publié par cntaitlille, le vendredi 6 juin 2008
Pour les musiciens, intermittents, comédiens et autres saltimbanques, il n’est pas rare de travailler, d’être salariés d’écoles de musique, de troupes de théâtre, ou autres structures réglementées par les statuts d’associations de loi 1901.
On peut même dire, qu’il est de plus en plus fréquent de nos jours de passer par ces structures car elles sont très importantes numériquement … Elles permettent également d’avoir une liberté d’activités (comme les musiques actuelles, les ateliers d’expressions collectives,…) face aux institutions artistiques établies et reconnues comme seules légitimes par le pouvoir et l’état…
L’exemple le plus probant est dans le milieu artistique… Pourtant, ce type de structure peut générer une exploitation qui est rarement dénoncée… En effet, ce système, qui offre beaucoup d’avantages, légitime une exploitation économique et humaine qui est digne du capitalisme le plus sauvage… Et pour beaucoup de personnes, ce milieu associatif est souvent le seul employeur…
Sur un point de vue économique, beaucoup d’associations effectues les paiements de leurs salariés à l’heure de travail prestée… C’est-à-dire que, celui qui ne bosses pas, n’est pas payé… Il arrive donc que, sur une année, le salarié se retrouve avec un trimestre sans aucun revenu …
Oui, mais il y a les congés payés me direz-vous… ? Dans la normal des choses, les congés sont payés soit à la fin de chaque mois, soit à la fin de l’année et cela sur base de la mensualisation du salaire (52 semaines par an, donc congés compris). Dans le cas des petites associations, la plupart du temps, les congés sont bien payés chaque fin de mois, mais sur base des heures de travail prestées, ils ne sont donc pas mensualisés. Alors que les associations se retrouvent dans la même position que n’importe quel employeur. De plus, ces associations se servent de cet argument (le fait qu’il paye les congés payés) pour ne pas mensualiser les salariés, alors que les deux choses (les congés payés et la mensualisation) n’ont aucune incidence l’un sur l’autre.
Mais, et c’est à notre sens, le plus grave, c’est que cette exploitation, qui n’a rien à envier au libéralisme, est légitimée au nom du « social », de la « culture », « de l’art », etc… « Tu comprends, si on change notre façon de faire, l’association va fermer, les enfants n’auront plus de cours de musique. Nous n’avons pas beaucoup de moyen, nous ne pouvons pas nous permettre … » Voilà l’argument le plus souvent donné pour justifier ce système. A écouter certains patrons d’associations, on en vient même à se demander s’ils ont de l’argent tout court…
Pourtant, les associations ont de subsides et parfois même beaucoup de subsides. Ceux-ci proviennent en général des mairies, les subventions de l’état ou des collectivités territoriales, les dons manuels, les aides provenant du partenariat ou du mécénat…,…
Le système associatif est aussi très hiérarchisé… l’association est souvent composée de quelques membres fondateurs qui ont le pouvoir sur le reste des adhérents et/ou salariés. Théoriquement, tous les membres qu’ils soient fondateurs, adhérents ou salariés ont un droit de regard sur la gestion de l’association. Dans la réalité, il en est parfois tout autre. Les membres n’ont parfois aucun droit de regard… Ou plutôt n’on pas intérêt à en avoir…
On voit donc, que le processus de décision est donc souvent complètement pyramidal (président/trésorier/secrétaire) et n’est aucunement horizontal (alors qu’il peut tout à fait l’être, voir par exemple les statuts dits horizontaux de l’association « La Tondeuse à Roazhon ».)… Malgré les AG qui sont, pour la plupart du temps, destinées à être un lieu où l’on ne parle que de transparence des comptes… Rarement, au niveau décisionnel, les individus sont conviés à y participer…
Les associations seraient-elles alors devenues les boites intérims de l’état ? Je me souviens de ce que me disait récemment un patron d’école de musique privé (c’est ainsi qu’il se définissait) : « de toute façon, les musiciens, ce n’est que de l’intérim… »… Certaines personnes n’hésitent pas à pousser les musiciens dans cette direction en leur demandant de se déclarer indépendant pour pouvoir les employer… Cela se fait surtout en Belgique où il est très fréquent que les profs de musique soit indépendants… Il n’existe quasiment pas de salariés dans le domaine de l’enseignement privé … Il est à préciser que l’enseignement privé, en Belgique, est pratiqué uniquement par des ASBL (Association à but non lucratif …).
Quelle est donc la différence entre certaines associations et les structures capitalistes ? Absolument aucune structurellement parlant… L’association peut devenir un microcosme capitaliste, une copie de ce qu’on trouve tous les jours dans tous les systèmes d’exploitation (usines, entreprises, écoles, mairies,…). La seule différence est que l’exploitation est beaucoup mieux acceptée, intériorisée , car elle est légitimée au nom du social, de l’art, etc…
CNT AIT Syndicat anarchiste des saltimbanques et autres compagnons jongleurs
CNT-AIT de Lille et du Hainaut-Flandres – regio Lille Hainaut Vlaanderen