19 Juillet 1944 : EXILIO, première publication clandestine de la CNT-AIT espagnole en exil

Extrait de la brochure « Des Espagnols en résistance Tome 2 : qjuand des migrants et des parias tenaient le maquis dans le Cantal … »

Le journal « Exilio », un lien pour la reconstruction de la CNT-AIT

Dans son effort de réorganisation, le groupe du Cantal devait se doter d’un organe de presse militant, qui permette de faire le lien entre les noyaux et les individus, et qui permette aussi d’éclairer et d’orienter la future organisation. Il s’agissait aussi de se doter d’un moyen de contrer la propagande communiste dans le milieu espagnol, qui bénéficiait du soutien logistique du Parti Communiste français :

« un nuage de feuille imprimées pompeusement intitulées « Reconquête de l’Espagne « , était périodiquement répartit dans tous les lieux où existaient des groupes d’émigrants Espagnols. De plus la presse du Parti  communiste français concentrait toute sa propagande vers l’objectif de présenter leurs camarades espagnols sont les seuls à pouvoir faire tomber le régime de Franco.

Dans la Région n ° 3, l’Auvergne, où le terrain accidenté permet l’organisation de divisions fantastiques avec plus de généraux que de soldats, cette situation exceptionnelle avait fait l’objet d’une étude approfondie lors de différentes réunions militantes convoquées à cet effet. Il n’y a eu aucune discordance. Tout le contraire. Tous les militants consultés convinrent que l’apparition d’un journal qui soit l’organe de la région et porte-parole du ML-CNT était une nécessité de premier ordre. Mais comment et où serait-il imprimé? La seule presse à imprimer qui existait dans la proximité de la ville de Mauriac était étroitement contrôlée par la police. La quantité de papier qui lui était attribuée par le gouvernement de Vichy était extrêmement réduite. Pendant les semaines suivantes, les rencontres militantes se succédaient, chaque jour plus préoccupées par le désir de contrer la propagande « unioniste » » C’est la publication par les communistes de Reconquista de España d’un article élogieux sur le politicien de droite Gil ROBLES, [6] qui incita les compagnons à passer à l’action. La rédaction du journal fut confié à Manuel Rico et son administration à Manuel Morey Blanch (Manolo).

Symboliquement, le premier numéro du journal Exilio est daté du 19 juillet 1944, qui marque le 8ème anniversaire de la Révolution espagnole de 1936. C’est certainement la première publication de la CNT-AIT espagnole en exil en France à part quelques journaux de camps, la plupart du temps manuscrits et qui ne sortaient pas au-delà des barbelés. Le premier numéro fut réalisé en « ronéo », sur une vieille machine qui n’en pouvait plus, et seuls quelques exemplaires furent distribués localement. Néanmoins, il remplit de fierté les compagnons, et leur donna du courage pour la suite.

Le second numéro publié, daté du 3 août 1944, qui de fait fut également désigné numéro 1, fut imprimé clandestinement, sur une machine d’imprimerie. La diffusion de ce journal, bien imprimé, eu un effet moral important sur tous les militants et noyaux où il fut expédié.

Le papier fut détourné des bureaux d’étude de la Société de la Moyenne Dordogne jusqu’au numéro 6, puis acheté au marché noir pour les numéros 7 à 8. Il faudra attendre le départ des allemands et le numéro 9 pour que le journal sorte de la clandestinité et qu’apparaisse la mention de l’imprimeur : VÉRZY à Mauriac (Cantal).

Sous titré originellement «CNT  Région n°3 » (laquelle correspondait à l’Auvergne), au fur et à mesure de l’expansion de sa diffusion il sera sous-titré «Organe officiel du mouvement Libertaire», «Bulletin intérieur de la Confédération nationale du travail-MLE en France », etc.

Dès la Plénière d’Auvergne réunit à Clermont en septembre 1944, la publication prend toute son importance et deux objectifs principaux lui sont assigné : défendre la CNT-AIT et entamer une lutte ouverte pour combattre les manœuvres hégémoniques que le Parti communiste espagnol (PCE) mène à travers l’Union nationale espagnole (UNE).

La ligne éditoriale soutenait les positions « collaborationnistes », de participation au gouvernement républicain en exil, soutenant le projet d’alliance syndicale avec l’UGT socialiste et préparant l’environnement pour la constitution de l’Alliance des forces démocratiques qui regroupait toutes les forces républicaines de gauche, à l’exception des communistes.

Parmi les contributeurs, on relève les noms suivants : José Albagés, Ramón Álvarez, Armesto, Jacint Borràs Bousquet, Manuel Buenacasa, J.Jan Domènech, J.Fernández Escobés, José Germán González, Juan Manuel Molina Mateo (Juanel), Leiva, Horacio Martínez Prieto, Manuel Morey, Josep Oliver Calle, Penido, Domingo Torres et Emilio Vivas, entre autres.

Au moins 48 numéros ont été publiés jusqu’en 1948.

Meeting commun ML-CNT et CNT-AIT Française à Clermont-Ferrand, le 18 Mai 1947

[6] Chef de la droite conservatrice espagnols des années 30 mais qui fut relégué aux seconds rôles par Franco lors de la guerre civile

Chapitre précédent : 1939-1944 : Le Barrage de l’Aigle, creuset de la réorganisation de la CNT-AIT espagnole en exil

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