Dans un numéro précédent de noutre journal « Anarchosyndicalisme ! », nous avions évoqué la situation d’un compagnon de la CNT-AIT en Espagne, confronté au harcèlement de son patron. Andrès, c’est le nom du compagnon, travaille pour FOLDECO, entreprise de la région de Madrid, sous-traitante du secteur de l’ameublement et qui fabrique notamment des tiroirs.
FOLDECO applique les méthodes patronales de tous les sous-traitants du monde entier : cadences intenables, journées de travail de 12 heures et heures sup non payées, non enregistrement des heures de travail pour ne pas faire apparaitre les heures sup, non-respect des droits de repos et de vacances des salariés, non respect des règles de sécurité (notamment sur l’utilisation des produits chimiques dangereux), … Il en résulte une situation de stress et de harcèlement des travailleurs. Mais la plupart se taisent et baissent la tête, par peur de perdre leur emploi. D’autant plus que le patron de cette entreprise est connu pour ne rien respecter, ni les salariés ni leurs droits : il a été condamné pour fraude à la sécurité sociale et interdit de gestion d’entreprise. Il continue pourtant de gérer de fait l’entreprise, même si aujourd’hui c’est un autre membre de sa famille qui fait office d’homme de paille, montrant ainsi son mépris de la justice la plus élémentaire.
Mais Andrès a décidé de ne plus se laisser faire et de dire Basta ! Il a osé dénoncer tout haut la situation et demander que le minimum basique des droits des travailleurs soit respecté par l’employeur. Alors le patron a décidé de le casser psychologiquement pour le pousser à la démission ou à la faute. Andrès s’est alors tourné vers la CNT-AIT espagnole pour ne pas rester seul et avoir un soutien face à la pression du patron.
Les compagnons de la CNT-AIT espagnole ont alors fait appel au réseau international de l’AIT (Association Internationale des Travailleurs), demandant d’organiser des actions d’information auprès des salariés des boîtes donneuses d’ordre à Foldeco, pour appeler à leur solidarité. Ainsi par exemple, des piquets d’information ont été réalisés devant des magasins IKEA, un des gros clients de FOLDECO, par les compagnons de la section anglaise de l’AIT. Les compagnons espagnols ayant compris, notamment par une information publiée sur le site internet public de FOLDECO, que cette dernière avait un client en France, l’entreprise GAUTIER à Chantonnay, ils ont demandé à la CNT-AIT française si nous pouvions y organiser un point d’information en direction des travailleurs. Nous nous sommes alors adressés aux compagnes et compagnons du Groupe Henri Laborit de la Fédération Anarchiste de la Roche sur Yon, qui nous ont accueilli notre demande de solidarité avec sympathie.
Le 9 février dernier, une joyeuse compagnie de militants de la CNT-AIT et du groupe Henri Laborit a donc distribué des tracts d’information aux salariés et ouvriers de l’usine Gautier pour les informer et appeler à leur solidarité. Nos tracts ont été accueillis plus avec curiosité et sympathie, en tout cas sans rejet, si ce n’est un excité (un cadre vu la taille de sa grosse bagnole type SUV ) qui a fait crissé ses pneus en passant à notre hauteur. La direction non plus n’a pas semblé apprécier ce qui n’était pourtant qu’un simple point d’information. Le Directeur du site s’est déplacé en personne pour venir nous dire que Gautier ne travaillait absolument par avec FOLDECO. Bien sûr nous n’en croyons pas un mot … Il nous a promis de nous envoyer une confirmation par écrit. Pour le moment nous n’avons rien reçu, mais le cas échéant nous ne manquerions pas de publier son courrier… Par contre ce qu’il nous a envoyé sans tarder, ce fut la gendarmerie … Dans un abus d’autorité manifeste, les gendarmes ont contrôlé l’identité des compagnes et compagnons présents, comme si nous étions des malfaiteurs ou des terroristes, alors que nous ne faisions qu’exprimer notre droit le plus élémentaire d’expression …
Le soir, les compagnes et compagnons du Groupe Henri Laborit avaient organisé un débat public à la Bourse du Travail de la Roche sur Yon. Après la projection d’un film sur Pelloutier et l’Histoire des bourses du travail, nous avons pu échanger avec une trentaine de participantes et participants. Le débat, contradictoire et parfois animé, a permis de confronter plusieurs visions du syndicalisme, institutionnel et intégré ou au contraire autonome et anarchosyndicaliste.
Un grand merci aux compagnons du groupe Henri Laborit de la FA pour leur solidarité et la chaleur de leur accueil. La lutte continue
Des Compagnons de la CNT-AIT France