(Article publié initialement à l’été 2004 dans le journal de la CNT-AIT de Toulouse)
Cet été 2004 est à marquer de la pierre grise de la monotonie bourgeoise. Il est vrai que tout l’art des festivités étatiques est de faire crever d’ennui les esprits libres. Passe encore que, pour honorer les résistants, on fasse défiler policiers et soldats : cela amuse les enfants, et le plus bel Etat du monde ne peut offrir en spectacle que ce qu’il a, c’est-à-dire rien de bien. Passe également que pour fêter « Paris libéré », la capitale soit quadrillée par la police et l’armée, même si ce paradoxe devrait faire sourire jaune.
Non, ce qui est radicalement ennuyeux, c’est de toujours et encore voir les mêmes grosses ficelles de la propagande étatique se dérouler sans cesse sous nos yeux, comme si elles sortaient d’une pelote gigantesque sur laquelle il y aurait marqué « on vous prend pour des cons ». Pardonnez la trivialité de l’expression ; mais, mieux qu’aucune figure de rhétorique ne pourrait le faire, elle rend compte avec exactitude de l’esprit du siècle qui n’est autre que celui de la vulgarité triomphante, représentée en premier lieu par des intellectuels prétentieux à la solde de l’Argent. Cela ne mérite pas mieux effectivement pour le dire qu’une expression « incivile » !