Le concept de « peuple » n’est pas une réalité. C’est un mythe politique pratique, un mythe qui a une fonction.

texte original en arabe : https://cnt-ait.info/2025/05/05/peuple-ar

L’idée de « peuple » n’est pas une entité fixe ou une essence homogène, mais plutôt une construction imaginaire qui apparaît chaque fois que le pouvoir, la révolution, la nation ou la justice sont invoqués. En surface, cela suggère la simplicité : un groupe unifié avec une volonté, une voix et un intérêt. Mais au fond, il s’agit d’un nœud de contradictions, d’un ensemble de voix dissonantes et d’une combinaison décentralisée de forces, qui ne peuvent être réduites à un seul mot.

« Le peuple » n’est pas un arbre avec une seule racine (origine, identité, histoire), mais un réseau de racines qui poussent horizontalement, se connectent, se séparent, se retournent et s’entrelacent sans centre, sans début, sans fin. Il n’existe pas de moment précis où l’on puisse dire : « C’est ici que le peuple commence » ou « C’est ici que le peuple parle ».

Dans le discours politique, le terme « peuple » est utilisé comme une façade rhétorique pour dissimuler les conflits de classe, les inégalités et la violence symbolique. Les « personnes » différentes, conflictuelles et marginalisées se transforment en une seule entité imaginaire, servant certains objectifs :

  • L’État parle au nom du peuple pour justifier la répression.
  • L’opposition parle au nom du peuple pour justifier la révolution.
  • La droite et la gauche se disputent la question : « Qui est le vrai peuple ? »

Mais qui est vraiment « le peuple » ? S’agit il de celui qui a faim, qui vit à la marge ? Est-il un bourgeois déguisé en homme populaire ? Est-il un travailleur, un réfugié, un prisonnier, un étudiant, un intellectuel ? Ou bien tous ces individus appartiennent-ils à des classes et des tendances qui se chevauchent et qui ne peuvent être combinées dans un seul contenant sans nier leurs caractéristiques et leurs conflits ?

Cette analyse ne cherche pas « l’essence du peuple », mais demande plutôt : comment ce concept est-il créé ? Qui le formule ? Qui l’utilise ? Contre qui ? Dans quel but ?

Il s’agit d’une analyse qui rejette l’accent mis sur « l’identité nationale » ou « l’intérêt général » et qui se concentre plutôt sur la déconstruction de la relation entre le pouvoir, la langue et l’imagination politique.

Le résultat ?

« Le peuple » n’est pas réel. C’est un mythe politique pratique, un mythe qui a une fonction. Sa fonction peut être d’unifier, de mobiliser ou de justifier.

Mais il s’agit, en substance, d’un dispositif discursif qui produit du pouvoir autant qu’il prétend représenter ceux qui n’en ont pas.

N.C. (Tunisie)

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