COMBATTRE LE NUCLEAIRE ET LE MONDE QUI LE PRODUIT

samedi 22 mai 2004


Chaque élément de confort nous tombe dessus avec l’allure d’une libération et le poids d’une servitude.

La nocivité du nucléaire ne devrait plus être à démontrer. Il suffit de regarder ce qui s’est passé à Tchernobyl, d’écouter le témoignage de ceux qui ont travaillé sur le réacteur ayant explosé comme de ceux qui survivent encore dans la zone contaminée par la radioactivité (140 000 Km² selon les officiels, mais l’on sait que le fameux « nuage » radioactif s’est étendu sur toute la planète).

Avec toutes les nuisances inhérentes à la société industrielle, les victimes sont toujours sommées de se justifier devant leurs agresseurs. Hier comme aujourd’hui, de l’amiante aux antennes relais pour téléphones mobiles, de la vache folle à la dioxine, de la catastrophe de Tchernobyl à celle de l’usine AZF de Toulouse, des tripatouillages génétiques aux nanotechnologies, c’est la même logique de domination et d’exploitation qui est à l’œuvre. Malgré l’évidence de ce constat, la connivence de l’écologisme avec les propriétaires de ce monde qui réinstalle toujours la dépossession et la soumission parmi ceux qui les contestent, associée aux mensonges permanents de tous les pro-nucléaires (Etats, scientifiques, médias, syndicalistes, etc.) prolongent l’apathie généralisée des populations.

Ce ne sont pas seulement les nuisances qu’il s’agit de combattre, mais plus généralement le cadre dans lequel elles peuvent se développer et progresser à leur aise. Et ce cadre est constitué tout à la fois des valeurs propres au système capitaliste qui a permis à l’économie de soumettre tout le monde à son règne en brisant la moindre parcelle d’autonomie et par la dictature techno-scientifique foncièrement ennemie de la liberté : même si nous arrêtons maintenant la production d’énergie nucléaire, nous sommes obligés de faire avec tous les déchets encore radioactifs pour des milliers d’années.

On comprendra alors que nous refusons de gérer le désastre.

Nous affirmons que nous ne pouvons combattre l’industrie nucléaire sans combattre ce système de domination qui ravage tout. Notre seule perspective est de ruiner les valeurs portées par un tel système : compétition de tous contre tous, hiérarchies et séparations, production incessante de faux besoins nécessaires à son maintien, pseudo-contestation. Il convient donc de dire clairement la vérité sur la nature même de ce monde et de faire désespérer les partisans de solutions d’aménagements de celui-ci. Les écolos nous proposent de remplacer le nucléaire par des éoliennes (ce qui de toute façon serait insuffisant) mais n’ont pas la volonté de mettre fin à la production d’énergie aussi nocive qu’inutile destinée à faire tourner ce monde. Et nous, nous ne voulons plus qu’il tourne.

Le nucléaire, comme aucun autre aspect de la domination, ne peut être considéré comme un problème séparé des autres, comme un terrain de lutte particulier. Quand au pouvoir des experts nucléaristes répond la spécialisation des écolocrates, c’est la continuation de ce même monde pourri qui est assurée. Nous avons à prendre l’initiative sans nous en laisser compter par les autoritaires et leurs experts en remettant au centre des débats les questionnements fondamentaux sur l’usage de la liberté et sur la construction de nos vies. Pour ce faire, l’emploi de moyens destinés à nous réapproprier notre autonomie est indispensable. C’est donc en passant à l’action directe, en constituant des espaces de réflexion critique et de construction d’outils utiles à notre émancipation, en sabotant le fonctionnement de la société industrielle et en désespérant tous ses partisans (ses vrais amis comme ses faux ennemis) que nous pourrons commencer à envisager la possibilité d’une sortie du monde qui a engendré le nucléaire.

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