Pleurements ridicules (Hristo Botev sur la Commune de Paris)

L’article suivant a été écrit par le socialiste libertaire bulgare Hristo Botev et publié dans « La Parole des émigrés bulgares » en 1871. Botev y soutient la Commune de Paris et critique ses opposants. Nous publions à notre connaissance la première traduction en français.

les militatns de la CNT-AIT France.

L’incendie des Tuileries pendant la Commune, George-Jules-Victor Clairin

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Pleurez Paris, la capitale de la débauche, de la civilisation, l’école de l’espionnage et de l’esclavage ; pleurez, ô philanthropes, pour les palais des vampires effrayants, des grands tyrans – pour les monuments de la stupidité, de la barbarie, construits avec les têtes coupées de tant de précurseurs, de tant de grands penseurs et poètes, avec les os rongés des hommes. tant de martyrs pour le pain essentiel, pleurez ! – personne ne peut réconforter les fous, personne ne peut apprivoiser les furieux !

Maudits soient les communards, qu’ils aient ruiné votre capital et soient morts avec le criminel pour vos paroles : liberté ou mort, pain ou balle ! Crachez sur leurs cadavres et sur les cadavres de ces victimes de la civilisation, que vous avez étreints et serrés face à vos femmes, sœurs, mères mais aujourd’hui vous traitez de putes enragées, car elles avaient encore la force de lever le fusil et de se libérer de la tanière. de débauche ! Jetez de la terre et des pierres sur la tombe de Dombrowski, car il n’était pas le serviteur d’une tête couronnée, mais un combattant pour une grande idée, d’un objectif plus élevé et avec des coffres de fer, qui s’est tenu contre les traîtres de la France et les coupables de tant de maux dans l’humanité. .

Le monde entier pleurait Paris, le monde entier maudissait les communards. Notre journalisme n’a pas pris de retard, il a aussi pleuré les sans âme et maudit les raisonnables. Des pleurs ridicules ! De Nimrod à Napoléon, de Cambise à Wilhelm, la guerre nous offre le même spectacle, la même cible avec les mêmes moyens. Comme si Napoléon, au nom de la civilisation et Guillaume, au nom de Dieu, n’avaient pas fait plus de mal, plus de barbarie au XIXe siècle, que ne le disait Alexandre le Grand avec ses expéditions il y a tant de siècles. Mais il y a la barbarie, il y a les objurgations, où l’esclave, l’humain, quand ni ses paroles ni sa raison ne sont entendues, qu’il s’accroche à l’extrême et se bat jusqu’à la vie ou jusqu’à la mort, autant que ses moyens le lui permettent. , qui ne sont modestes que parce qu’elles ont été volées par les maîtres. Alors ils traitent l’humain de bandit, de voyou et de barbare ! Tels étaient aussi les communards.

Le christianisme a ses martyrs, jusqu’à ce qu’il les appelle « fils de Dieu » ; la révolution en a aussi, pour « faire du vagabond un citoyen » ; le socialisme les a aussi et les aura toujours, s’efforçant de faire de l’humain quelque chose de plus que le fils de Dieu et le citoyen – non pas comme un idéal, mais comme un humain « de qui dépend le destin de sa ville, et non l’inverse ».

Le christianisme, la révolution et le socialisme – la monarchie, la constitution et la république – sont des faits et des époques historiques qui ne seront réfutés que par les esprits qui réfutent le progrès de l’humanité.

L’école et seulement l’école, a dit grand-mère Macédoine, libéreront l’Europe du coup d’État social – l’école et seulement l’école, nous le répétons, la prépareront à ce coup d’État ; mais pas l’école de Zlatooust et de Loyola, de Guillaume et de Napoléon, mais celle de Fourier et de Proudhon, de Cuvier et de Newton – et l’école de la vie.

Les communards sont des martyrs, car ce qui compte, ce ne sont pas les moyens de leur lutte, mais l’idée qui se cache derrière leur lutte. « La liberté aussi aura ses Jésuites », a déclaré Heine. Que nos journalistes retiennent leurs larmes, comme leurs collègues européens aussi, pour pleurer d’autres capitaux, d’autres barbaries et souffrances, quand l’esclave crie à son maître : qui es-tu qui pleures ? Êtes-vous un homme, une femme ou un hermaphrodite – une bête ou un poisson ?… Et ce sera un jour – le premier jour.

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