Javiherrac
Il savait commander parce qu’il avait d’abord appris à obéir.
COMMUNIQUÉ CONFIDENTIEL A TOUS LES MILITANTS
DES FORCES DE LIBÉRATION NATIONALE.
México. 1° octobre 1976.
Écrire sur les combats que nous les anarchistes avons menés et vécus, c’est difficile et encore plus si ce combat a été mené avec une organisation non anarchiste. C’est compliqué parce que nous porterons des critiques et des jugements, c’est pourquoi nous nous taisons et le temps amène l’oubli. Cet écrit prétend ne pas oublier notre combat. C’est le début d’une réflexion à voix haute sur une expérience au Mexique et plus précisément au Chiapas. Il y a beaucoup à dire, à écrire et à débattre. Commençons
I
Au début des années 90, dans la ville de Querétaro (Mexique), j’ai commencé à me rapprocher des idées anarchistes par l’intermédiaire de la musique, de la lecture de revues, de fanzines, et des quelques livres qu’on peut trouver sur le sujet. Plus tard, je me suis engagé dans le militantisme dans une organisation anarchiste mexicaine. C’est ainsi qu’a commencé ma participation à la « Red Amor y Rabia » (« Réseau Amour et Rage »), devenu plus tard la « Fédération Anarchiste Révolutionnaire de l’Amour et de la Rage » (FARAR) établi à Mexico. Ce réseau visait à créer des groupes anarchistes au Mexique (ils existaient déjà au Canada et aux États-Unis)[1] pour travailler sur différentes questions et avec une base idéologique d’anarchisme révolutionnaire[2]. On n’a jamais réussi à créer un réseau de groupes sur le territoire mexicain et le seul groupe plus ou moins solide était celui de Mexico avec la publication d’un journal comme moyen de propagande et d’organisation. Honnêtement, mes connaissances théoriques sur l’anarchisme étaient très basiques et sa pratique était encore plus basique dans la réalité dans laquelle nous vivions. Donc participer à une organisation anarchiste semblait très agréable et sympathique mais je ne savais pas vraiment ce que c’était, d’autant plus que dans la ville de Querétaro [ville située à 200 km au nord-ouest de Mexico], j’étais l’unique membre de Amor y Rabia.
Alors que j’essayais de comprendre l’anarchisme et son militantisme, est arrivé le 1er janvier 1994. Ce jour-là, au Chiapas (Sud-Est du Mexique, à 900 km de Mexico), débuta la rébellion armée de l’Armée Zapatiste de Libération Nationale (EZLN), faisant alors connaître sa Déclaration de la forêt Lacandone (ou Déclaration de guerre) et invitant le peuple mexicain à lutter et à participer à sa guerre révolutionnaire contre le gouvernement mexicain[3].
La rébellion nous a surpris et a déclenché notre admiration, notre sympathie, notre enthousiasme et aussi des doutes, beaucoup de doutes. Nous savions [dès le départ] que ce n’était pas une rébellion à caractère anarchiste en considérant sa Déclaration de la forêt Lacandone, [ce qu’ont confirmé] plus tard les propos de ses dirigeants militaires, leur nationalisme mexicain et leur organisation basée sur une hiérarchie politique et militaire. Mais nous savions en tant qu’anarchistes révolutionnaires que la rébellion était justifiée et que nous devions la soutenir :
« (…) l’utilisation de tous les moyens nécessaires pour émanciper l’humanité, en finir avec la guerre, la pauvreté, la faim, la misère. Nous soutenons l’utilisation de différentes tactiques contre le système actuel et dans le but du développement d’une révolution sociale. (…) l’anarchisme est un corps vivant de théories et de pratiques directement lié aux expériences vécues par les opprimés dans les luttes pour leur libération »[4].
Par ailleurs, nous avons été séduits et enthousiasmés par le discours de l’EZLN : le non-pouvoir, l’anti-autoritarisme et l’horizontalité des prises de décisions dans les villages quant à leur organisation, la création d’une autonomie où on pourrait construire une société différente avec les villages
En bref : nous croyions qu’on pouvait faire une révolution dans tous les sens du terme et qu’en tant qu’anarchistes nous devions combattre et lutter dans cette révolution pour détruire et changer la société autoritaire. Nous devions voir et participer avec eux, nous nous sommes donc investis dans un soutien et une participation totale pour et avec l’EZLN.
Au début de 1994, quelques compagnons, filles et garçons sont partis au Chiapas pour rencontrer les gens de l’EZLN. Ils sont parvenus à passer un « accord de coopération », portant d’abord sur une aide matérielle, puis qui a débouché sur la création d’un projet anarchiste dans la zone zapatiste. Les accords avaient été conclus avec leur commandement politico-militaire : le Sous-Commandant I. Marcos et le Major I. Moisés (aujourd’hui appelés Sous-Commandant I. Galeano et Sous-Commandant I. Moisés).
Le projet s’appelait « Proyecto @ del Sureste » (projet @[narchiste] du Sud Est) et consistait en théorie à créer des sous-projets : camps de solidarité directe, écoles antiautoritaires, centres communautaires et ateliers dans les communautés zapatistes. En fin de compte, l’axe principal du projet était le « campement de solidarité directe » qui était « (…) une alternative au travail « neutre » que mènent les organisations non gouvernementales (ONG) dans les territoires rebelles du sud-est du Mexique. Contrairement aux « camps civils pour la paix », ici, on n’avait pas besoin d’« observateurs de la paix », mais plutôt du travail engagé et militant des personnes qui y participent ». Bref, c’était un canal direct de soutien aux villages zapatistes puisque nous ne voulions pas participer aux soi-disant camps de paix civile du Centre des Droits de l’Homme « Fray Bartolomé de las Casas »[5]) car ils nous semblaient uniquement humanitaires (assistencialistas) et de plus étaient contrôlés par l’Église catholique.
Concrètement, le campement travaillait sur trois thèmes : l’éducation, la santé et les femmes. De plus, à long terme, il fallait construire un système d’eau potable et électrifier la communauté. Le projet débuta le 1er mai 1996 dans la communauté zapatiste de Santa Rosa el Copán dans la municipalité de Las Margaritas[6]. Les dirigeants zapatistes avaient fixé des limites à notre action : respecter les décisions des communautés où nous travaillons ou nous déplacions, ne pas interférer dans leur vie, leur organisation et leur politique.
Le campement de solidarité directe s’appelait « Martyrs de Chicago« . Nous avons créé une école maternelle et primaire à qui nous avons donné le nom de « Ecole Anti-autoritaire Premier mai« , et nous avons ouvert une maison des femmes à qui nous avons donné le nom de « Margarita Ortega ». J’insiste sur les mots « nous avions donné le nom » parce que nous n’avions pas demandé leur avis aux habitants de la communauté sur ce sujet, comme par la suite sur d’autres questions du projet). Nous avions beaucoup de théorie anarchiste et nous voulions l’appliquer à cette communauté, mais le problème était qu’en pratique nous ne savions pas comment mettre en œuvre les thèmes du projet depuis un point de vue anarchiste, ou de tout autre point de vue d’ailleurs, je dois dire. De plus, la vie quotidienne au campement était à l’opposé de la bonne coexistence entre compagnons [qui pourtant partagent les mêmes] idées, et tous nos mauvais côtés ont fini par ressortir : pas de travail en collectif, beaucoup d’égos, tromperies, mensonges, manque d’envie de travailler avec la communauté, arrogance, manque de solidarité entre nous et même expulsions. De plus, nous n’avions pas suffisamment de compagnons [à l’extérieur] pour soutenir le projet. Le peu d’organisation que nous avions était concentré au Chiapas. En raison de tout ce qui précède, le projet dut prendre fin[7] et, de même que le journal et l’organisation Amor y Rabia au Mexique[8].
Pour résumer : le zapatisme avec notre complicité nous avait absorbés.
II
Je pensais que cette mauvaise expérience de travail avec des compagnons anarchistes était due à ce que le regretté anarchiste mexicain Omar Cortes avait écrit un jour à propos d’une discussion sur l’anarchisme au Mexique avec des compagnons d’Amor y Rabia : « vous vous contentez uniquement de répéter, de manière religieuse, vos « croyances ». Voici la différence : vous cherchez à semer
« la religion officielle de la Sainte Anarchie », en récitant le chapelet de Saint Bakounine, de la Sainte Révolution sociale espagnole et de tous les Saints anars avec leur discours respectif qui ont échoué, et qui sont désormais terminés. Et peu importe le nombre de prières que vous adresserez à vos morts sacrés, ils ne ressusciteront pas pour vous conduire « vers les champs verts et fleuris de l’anarchie »[9].
Je pensais que ce qui nous était arrivé dans notre « Projet @ » était que nous avions voulu appliquer l’anarchisme des manuels scolaires et la « religion officielle de la Sainte Anarchie » avec les noms de toutes les saintes et les saints anarchistes, mais dans la pratique nous n’avons pas pris en compte la parole de la communauté et de sa réalité indigène et paysanne. J’ai donc continué à considérer favorablement le zapatisme et sa proposition de créer une option politique pour changer la société et parvenir à une liberté construite entre tous. Pour atteindre cette liberté, il fallait travailler et développer l’autonomie à laquelle aspiraient les zapatistes. Mais à quoi ressemblait cette autonomie ? C’était, selon les mots du commandant David « la faculté des peuples / des villages[10] indigènes de prendre [seuls] des décisions à différents niveaux de la vie : politique, économique, social, culturel, religieux et territorial » ; c’est-à-dire de « prendre des décisions seuls pour le bien-être du peuple » et « que seuls les peuples / les villages peuvent se mouvoir, penser, agir… pour ce qu’ils souhaitent mais en liberté et en accord avec leur idée« [11].
Ainsi, et individuellement, j’ai participé[12] en tant qu’individu (de 1997 à 2006) à la construction de l’éducation zapatiste autonome dans une partie de la Zone Altos de Chiapas : les Communautés du Sud de San Cristóbal de las Casas[13] et plus tard dans une grande partie de la zone Altos de Chiapas avec le Caracol[14] II « Résistance et rébellion pour l’humanité« .
Ma participation se faisait à travers une organisation non gouvernementale (appelée Formación y Capacitación A.C. FOCA) de San Cristóbal de las Casas qui était liée et, en partie, intégrée au mouvement zapatiste des Communautés du Sud. Ce fut une expérience de près de 9 ans au cours de laquelle nous sommes passés de l’assistance sociale à un début de construction d’une éducation zapatiste autonome avec les villages, les communautés et les groupes. On fit tout le possible pour que l’éducation naisse des villages et soit la leur. Ce furent des années où j’en vins à penser qu’on était en train de construire une autre éducation : libre, autonome, critique, pensante, diverse, de tout le village et pour tout le village, et que sa mise en place émanerait des villages et que ce serait une des manières de s’émanciper et de changer la société.
Au cours de ces années, j’ai appris comment les villages zapatistes fonctionnaient en interne ; un apprentissage toujours respectueux de leurs décisions et leur conception de l’action. Cependant, je voyais beaucoup de contradictions entre ce que je pensais en tant qu’anarchiste et ce que faisaient les villages zapatistes, mais je le justifiais en me disant : « ne sois ni carré, ni dogmatique, ni puriste », « ce n’est pas facile de faire un changement de société et c’est aussi très lent », « bien sûr, comme tu viens de la ville et qu’ici, c’est le monde indigène, tu ne comprends pas tout », « n’essaye pas de mettre en pratique le discours anarchiste » , « ce sont leurs décisions ». Bref, et comme l’écrivait, il y a quelques années, un compagnon du Comité de solidarité avec le Mexique à Amsterdam aujourd’hui disparu : « Nous agissons comme le font de nombreux « militants » : nous mettons de côté nos propres sentiments, doutes et critiques dans l’intérêt de « la cause ». Plus tard, nous avons appris que nous avions commis une grosse erreur. C’est l’une des erreurs dont nous avons tiré un enseignement, mais nous en avons sûrement commis d’autres. »[15]
Les contradictions
Les contradictions ressenties, qui se convertiraient ensuite en critiques, et plus tard en une rupture avec l’EZLN peuvent se résumer en deux points : Doubles discours et autoritarisme :
Le premier gros problème avec le zapatisme c’est qu’il a un double discours :
D’une part, un discours destiné à l’extérieur de l’Organisation : la société civile, le peuple du Mexique et du monde, les médias et ses partisans. Ce discours extérieur est rédigé et diffusé par les dirigeants politiques et militaires, sans consultation ni avis du peuple.
D’autre part un discours interne, rédigé également par ce même leadership politique et militaire et qui ne concerne que la structure de l’Organisation : bases d’appui, responsables locaux et régionaux, commandants, miliciens et insurgés.
Il n’y aurait aucun problème à ce que le zapatisme mène ce double discours si cela n’affectait pas ce qui se passe dans sa proposition d’autonomie, dans son organisation et dans ses propositions politiques. Or dans la réalité, ce double discours génère de nombreux problèmes qui relèvent du mensonge. Voyons.
Le discours vers l’extérieur insiste sur le fait que dans les territoires dits zapatistes se pratique une autonomie dans tous les sens, où c’est la base ou le peuple qui décide de tout, de la manière dont on va mettre en œuvre la santé, l’éducation, la justice, les moyens de communication. Tout ce qui précède est réglé au cours des assemblées communautaires, où tout est discuté, réfléchi, permettant d’aboutir à ce qu’elles déterminent leurs propres conclusions et accords.
En outre, le discours externe nous dit que dans ces assemblées, se discute tout ce qui concerne leur gouvernance autonome : qui sont leurs autorités, comment fonctionnent ces autorités, les ressources économiques dont elles disposent, la vigilance et le contrôle de l’honnêteté des autorités dans l’accomplissement de leurs missions, la participation des femmes en tant qu’autorités, la création de commission de travail spécifiques en tant que de besoin, etc. Ces assemblées sont le lieu de création de ce que les zapatistes appellent « gouverner en obéissant » ou « le peuple gouverne et le gouvernement obéit ». Mais c’est aussi dans ces assemblées, nous dit-on, que se décident les initiatives politiques lancées par le zapatisme. Ainsi, la direction politique militaire de l’EZLN soumet ses initiatives politiques à l’examen de ces assemblées, et si sa base dit non, ces initiatives ne se feront pas.
Mais le discours interne, et donc aussi dans la pratique réel, les choses sont à l’opposé du discours externe : dans la réalité, il y a ceux d’en haut et ceux d’en bas.
Dans les faits, il n’existe pas d’assemblées communautaires où la base ou le peuple décide et discute de tout. Ce qui se passe, ce sont des assemblées où l’on lit des écrits ou où l’on donne des ordres ou des instructions de la direction politico-militaire de l’EZLN. Ce sont des assemblées où sont élus les promoteurs de la santé, de l’éducation, des médias, de la production ou d’autres questions, car il s’agit d’un ordre, mais où la manière de travailler sur l’éducation, la santé ou la production n’est pas discutée. Ce sont des assemblées où l’ont choisi des gens pour travailler dans leur gouvernement autonome mais parce que c’est un ordre de l’Organisation (l’Organisation, c’est ainsi qu’on appelle l’EZLN). Ce sont des assemblées où le responsable local de la communauté ou du groupe transmet l’information sur le travail qui doit être fait pour l’Organisation et que le soutien doit être apporté financièrement ou en nature ou avec des personnes car il s’agit d’un ordre. Ce sont des assemblées au cours desquelles, en effet, se résolvent des problèmes locaux (sur les questions d’utilisation de la terre, des bois, de l’eau), où les problèmes basiques de coexistence au sein de la communauté sont discutés. Mais ce sont des assemblées dans lesquelles les initiatives politiques de la direction politico-militaire de l’EZLN ne sont pas du tout discutées (ni les Marches, ni les Rencontres, ni L’Autre Campagne, ni les Consultations, ni les Semilleros, ni l’Escuelita, ni les Voyages pour la vie et le déplacement en Europe). Ces initiatives sont assumées et doivent être faites parce qu’elles sont des ordres et les ordres doivent être exécutés. Mais si vous ne les aimez pas et que vous n’êtes pas d’accord, alors ils vous punissent de différentes manières et si vous continuez à être stupide en demandant la raison de ces initiatives, alors ils vous expulsent de l’EZLN.
Oui, il y a bien des réunions de ce qu’on appelle les « responsables » locaux ou régionaux (représentants de la communauté et/ou de diverses communautés et/ou groupes), oui ils y parlent d’éducation, de santé, de gouvernement autonome, de médias, mais uniquement pour savoir de combien de promoteurs ils disposent, est-ce qu’’ils en ont besoin de plus, comment vont les cliniques et si elles ont besoin d’être réparées ou d’avoir plus de promoteurs ; ou bien ils concluent des accords pour travailler sur leur gouvernement autonome : créer des commissions pour la justice, l’éducation, la santé, les femmes et d’autres questions.
[En résumé, ceux d’en haut sont les dirigeants politico-militaires et les chefs communautaires (Commandants) ; ce sont eux qui ont le dernier mot quel que soit le projet ; ce sont eux qui déterminent si en matière d’éducation, de santé, de justice, de gouvernement, etc. cela va bien ou mal et ce sont eux qui prennent les décisions politiques du zapatisme. Ceux d’en bas, c’est la base et tous les responsables locaux et régionaux qui suivent les ordres qui doivent être exécutés ; qui tiennent des réunions dans leurs villages où seuls les écrits du commandement zapatiste sont lus ; les assemblées ne servent que pour des questions logistiques demandées par l’organisation, ou pour résoudre des problèmes internes de la communauté.]
Cela conduit au deuxième problème de l’EZLN : l’autoritarisme.
Parce que toutes leurs décisions sont prises et imposées d’en haut et qu’en haut, c’est leur direction politique militaire. Dans leur prise de décision et leur imposition, il ne peut y avoir de propositions, de discussion, de dialogue, de réflexion et de débat d’idées avec leurs bases zapatistes. Cet autoritarisme amènera à résumer la pensée, l’action et le fonctionnement de l’EZLN avec les mots clés suivants pour bien comprendre : discipline, hiérarchie, commander, ne pas demander, suivre les ordres, secret, avant-garde et confiance aveugle dans la direction politico-militaire. Parce que dans les décisions qui sont prises en haut lieu, il ne peut y avoir de discussion, de dialogue, de réflexion et de partage d’idées avec leurs bases zapatistes. Les assemblées où l’on discuterait d’une proposition ou d’une décision politique n’existent pas. On n’avance pas en consultant les autres. C’est faux de dire que : « Ici le peuple gouverne et le gouvernement obéit ». Ce qui existe, c’est une autonomie où l’on commande et où l’on obéit.
Pour étayer ce qui précède, je raconte deux exemples que j’ai vécus :
1. Exemple dans l’enseignement autonome dans la Zone Altos :
En 2003, les Juntas de Buen Gobierno (Conseils de Bon Gouvernement) ont été créés dans les territoires zapatistes : en théorie, c’était l’application des Accords de San Andrés Sakam’chen, ils devaient être une avancée en matière d’autonomie et un contrepoids pour équilibrer le développement des municipalités autonomes et des communautés, pour que la voix des villages vienne d’eux-mêmes, et non de l’EZLN, car dans le discours l’EZLN c’est le côté militaire, et ces bases c’est le côté civil.
Dans l’éducation, l’un des principaux domaines de l’autonomie zapatiste, on disait qu’« il fallait procéder (comme) en politique, c’est-à-dire de bas en haut » en construisant une éducation qui vienne des villages, de l’endroit où se prend la parole. Où, comme le dit la coordination de l’éducation de la zone Altos, l’éducation autonome devrait : « Enseigner en apprenant et éduquer en produisant de nouveaux mondes. Nous devons savoir que personne n’éduque personne, et personne ne s’éduque seul, mais que nous nous éduquerons entre tous, c’est-à-dire collectivement »[16]. Et de plus « (…) nous, après avoir consulté les anciens, les communes, les élus, les femmes, les hommes, les jeunes, qui ont donné leur point de vue pour commencer à élaborer ou projeter un guide de travail qui servirait de projet pour les écoles élémentaires autonomes »[17]
Le problème avec ce qui précède est que ce n’était qu’un discours, qui sonne très bien aux oreilles, mais en pratique, qu’est-ce qui a été fait ?
Eh bien, ce qui a été fait, c’est la suppression des rares et coûteuses avancées qui avaient été développées dans certains endroits de la zone Altos de Chiapas, au profit d’une méthode de travail et un plan d’étude pour tous les villages qui a été imposée par la Coordination générale du système d’éducation autonome rebelle zapatiste de Libération Nationale – Zone Altos de Chiapas. Le plan d’étude[18] avait été élaboré par une seule personne (le coordinateur de l’éducation) et en grande partie, c’était une copie des plans d’étude pour l’enseignement primaire du gouvernement mexicain, la différence étant que pour les questions sociales ou environnementales, on introduisait les thèmes zapatistes révolutionnaires ou de lutte.
On n’a pas sollicité les bases zapatistes ni l’ensemble de la structure civile pour avoir leur avis sur ce qu’elles étaient censées construire collectivement. En réalité on ne demande jamais aux villages, aux communautés ou groupes zapatistes : qu’est-ce que notre éducation autonome, en quoi consiste-t-elle, et pourquoi ? On n’a jamais discuté quelles sont les connaissances et les savoirs que comme villages / peuples nous devons transmettre à nos enfants ? Ou comment faire de l’alphabétisation parce que nos enfants parlent principalement le maya ? [Il y avait même des spécialistes en l’éducation qui réfléchissaient déjà depuis un certain temps et même à eux on ne leur a même pas demandé leur avis.]
Le plus important était que l’éducation zapatiste autonome devait être élaborée immédiatement ! Parce que c’étaient les ordres, le plus important à ce moment-là était d’ouvrir des écoles et de désigner des promoteurs dans tous les villages. Ainsi, l’élection et la formation des promoteurs d’éducation étaient bien souvent déficientes : ont été désignés pour encadrer le travail de l’éducation des personnes au seul motif qu’ils étaient des parents avec 5 enfants [et donc devait savoir s’occuper d’enfants], des personnes qui avaient en même temps des responsabilités dans la milice et donc assumaient les deux tâches simultanément, ou encore des jeunes de 15 ans qui n’étaient pas intéressés par le travail avec des enfants ou des jeunes qui sortaient de l’école secondaire rebelle autonome zapatiste « Primero de Enero » à Oventik et qui ne savaient pas comment faire du travail éducatif.
Ce que la Junta de Buen Gobierno et sa Coordination générale du système d’éducation autonome rebelle zapatiste de libération nationale ont réalisé, c’est une unification de l’éducation zapatiste autonome. Le résultat immédiat a été l’imposition et le contrôle des méthodes de l’éducation autonome dans la zone Altos. Comme on disait alors, à la Coordination de l’Education : une seule éducation.
Malheureusement, on en venait à des situations où le Coordinateur général de l’éducation (ou le Commandant avec influence, ou le commandement militaire régional ou général) connaissait quelqu’un qui s’intéressait à l’éducation et dont il aimait le discours. Alors il lui faisait faire une conférence ou animer un atelier avec les promoteurs d’éducation, sans aucun rapport avec ce qui était prévu pour l’éducation autonome.
2. Exemple avec la sixième déclaration de la forêt Lacandone[19]
A la mi-juin (exactement le 19) de l’année 2005, une alerte rouge est déclarée en territoire zapatiste. Le motif de l’alerte (discours vers l’extérieur) était une consultation de l’ensemble de la structure de l’EZLN (troupes insurgées, commandants, responsables locaux et régionaux, et bases de soutien) et cette concertation, selon les termes de l’EZLN, était : « un bilan de l’étape actuelle de notre organisation et une analyse de la situation nationale. De plus, il propose à ses bases d’appui, qui constituent le commandement suprême de notre mouvement, une nouvelle étape dans la lutte, une étape qui implique (…) de risquer de perdre ce qui avait été réalisé (…) », plus tard ils nous ont dit « (…)c’est pour cela que tout le monde est consulté, que tout le monde est interrogé, qu’on demande l’accord de tous (…) Maintenant le collectif que nous sommes va prendre une décision. On pèse le pour et le contre (…) Maintenant, nous allons décider si nous faisons autre chose et nous rendrons le résultat public le moment-venu (…) »[20].
Fin juin, est publiée dans les médias la sixième déclaration de la forêt Lacandone, qui est actuellement toujours en vigueur. Dans sa partie finale, il est écrit :
« nous vous annonçons aujourd’hui, en ce sixième mois de l’année 2005, que les hommes, les femmes, les enfants et les personnes âgées de l’Armée zapatiste de libération nationale avons pris une décision et souscrit à la sixième Déclaration de la forêt Lacandone, et ceux qui savent signer l’ont signée et ceux qui ne savent pas signer ont apposé leur marque, mais ils sont déjà moins nombreux ceux qui ne savent pas parce que l’éducation a déjà avancé ici dans ce territoire en rébellion pour l’humanité et contre le néolibéralisme, c’est-à-dire dans le ciel et la terre zapatistes. »[21]
Encore une fois, le discours est très bien, mais la réalité était différente et c’est le contraire qui s’était produit : je vais raconter brièvement comment l’alerte rouge a été vécue dans le Caracol de Résistance et de Rébellion pour l’Humanité d’Oventik dans la Zone Altos :
On convoque d’urgence une réunion pour tous les zapatistes qui travaillent dans le Caracol (promoteurs de l’éducation, de la santé, artisans, autorités) à l’auditorium « Emiliano Zapata » à Oventik. La réunion était présidée par plusieurs commandants et ils ont expliqué qu’une alerte rouge avait été décrétée parce que l’ordre du commandement était arrivé, disant qu’ils allaient passer à une autre étape de la lutte et qu’ils auraient des questions très importantes à poser[22]. Les questions s’adressaient à tous ceux qui étaient réunis là et il fallait y répondre sur-le-champ. La première question était la suivante :
Voulez-vous continuer le combat ? Et vous deviez répondre « oui » ou « non ». Si vous répondiez « non », vous partiez, vous preniez toutes vos affaires et vous quittiez l’Organisation zapatiste, vous partiez de l’EZLN.
Si votre réponse était affirmative, vous aviez droit à la question suivante :
Êtes-vous d’accord pour que nous luttions avec les travailleurs de la ville et de la campagne, avec d’autres peuples indigènes, des jeunes, des femmes, des personnes âgées, des enfants, etc. ? Encore une fois, vous deviez répondre « oui » ou « non ». Si vous répondiez « non », idem : vous partiez, vous preniez vos affaires et vous quittiez l’organisation.
Si votre réponse était affirmative, vous juriez de ne pas renoncer au combat zapatiste. On prêtait serment et pour finir les commandants demandaient que chacun retourne chez lui dans sa communauté, son village ou son groupe et là, ils seraient informés de la suite.
Quelques semaines plus tard, comme je l’ai déjà dit, la Sixième Déclaration a été publiée dans les médias.
Personne de la base zapatiste n’avait lu cette Déclaration, n’en avait pris connaissance ou n’en avait discuté avant qu’elle ne soit publiée, pour pouvoir donner ou non son accord et la signer. La Sixième Déclaration ne fut connue de la base zapatiste que lors de sa publication.
EN GUISE DE CONCLUSION
Les valeurs auxquelles on croyait en tant qu’anarchiste et qu’on voyait dans le zapatisme : l’autonomie, l’autogouvernement, l’autogestion, l’horizontalité, les assemblées, disparaissaient et se transforment en mensonges. Et ce n’est pas qu’on aurait voulu que l’EZLN soit anarchiste, ni que la construction de l’autonomie soit une réussite et sans aucune erreur. Non, croire cela serait absurde, car toute construction sociale comporte des failles, des erreurs, des malentendus et des chutes. On imaginait qu’ensemble on allait construire un espace de liberté avec la pratique de l’autonomie. C’est malheureusement impossible avec le Zapatisme. L’autorité, la discipline et l’exécution des ordres des supérieurs, c’est cela le plus important.
Il n’y avait pas, et ce n’était pas souhaité non plus, de réelle appropriation par la base des supposées idées zapatistes évoquées dans le discours. Ce que l’on faisait, c’était construire une autonomie autoritaire. Oui, cela semble contradictoire de réunir ces deux mots, mais l’autonomie zapatiste ne peut être comprise que comme ceci : comme une forme de gouvernement autoritaire. Ce n’est plus un gouvernement populaire, ni révolutionnaire, ni socialiste, c’est le « Bon Gouvernement » avec son autonomie majoritairement indigène.
Un « bon gouvernement », bien gérée et bien médiatisée de la part de ses dirigeants, car les zapatistes ont deux formes de gouvernance :
- La gouvernance de la propagande, qui est menée avec beaucoup de difficultés en pratique, avec ses Conseils de bon gouvernement, ses municipalités autonomes, ses promoteurs de la santé et de l’éducation,
- La gouvernance que j’appelle officielle (ou « gouvernance de l’ombre ») avec lequel, en tant qu’organisation politico-militaire, le zapatisme est né, a grandi et s’est développé, en tant qu’organisation (c’est-à-dire en tant que structure politico-militaire, l’EZLN), avec les insurgés, les miliciens, les bases de soutien et les dirigeants locaux et régionaux.
Ces deux formes coexistent et s’entraident pour réaliser leur gouvernement autonome, mais elles entrent en conflit et ceux qui gouvernent c’est la structure politico-militaire. Il ne faut pas se méprendre sur cette dernière affirmation : ce type d’autorité et de « gouvernement de l’ombre » est accepté parce que c’est ce qui leur a servi dans leur lutte, qu’ils en sont satisfaits et que c’est le mode de fonctionnement qu’ils considèrent comme une réussite en tant que Zapatistes.[23].
En voyant cette situation et en l’analysant, comment peut-on continuer avec eux ?, comment justifier tout le discours qui a été tenu sur l’autonomie ?, pourquoi accepter cette forme de gouvernement autoritaire et ses pratiques autoritaires ?, pourquoi accepter le double langage ? Pourquoi ne pas adresser ces critiques aux « camarades » zapatistes ?
Tout simplement parce que cela n’était pas possible. Même une simple insinuation était mal perçue, et déclenchait la méfiance, le refus de donner des informations, et les avertissements que rien ne pouvait être remis en cause, avant les punitions et finalement l’expulsion[24].
En tant qu’anarchiste, je n’ai pas été critique et je n’ai pas eu conscience de ce que je faisais. Nos critiques, si brutales contre la société capitaliste, nous les avons laissées de côté pour ne pas nous faire remarquer devant les camarades et sympathisants zapatistes, pour ne pas apparaître comme dogmatiques, sectaires et puristes.
En tant qu’anarchiste, j’ai toléré des actions néfastes : l’autoritarisme, la tromperie, le mensonge et le double langage. En tant qu’anarchiste, je n’ai pas donné mon opinion et je suis resté silencieux face à ces actes négatifs du zapatisme parce que je pensais, que « le mouvement ne devait pas être affecté », parce que « ce n’était pas le moment », parce que « nous aurions été des traîtres, des vendus et des infiltrés du gouvernement », « parce que ça va changer et ça ne fait que commencer » ou parce que « comme nous sommes des métis blancs, nous voulons imposer notre pensée colonialiste ».
28 ans ont passé depuis notre rapprochement du zapatisme et notre implication, il y a 28 ans j’ai cru qu’une fenêtre s’était ouverte pour une révolution, mais le résultat c’est que je n’ai fait que m’enchaîner, content de moi, à l’autoritarisme typique qui pullule dans les organisations de gauche ou démocrates mexicaines.
La prétendue révolution s’est résumée au spectacle des mots qu’elle nous a offert: cagoules et bandanas, beaux doubles discours, réunions de toutes sortes du zapatisme avec ses sympathisants, alertes rouges, bons gouvernements communautaires, autonomies communales mayas, jeu de la clandestinité armée et jolis slogans rebelles.
Après 28 ans, je peux dire que l’anarchisme n’a rien à voir avec l’EZLN. La seule chose que veut le zapatisme c’est de coopter pour son organisation des militants[25], des gens qui acceptent sans broncher son discours et sa pratique autoritaires. Et si nous assumons vraiment notre idéologie anarchiste, nous devons rejeter ce type d’idées et de pratiques.
Je continue à croire qu’une révolution peut et doit être faite. Je continuerai à le dire et à le répéter, car l’être humain doit être libre. Parce que ce que j’ai vécu dans les villages, dans les communautés et dans les « rancherías »[26], c’est que quand on parle, quand on pose des questions, quand on discute et quand on croit en certaines idées, on peut tout faire, sans avoir besoin de ressources financières ou de dirigeants illuminés ou messianiques, c’est cela qui peut simplement déclencher une révolution.
Parce que je continuerai toujours à croire que nous n’avons pas besoin d’obéir ni de commander, et donc nous n’avons pas besoin de bons gouvernements, ni de conseils gouvernementaux, ni de commandants, ni d’assemblées manipulées, ni de quoi que ce soit de ce genre. Parce que ce dont nous avons besoin, c’est de nous libérer entre tous et de tout, avec la pensée, la parole, l’action et l’organisation honnête et sincère.
Mexico 2018-2022.
Javier Herrera
Version remaniée en 2022 par l’auteur de sa communication présentée au Second Congrès International des Chercheurs sur l’Anarchisme(s). Montevideo, Uruguay. 2019.
EPILOGUE 2022
Cette histoire s’arrête à l’année 2006. Au cours des 16 années qui se sont écoulées, la situation dans l’État du Chiapas est celle d’une décomposition sociale, avec un grand nombre d’indigènes migrant vers les grands centres de « travail » du Mexique et des États-Unis, avec beaucoup de trafic et de consommation d’armes et de drogues, et une grande ruée de sa population pour quitter la campagne parce qu’il n’y a pas d’options de travail dans cette région.
En territoire rebelle zapatiste, les choses n’ont guère changé : autoritarisme, double discours et même une agence de voyage.
Récemment, d’autres documents écrits et oraux ont été publiés pour dénoncer les gros mensonges de l’EZLN : Vous pouvez consulter la brochure « ZAPATOS BOLCHEVIQUES. Rejet anarchiquede l’EZLN » du Núcleo Euforbia Lomelí (NEL) qui se trouve sur la page web suivante : https://we.riseup.net/euforbia ; Ainsi que les déclarations de l’un des fondateurs de l’EZLN, le commandant Germán : https://soundcloud.com/foto-pdpagina/comandante-german
Espérons que ces informations serviront de base à la réflexion.
[1] Le « réseau Amour et Rage » a été fondé en 1989 par des groupes anarchistes des États-Unis et du Canada.
[2] voir les écrits de Wayne Price : « une histoire du groupe anarchiste nord-américain Love and Rage » sur http://www.anarkismo.net/newswire.php?story_id=5465
[3] Commandement général de l’EZLN. Déclaration de la Selva Lacandona. Chiapas. Mexique. 1993. http://cspcl.ouvaton.org/spip.php?article14
[4] Réseau Amour et rage, « Déclaration politique d’amour et de rage« . Amor y rabia une publication mensuelle anarchiste révolutionnaire, Numéro 0. Janvier 1993. Mexico, p. 8. https://archive.org/details/amor-yrabia-ano-0-numero-0-enero-1993
[5] [Note des Traducteurs] Le Frère (Fray) Bartolomé de las Casas, né en 14841 à Séville et mort le 17 juillet 1566 à Madrid, est un homme d’Église espagnol, membre de l’ordre dominicain, missionnaire, écrivain et historien, particulièrement connu pour sa dénonciation des pratiques des colonisateurs espagnols en Amérique et pour sa défense des droits des autochtones, points de vue qu’il a soutenus lors de la controverse de Valladolid face à Juan Ginés de Sepúlveda. Si le Frère de las Casas est souvent présenté comme l’un des premiers défenseurs des droits de l’Homme, il ne faut pas oublier que la thèse principale de Las Casas était que les Espagnols ont besoin de la main d’œuvre indienne pour s’enrichir et qu’ils devaient donc en prendre soin afin qu’ils travaillent et soient le plus productifs possibles
[6] Santa Rosa el Copán était le siège municipal rebelle de la municipalité « Libertad de los Pueblos Mayas », voir : CCRI-CG-EZLN. Communiqué de guerre et création de huit municipalités. 11 décembre 1994.
[7] Le réseau Love and rage des États-Unis a poursuivi le projet, mais uniquement pour des problèmes matériels de la communauté, voir : « Anarchist Project in Chiapas » dans Love & Rage, Volume 8. Numéro 5, nov./déc. 1997. États-Unis, p.9.
[8] L’histoire d’Amor y Rabia México et de son projet dans la zone zapatiste mériterait un long développement car beaucoup de gens ignorent, voire méconnaissent, ce qui a été fait et le réduisent aux caprices personnels d’anciens compagnons anarchistes.
[9] Omar Cortes. Respuesta. En Reflexión Libertaria, Núm. 4. México. Octubre 1992.
[10] [Note des traducteurs] pueblos indigenas peut se traduire à la fois par « les peuples indigènes » et par « les villages indigènes », ce qui dans le contexte du Chiapas peut recouvrir les deux significations. Ainsi, dans le double langage propre aux zapatistes, cela permet à chacun d’entendre ce qu’il veut comprendre …
[11] Commandant David. Notes personnelles. Chiapas, Mexique. 2006.
[12] Cette décision de continuer à participer au zapatisme a également été prise par plusieurs compagnons anarchistes qui avaient séjourné dans le campement de solidarité directe
« Martyrs de Chicago » d’Amor y Rabia, et chacun l’a fait à sa manière.
[13] Comme leur nom l’indique, ce sont des communautés situées au sud de la municipalité de San Cristóbal de las Casas, mais qui comprennent également les municipalités du Chiapas d’Amatenango del Valle, Teopisca, Tzimol et Venustiano Carranza. Ce sont des communautés zapatistes de longue date, non officiellement déclarées, et qui pourraient bien former une ou deux municipalités autonomes.
[14] [Note des traducteurs] Mis en place à partir de 2003, les Caracoles («escargot, coquillage» en espagnol, s’inspirant de la symbolique imaginaire maya) est une entité correspondant au regroupement de municipalités autonomes. Chaque Caracol est administré par un conseil de bon gouvernement, instances de coordination des communes autonomes dans chaque zone, dont les installations sont situées dans les caracoles, près d’autres installations administratives autonomes, des bureaux des coopératives de production, des cliniques et des écoles. Théoriquement ce sont ces conseils qui dirigent et administrent les territoires zapatistes et non plus l’EZLN, l’Armée de libération
[15] Géronimo/Jeroen. « La solidarité comme automatisme aveugle. Évaluation du Comité de solidarité avec le Mexique à Amsterdam ». Revue Ekintza Zuzena. Pays Basque. Numéro 26. https://www.nodo50.org/ekintza/spip.php?article228 cf. ci-après dans cette brochure.
[16] Notes personnelles. Chiapas, Mexique. 2005.
[17] Entretien avec Amos, réalisé par Eduardo Luis Nachman lors de son séjour à Oventic, Territoire autonome zapatiste de l’État du Chiapas. 2004 sur : http://comunidadabiertadeaprendizaje.blogspot.com/2008/09/entrevista-amos-interprété-par-eduardo.html
[18] Dans le double discours zapatiste, le plan d’étude s’appelle guide de travail.
[19] [Note des Traducteurs] Sur la Sixième Déclaration de la forêt Lacandone, cf. le texte « La « sexta » de l’EZLN et l’anarchisme [2005] » https://cnt-ait.info/2005/08/13/la-sexta
[20] S.I. Marcos. A la société civile. 21 juin 2005. Mexique.
[21] E.Z.L.N. Sixième Déclaration de la forêt Lacandone. Juin 2005. Mexique. https://cspcl.ouvaton.org/spip.php?article204
[22] Ce type de question est ce que dans le double discours zapatiste on appelle consultation ou vote des peuples. Autre exemple, lorsqu’on a demandé aux villages s’ils voulaient déclarer la guerre au gouvernement mexicain, Adela Cedillo les décrit comme des
« questions rhétoriques ». Sur la genèse de ce mode d’organisation en double standard, on peut consulter « Les Forces de libération nationale et l’émergence de l’EZLN » sur https://mx.ivoox.com/es/Fuerzas-liberacion-nacional-surgimiento-audios-mp3_rf_39513883_1.html
[23] Pour mieux comprendre, on peut consulter la thèse suivante : Cedillo. « Le soupir du silence. De la reconstruction des Forces de libération nationale à la fondation de l’Armée zapatiste de libération nationale (1974-1983) ». Mexico. 2010.
[24] Si les commandants estimaient que l’expulsion de l’organisation était méritée pour une personne, ils l’effaçaient complètement et elle n’existait plus nulle part, ni sur le territoire zapatiste ni ailleurs.
[25] Dans le double discours zapatiste, elles sont appelées « initiatives des zapatistes ». Cette cooptation de personnes s’effectue dans les comités civils de dialogue, dans les coordinations, dans l’autre campagne et récemment avec le Conseil Indigène de Gouvernement.
[26] [Note des traducteurs] rancherías : petit village rural
Extrait de la brochure : « DE LA RÉVOLTE A L’AUTONOMIE AUTORITAIRE :Quand nous avons cru en la révolution zapatiste »
Co-édition CNT-AIT France / UAS (Unión Anarco-Sindicalista) du Mexique
Table des matières
https://cnt-ait.info/2024/11/11/bro-autonomie-autoritaire
De la révolte à l’autonomie autoritaire : quand nous avons cru en la révolution zapatiste
https://cnt-ait.info/2024/11/11/autonomie-autoritaire
La solidarité comme automatisme aveugle
https://cnt-ait.info/2024/11/11/solidarite-aveugle
Rencontre avec les Zapatistes A l’occasion du Voyage pour la vie de 2021 : drôle de ressenti …
https://cnt-ait.info/2024/11/11/rencontre-zapatistes
Autres brochures sur le même thème :
L’irradiation pornographique du néo-zapatisme, voix critiques anarchistes de la région mexicaine contre le spectacle de l’EZLN : https://cnt-ait.info/2023/11/18/brochure-ezln
Au-delà des passe-montagnes du Sud-Est mexicain https://cnt-ait.info/2021/05/09/passe-montagnes
Toutes les brochures sont disponibles au format papier sur demande à CNT-AIT, 7 rue St Rémésy, 31000 TOULOUSE. Pour les recevoir, écrire à CNT-AIT, 7 rue St Rémésy 31000 TOULOUSE. Participation aux frais d’impression et d’envoi (au moins 5 euros par brochure) appréciée.
4 commentaires sur DE LA RÉVOLTE A L’AUTONOMIE AUTORITAIRE :Quand nous avons cru en la révolution zapatiste