nous sommes l’énorme majorité et c’est nous, ouvriers, employés, paysans membres d’associations ou même prétendus inactifs qui produisons toute la richesse.

On nous dit que nous sommes représentés, que notre voix compte, et qu’au parlement, dans les lieux où l’on décide, nos représentants syndicaux ou politiques font entendre leurs voix et dans les médias, à la télé on les voit discuter autour d’une table, asséner leur opinion. Mais ces gens ne représentent qu’eux même En aucun cas, jamais aucun d’eux, n’a organisé une assemblée générale sur les lieux de travail, aucun parmi eux n’accepterait que les gens d’en bas puissent exprimer une opinion ou décident de quoi que ce soit. A la télé, à la radio, dans les médias, ce sont toujours les même qui s’expriment, ceux d’en haut, ceux qui ont été placés là par la volonté des urnes, et qui de ce fait ont été transformés par le pouvoir, sont devenus surs d’eux, imbus de leur personne. Leur élection les a transformés, ils sont devenus même à leur corps défendant des gens d’en haut. Et depuis ce moment, parce qu’ils ne sont plus de notre monde, ils n’acceptent d’entendre de notre part que la voix des urnes.

Il ne faut donc pas s’étonner de certaines situations catastrophiques. Par exemple dans le domaine de la santé, depuis le début de la pandémie, les soignants en nombre insuffisant, manquant de moyens (à croire que la France est un pays sous-développé) sont surmenés, épuisés, en permanence au bord du burn-out. Le président, les ministres, les responsables de la santé depuis plus d’un an font des promesses, lancent des chiffres, organisent des séances d’applaudissement pour les personnels des urgences. En réalité rien ne change, raisons budgétaires obligent, les baisses d’effectifs et de moyens accordés aux soignants continuent. Résultat : on apprend que depuis le début de l’année 5 internes se sont suicidés du fait de leurs conditions de travail ; et à coté combien de dépressions, de démissions, d’effondrements physiques et psychiques parmi le personnel soignant ?

Nous pensons qu’un jour une bonne partie de la population voudra changer tout ça, en finir avec ces situations scandaleuses et honteuses mais pour y parvenir elle devra cesser de confier à des représentants simplement beaux parleurs son sort. Pour imposer sa volonté, ses choix il faudra qu’elle réapprenne à construire un rapport de force face au patronat et au gouvernement par des pratiques d’action directe (toutes les conquêtes du mouvement social ont été obtenues à la suite de mouvements sociaux puissants) et pour établir parmi les travailleurs une confiance suffisante pour mettre en œuvre à grande échelle ces pratiques d’action directe il sera absolument nécessaire de renouer avec des pratiques de démocratie directe, d’assemblée générale souveraine confiant des mandats précis et impératifs à des délégués révocables à tout moment. Le chemin sera long mais c’est le seul possible.

Des travailleurs de la santé de tendance anarchosyndicalistes


Article extrait de « un autre futur pour la santé », bulletin anarchosyndicaliste de travailleuses et travailleurs du secteur de la santé

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