DE LA PRIVATISATION DE LA SANTÉ PUBLIQUE : le cas espagnol …

(Le cauchemar espagnol … demain en France ?)

Jamais auparavant il n’y avait eu autant de conscience en Espagne de la valeur de la santé publique et des graves lacunes dont elle souffre que pendant cette crise du Covid-19.

En Espagne, c’est en 1997 que la porte a été ouverte à la privatisation de la santé publique, avec l’adoption de la loi sur la mise en place de nouvelles formes de gestion du système national de santé. Cette loi établit que tout centre de santé et partenaire de santé dans l’État espagnol peut être géré par n’importe quel type d’entreprise privée.

Jusque-là, la loi générale sur la santé de 1986 empêchait ce type de participation des entreprises privées au système public de santé … mais dans son article 90, la loi indique que lorsque le système public n’arrive pas à fournir suffisamment de service, une activité spécifique peut être organisée avec des hôpitaux privés, en tant que mesure « in extremis ».

Mais sous prétexte de moderniser les soins de santé et d’être plus efficace (et de faire des économies budgétaires pour l’Etat), la gestion privée de la santé publique a été introduite. Il en a résulté une réduction des lits et du personnel de santé, ce qui a entraîné une augmentation des listes d’attente en santé publique et une augmentation de la souscription de polices d’assurance santé privées.

Les listes d’attente ont servi à augmenter les dépenses de santé, en concertation avec les cliniques privées, qui ont profité de l’article 90 de la Loi du système de santé. Le secteur privé a établi des listes de pathologie rentables, indiquant les actes, les analyses et les opérations qu’il accepte de réaliser et laissant au public les autres, non rentables. Et pour ces actes rentables, le privé collecte l’argent destiné à la santé publique.

D’autre part, pour éviter les listes d’attentes, les personnes qui peuvent se le permettre décident de souscrire une assurance santé privée et avoir ainsi accès au système privé. Ce faisant, ils payent doubles cotisations, celle de la Sécurité sociale et celle de l’assureur privé. Pour ceux qui n’ont pas les moyens, nombreux sont ceux qui auraient eu besoin de certains services de santé, mais qui ont ressentis dans leurs chairs les effets des coupes budgétaires. Cet abandon de la santé publique est évident aujourd’hui plus que jamais.

Mais alors que nous avons constaté que, alors que la santé publique connaissait un scénario de manque total de ressources, pendant le Covid la santé privée orientait les patients Covid vers les hôpitaux publics et / ou fermait ses propres centres. Nous avons constaté que, alors que les agents de santé publique travaillaient sans fin, les agents de santé privés étaient renvoyés chez eux par l’intermédiaire des plans sociaux (ERTE).

Or du fait du manque d’équipement de protection individuelle, les patients n’étaient pas pris en charge dans les centres de santé ; les patients n’ont pas non plus été admis dans les d’hôpitaux, mais ont été contraints de rester à la maison ou dans des EHPAD en raison du manque de lits dans les hôpitaux publics. Nous avons été témoins de l’horreur de la façon dont les gens sont morts à la maison et dans des résidences pour personnes âgées sans être soignés, alors que dans des hôpitaux privés financés par des fonds publics, des unités hospitalières ou des centres de soins entiers étaient fermés. Nous avons été témoins de la participation des militaires à un problème de santé depuis le début … Nous avons assisté à l’effondrement du système de santé publique …

Nous ne pouvons pas permettre cela. La seule façon d’arrêter le démantèlement de la santé publique est de sauver ce qui a été privatisé pour avoir un système de santé publique autogéré et universel.

CNT-AIT de Barcelone

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