Myanmar : Convergence des travailleurs du WSLB : la force de la solidarité dans des temps difficiles

https://iwa-yas.org/wslbs-workers-convergence-strength-in-solidarity-during-adverse-times

12 janvier 2024

La Ligue de solidarité des travailleurs de Birmanie (WSLB, Worker Solidarity League of Burma) a été organisée en 2000 en tant qu’association semi-clandestine pour lutter pour les droits des travailleurs dans le pays industrialisé émergent. Du groupe initial des fondateurs, seul M. Ye Naing Win a survécu jusqu’à aujourd’hui. Le CCTU (Comité de coopération des syndicats) a été organisé par 45 syndicats de base en 2012, dans le but d’organiser les syndicats et de les rassembler en coalitions fortes. Le WSLB/CCTU s’est engagé au quotidien dans la protection et la promotion des droits du travail, dans le développement des capacités des syndicats, dans l’organisation et la mise en réseau avec davantage de syndicats, et s’est efforcé de construire de véritables et fortes fédérations du travail aux niveaux des cantons, des régions et du pays. .

Après le coup d’État militaire de 2021, le CCTU a été interdit par le gouvernement militaire du SAC (State, Administration Council, Conseil d’Administration de l’Etat) et a été confronté à de nombreuses difficultés, comme n’importe quel autre syndicat ou union de travailleurs. Parmi tous les syndicats et fédérations professionnelles, le WSLB a, au cours de son histoire de plus de 20 ans, maintenu la réputation de servir uniquement les intérêts de la classe ouvrière, dépourvus de tout élément partisan. Dans ces circonstances de coup d’État et de guerre civile, les syndicats de travailleurs se sont divisés en deux groupes par rapport à leur politique vis-à-vis du pouvoir : les groupes de tendance du NUG (National Unity Governement, Gouvernement d’unité nationale, opposition) et les groupes de tendance du SAC (Conseil administratif d’État, Junte Militaire). Le WSLB s’efforce de défendre fermement les intérêts de classe dans la guerre entre les intérêts politiques du parti étatiste. Elle a été fédérée avec l’Initiative AIT de Yangon dans le but de construire une solidarité transfrontalière et un véritable internationalisme ouvrier avec les autres sections de l’AIT (Association Internationale des Travailleurs).

Désormais, sous le nom de WSLB, la ligue organise une Convergence ouvrière avec certains syndicats des zones industrielles. L’objectif de cette convergence est de renouer les liens entre les syndicats, d’introduire l’anarchosyndicalisme, de partager et de discuter des problèmes de chaque division du travail et de chaque secteur, de trouver des moyens de coopérer et enfin de construire une solidarité au sein de la classe ouvrière.

Le point culminant des discussions en convergence serait la récente victoire de la grève concernant l’augmentation du salaire minimum. Le salaire minimum a été révisé de 4 800 MMK à 5 800 MMK (1,6 USD) par jour grâce à une allocation de 1 000 MMK au 1er octobre 2023.

Les jeunes travailleurs tentent d’émigrer à l’étranger en raison de salaires insuffisants. L’inflation et la hausse des prix des matières premières ont contraint les travailleurs à lutter contre leur gêne. De plus, dans les moments de troubles les plus chaotiques, non seulement les travailleurs sont confrontés à la guerre qui vit s’afftonter deux clans de la classe dirigeante, mais elle est même exploités sur ses lieux de travail par la classe bourgeoise de toutes les manières possibles car il n’y a pas d’informations, de médias, de syndicats ou d’organisation de la société civile qui surveille la situation.

Du côté positif, nous pensons que l’entraide et la solidarité seront le moyen de survivre dans cette tourmente et que les masses travailleuses apprendront leur véritable force et leur mérite intérieur. Ils s’inspireront les uns des autres ; ils apprendront les uns des autres par eux-mêmes ; ils se protégeront mutuellement ; ils partageront entre eux la victoire douce-amère qui est leur intérêt de classe par la solidarité. Cela a donc été une bonne occasion de prôner les concepts d’action directe, d’entraide et de solidarité.



Cet article est issu de la seconde édition de la brochure « La révolution du printemps au Myanmar :Une révolution oubliée en cours  » (seconde édition, 2024)

http://cnt-ait.info/2023/05/04/revolution-printemps-bro

Cette brochure a été publiée pour le 1er Mai 2023 par la CNt-AIT France, en solidarité avec l’Initiative AIT de Yangon, première organisation anarchosyndicaliste crée en Birmanie début 2023. L’objectif de cette brochure est de mieux faire connaitre l’histoire sociale récente de ce pays d’Asie du Sud est et de faire le point sur le développement de la révolution en cours depuis mars 2021.

La brochure peut être téléchargée en ligne : http://cnt-ait.info/wp-content/uploads/2024/06/BRO_2023-BIRMANIE-1.pdf

Elle peut aussi être commandée au format papier en écrivant à contact@cnt-ait.info ou par courrier : CNT-AIT 7, rue St Rémésy 31000 TOULOUSE. Le prix est libre, cependant un don minimum de 8 euros est apprécié, pour couvrir les frais d’impression et d’envoi. L’argent surnuméraire récolté servira a alimenter la caisse de solidarité avec les anarchistes d’Asie du sud-est

Table des matières :

La révolution du printemps au Myanmar : Une révolution oubliée en cours.

La lutte anarchiste en Birmanie.

La lutte des travailleurs de Myanmar Pou Chen, sous-traitant d’Adidas.

Bref résumé historique du Parti Communiste de Birmanie.

Création d’une initiative de l’AIT au Myanmar.

Convergence des travailleurs du WSLB : la force de la solidarité dans des temps difficiles.

Pourquoi les anarchistes ne soutiennent pas Aung San Suu Kyi ?

La révolution birmane et le rôle de l’impérialisme de Pékin

Les droits du travail négligés tant par le régime du coup d’État que par le gouvernement issu de la révolution

Au Myanmar, des punks parmi les groupes de base donnent de l’espoir alors que des millions de personnes luttent contre la faim


Introduction

Le Myanmar (autrefois désigné sous le nom de Birmanie) est un pays d’Asie du Sud-qui reste méconnu en France. L’éloignement géographique, historique et culturel ne suffisent pas à expliquer le mésintérêt pour ce pays. Le fait que le pétrolier français Total ait été pendant plus de 20 ans [1]l’un des principaux exploitants du riche gisement pétrolier birman, explique aussi sûrement que ce pays n’ait jamais vraiment l’objet d’une grande attention des médias français. Pays sous la férule des militaires depuis 1989, l’opposante Aung San Suu Kyi a longtemps été une icône mondiale de la démocratie, avant de voir son étoile pâlir quand elle a nié les exactions des militaires contre la minorité musulmane des Rohingyas.

En février 2021, les militaires ont fait tomber la façade démocratique qui couvrait leurs agissements et ont repris officiellement le pouvoir. Mais contrairement à leur attente, ils ont rencontré une vive contestation populaire. Depuis, ce mouvement s’est transformé en résistance diffuse, qui expérimente un large panel de modes d’actions, de la guérilla aux jardins partagés en passant par l’action revendicative des travailleurs. Un des enjeux du mouvement est de réussir à  dépasser les divisions ethniques et culturelles dans un pays de plus de 135 ethnies et langages. C’est dans ce contexte qu’a émergé un petit noyau de jeunes gens, intéressés par les propositions anarchistes et anarchosyndicalistes, à la fois fédéralistes et universalistes. Cette brochure compile des articles qu’ils ont écrits, pour donner à lire aux francophones des informations de première main sur la révolution en cours au Myanmar, et sur les propositions et les questions que se posent les jeunes anarchistes birmans. Cette brochure est un acte de solidarité avec la révolution en cours et avec toutes celles et ceux qui luttent pour la Liberté, là-bas comme ici.


[1]  Total a annoncé se retirer du pays en janvier 2022

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