Association de malfaiteurs [Répression post Mai 1968]

Le Combat Syndicaliste CNT-AIT, 1er aout 1968, numéro 516

Alain Krivine a été écroué sous l’inculpation de « reconstitution de groupement dissous ». C’est cependant par pur arbitraire que la Jeunesse Communiste Révolutionnaire avait été interdite, puisqu’il est évident qu’elle ne tombe pas sous le coup de la loi qui a été évoquée et qui vise la formation de milices armées.

A Bordeaux quatorze personnes ont également été écrouées sous les inculpations suivantes : « association de malfaiteurs », « tentatives de des­truction d’édifices par l’effet de substance explosive », etc. La seconde inculpation peut faire encourir aux auteurs la peine de mort.

La campagne d’intimidation menée par le gouvernement gaulliste continue, Mais .elle ne fait, que renforcer, dans leur détermination de lutter pour le socialisme, les militants révolutionnaires.

« Reconstitution de groupement dissous » … La volonté des travailleurs, s’exprimant par une grève générale formidable, brisée peu à peu par la ruse et la force avec la complicité des syndicats réformistes, n’avait-elle pas dissous de fait le groupement que constitue le gouvernement bourgeois et néo-fasciste de de Gaulle ?

Ce gouvernement s’est reconstitué en usant du subterfuge des élections et à la faveur du climat de peur qu’il avait intentionnellement créé chez les électeurs. Les travailleurs et les étudiants révolutionnaires continueront la lutte, par l’action directe, pour l’avènement du socialisme libertaire.

« Association de malfaiteurs » … Politiciens professionnels, capitalistes avides de profits, exploiteurs de tout poil ne constituent-ils pas eux-mêmes une association de malfaiteurs permanente, dissimulée et justifiée par la légalité bourgeoise qui vit sur le dos de travailleurs, qui, chaque jour volent le produit de leur travail et accumulent les bénéfices. Les travailleurs et les étudiants révolutionnaires se préparent à mettre en accusation, aux yeux de la population entière, cette association de malfaiteurs.

Les capitalistes, par le biais du gouvernement réactionnaire qu’ils soutiennent, possèdent la force armée, les moyens d’information, les différentes façons d’accommoder à leur goût la loi bourgeoise. Mais, aux travailleurs, il reste la rue avec ses pavés, il reste les usines dont on ne pourra empêcher l’occupation. En définitive, ce sont les travailleurs qui sont les plus forts.

Pour dénoncer la répression, pour appeler au combat, nous descendrons à nouveau dans la rue. Les travailleurs se rassembleront à nouveau derrière les drapeaux noirs et les drapeaux rouges de la révolution. Mai 1968 .n’était qu’un début. C’est ce dont le gouvernement ne semble pas vouloir se rendre compte. En intensifiant la répression en période de, calme il prépare lui-même l’explosion révolutionnaire de la rentrée. Car nous ne laisserons pas frapper sans réagir violemment nos camarades révolutionnaires qu’ils soient anarchistes, trotskystes, maoïstes, guévaristes ou autres. Face à la répression gouvernementale, face à une politique réactionnaire et néo-fasciste, nous formerons à nouveau le front uni des révolutionnaires derrière les drapeaux noirs et rouges.

Plus le gouvernement réprime, plus il emprisonne, plus il interdit, et plus l’explosion révolutionnaire de la rentrée sera puissante. La politique de répression menée par le gouvernement prouve que la « participation » qu’il met en avant n’est qu’une imposture et que le seul « dialogue » qu’il connaisse est celui des matraques et des grenades lacrymogènes.

Le gouvernement, l’Etat, seront tenus pour responsables de toutes les violences car la violence ne peut engendrer que la violence et les révolutionnaires ne reculent pas devant l’organisation de leur autodéfense.

Depuis mai 1968, l’État a révélé son véritable caractère et sa véritable fonction, dissimulées derrière la notion d’intérêt général. Son caractère est un caractère de classe il est l’émanation de la classe dirigeante des capitalistes. Sa fonction est une fonction de classe au service du profit, au service des privilégiés et chargé de défendre les intérêts de ceux-ci, ses propres intérêts. Placé au sommet de la pyramide sociale il coiffe l’édifice et maintien les hiérarchies et les inégalités aidé en cela par les organisations syndicales réformistes et les partis politiques,

L’Etat n’est, rien d’autre qu’une association de malfaiteurs. C’est pourquoi il dénonce avec vigueur les révolutionnaires anarchistes qui préconisent un ordre social sans Etat, dans lequel le pouvoir est exercé par tous à travers un système de délégation construit de bas en haut, dans lequel les travailleurs demeurent, à chaque instant, maitres et responsables de leur propre sort.

A travers les événements de Mai, les étudiants et travailleurs révolutionnaires ont remis en cause le pouvoir d’État et ont remis à l’ordre du jour la question de l’exercice du pouvoir à la base. Chacun doit participer effectivement à la vie sociale et économique du pays_ Cela ne peut se faire que si le système capitaliste lui-même est supprimé

Continuons la lutte pour le socialisme anarchiste !

Laisser un commentaire