samedi 14 septembre 2002
« Nous ne sommes pas en présence d’antisémitisme, mais face à des actes de voyous qui traduisent à leur manière ce qu’ils ressentent du Proche-Orient. Rien à voir avec un mouvement organisé à des fins politiques précises : ôter aux juifs leur liberté ou leur vie ». Ainsi s’exprimait, Théo Klein ex-président du CRIF (Comité représentatif des institutions juives de France – Libé du 03/03/2002), à propos des dégradations commises ces derniers jours contre des synagogues et des bâtiments appartenant à des institutions juives de France. Et il ajoutait « … il est de notre devoir d’aller plus loin dans l’analyse ». Monsieur Klein a bien du courage d’affirmer cela, dans un tel climat de propagande pro-israélienne où toute critique de l’état d’Israël est immédiatement taxée de déclaration antisémite. Sur la page même où s’exprimait Théo Klein, Libé titrait en gras « Antisémitisme : la France agressée ».
Pourtant, et nous l’avons rappelé dans les précédents numéros du Combat Syndicaliste de Midi-Pyrénées, la dénonciation du sionisme (c’est-à-dire le rejet de la politique raciste et d’apartheid de l’état israélien) n’a rien à voir avec l’antisémitisme. Mais prenant au mot Monsieur Klein, nous lui proposerions, pour poursuivre l’analyse, une piste de réflexion. Pourquoi ces « voyous », « non antisémites » « confondent-ils » des synagogues avec des lieux pro-sionistes ? Pourquoi tant d’hommes politiques, tant de journalistes, tant d’intellectuels de « gôche » confondent-ils (ou font-ils semblant de confondre) ces actes de « voyous » avec de l’antisémitisme ? Nous croyons hélas que les émissaires pro-sionistes de l’état israélien font tout ce qui est en leur pouvoir pour mélanger le fait d’être d’origine juive et celui d’être partisan de la politique de l’état d’Israël. Ce qui, au vu de leur conception de l’état, paraît de leur part fort logique. On sait tous qu’en Israël, les opposants au sionisme sont muselés, marginalisés, menacés et que leur pouvoir d’expression est réduit à une peau de chagrin. Mais en France, loin des foudres de Sharon et des extrémistes religieux, pourquoi tant de silence, pourquoi une telle complicité des médias avec les sionistes ? En rendant indissociables les mots Juif et Israël, les sionistes ont pris en otage tous les juifs du monde. Connaissant le passé antisémite de l’Europe, un tel jeu paraît d’un cynisme effroyable. Pire, c’est un appel à la haine. Nous croyons sincèrement que tant que les institutions juives, religieuses ou autres, ne se démarqueront pas de la politique coloniale de l’état israélien, il y aura des gens pour assimiler « synagogue » et « Israël de Sharon et de Péres ».
Nous proposerons à Monsieur Klein une seconde piste de réflexion. Bon nombre de journaux écrits ou parlés, évitant soigneusement l’hypothèse de manoeuvres des services secrets israéliens, ont joué à faire le lien entre ces actes antisionistes et les jeunes beurs de banlieue.( « Ces auteurs… pro-bablement issus des banlieues comme le laisse à penser l’utilisation de voiture bélier à Lyon » – France inter). On voit très vite apparaître le cliché « Les Arabes musulmans contre les Juifs ». Les sionistes, faiseurs de haine, en seraient ravis. La solution à ce poison de société que sont le racisme (sionisme et antisémitisme inclus), le nationalisme et la religion passe par la lutte pour l’internationalisme et contre le pouvoir des états et des églises.
S’il faut aller plus loin dans l’analyse comme le suggère Monsieur Klein, il convient d’abord de s’interroger sur les causes des inégalités sociales, sur la pratique de la démocratie, sur l’utilité des frontières, et sur le rôle des médias et des intellectuels.
Samuel et Farida.