Santiago est à nous !

Reçu par mail, le 23 Octobre 2019

« L’augmentation du tarif du métro en 30 pesos imposée le dimanche 6 octobre 2019 a provoqué une évasion massive dans le métro de Santiago pendant toute la semaine, principalement réalisée par des élèves du secondaire. Cet évènement n’est pas passée inaperçu comme une goutte au milieu du désert, mais au contraire elle est venue déborder une oasis de fureur accumulée. En s’ajoutant à une variété des conflits sociaux – environnement, genre, santé, éducation, sous-traitance, salaires de misère et retraites – les actions du peuple, écœurés des abus et de la précarisation, sont devenus de plus en plus passionnés, et se sont traduits, 12 jours plus tard, dans une grande explosion sociale.

Le 18 octobre, pas moins de 41 stations de métro ont été endommagées, 21 ont été incendiés, de nombreux mobiliers urbains ont été détruits, 4 banques ont été complètement éparpillées, plusieurs commissariats de police, des cabines de carabiniers et le bâtiment du centre des Impôts ont été attaqué; d’innombrables supermarchés étaient pillée et l’entrée su siège social d’Enel (la société de production et distribution d’électricité) a été incendiée. Selon les médias bourgeois, le coût total des dommages était de 200 000 000 de dollars chiliens. Le gouvernement de Piñera a accusé un petit nombre de personnes organisées, alors qu’en fait il y avait énormément de monde, et qu’il n’y avait pas d’organisation [derrière ces évènements].

Face à la situation, l’État chilien a été débordé et a montré son vrai visage, celui qui apparaît au cas où la propriété et le pouvoir des exploiteurs et des oppresseurs sont en danger. Se rendant compte que les 2000 Carabiniers spéciaux de la police anti-émeute envoyés cette nuit-là ne suffiraient pas à réprimer des manifestations diffuses, non seulement dans la capitale, mais aussi dans de nombreuses régions du pays, l’Etat a déclaré l’état d’urgence, amenant les militaires dans les rues, limitant la liberté de mouvement et de réunion, puis imposant le couvre-feu, de la même manière que dans une dictature militaire.

Pendant ces journées, l’Institut national des droits de l’homme a noté au moins 5 meurtres commis par les forces armées et les carabiniers des forces spéciales. Cependant, des dizaines de personnes ont été tuées dont les décès ne sont pas encore comptabilisés dans la liste officielle. On note aussi des cas de violence physique, fusillade à bout portant, humiliation par le déshabillage, abus sexuels, torture et viol de femmes.

Après 5 jours de révolte, le Président Sebastián Piñera a annoncé une série de mesures qui ne répond en aucun cas aux demandes profondes de notre classe. Ils n’ont même pas réussit à modifier le modèle néolibéral, dont le cœur est que l’État – financé par nos impôts – aide le capital privé, exonérant les exploiteurs de toute responsabilité. Malgré cela, certains grands hommes d’affaires ont déclaré qu’ils augmenteraient les salaires inférieurs jusqu’à 500 000 $ chiliens (688,23 $ US). C’est de ce point qu’une analyse évidente mais utile émerge: la classe entrepreneuriale ne sera prête à abandonner quelque chose que lorsqu’elle se sentira envahie par la peur de tout perdre.

En tant que Projet Educatif Libertaire, nous pensons que cette situation marque un temps avant et après dans la conception que les opprimés et la classe exploitée a de son propre potentiel. Il a été prouvé que le pouvoir tremblait à l’éclatement spontané, alors imaginez si cet éclatement était organisé !

Nous adhérons à l’analyse partagée par d’autres organisations anarchistes et appelons à maintenir notre union face à la répression et à répandre nos idées ici et maintenant. Nous devons nous joindre aux slogans et encourager les quartiers et la population à créer des assemblées horizontales et autonomes qui favorisent l’autogestion comme socle fondamental de l’organisation.

Il est essentiel que nous communiquions et que nous nous préparions à articuler les luttes différentes. Il ne peut plus arriver qu’un événement aussi important nous trouve mal préparés, sans propositions ou travaux concrets suffisants pour soutenir l’orientation d’un mouvement vers la Révolution sociale.

 De Santiago du Chili, envahi par le bruit des hélicoptères militaires et la chaleur douillette des barricades, nous sommes solidaires des familles de ceux qui ont été tués et les victimes de toutes sortes. Plus forts que jamais, nous déclarons :

ACTION DIRECTE ET SOLIDARITÉ!

SANTIAGO EST À NOUS !

MILITAIRE HORS DE NOS VIE !!

Proyecto Educativo Libertario / Projet d’éducation libertaire, Santiago, Chili.

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