Accident du travail = Terrorisme patronal

A propos de la Journée mondiale de la santé et la sécurité au travail … En 30 ans rien n’a changé !

Journée internationale de ceci, journée internationale du droit de cela … Le calendrier moderne n’égrène plus la liste quotidienne des saints mais celle des « journées de solidarité ». En règle générale, ces journées sont surtout le moyen de se donner bonne conscience en se rappelant opportunément pour 24 heures ce qu’on oublie les autres jours de l’année.

Alors ce 28 avril, c’est la « Journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail ». C’est l’OIT qui l’a décidé. C’est quoi l’OIT. Et bien c’est l’Organisation Internationale du Travail. C’est une agence des Nations Unies, dont les membres sont des représentants des gouvernements (l’Etat français), des organisations patronales (le MEDEF pour la France) et des syndicats réformistes (FO, CGT, …). L’OIT permet ainsi aux gouvernements de récompenser les lèches bottes syndicaux les plus méritants en les nommant représentants au siège de l’OIT à Genève en Suisse, où ils bénéficient de tous les avantages d’un poste de haut fonctionnaire international …

Quel est l’objectif de cette journée ? S’occuper de la santé des travailleurs ? Que nenni … D’ailleurs le mot « travailleur » n’apparait pas dans le nom de la journée. Le but de cette journée est de « prévenir les risques pour un monde du travail plus sain et plus performant ». Bref nous permettre de nous faire encore plus exploiter, mais dans la joie et la bonne santé !

D’ailleurs l’OIT nous le dit « La santé au travail s’impose comme un enjeu crucial pour le bien-être des individus et la prospérité des nations. ».La prospérité des nations c’est surtout celle des patrons, qui rognent sur les dispositifs de prévention et de sécurité, car pour eux ce sont des « charges » qui nuisent à la productivité et la rentabilité. Le cas dramatique d’Amara Dioumassy, mort le 16 juin 2023 sur un des chantiers des JO de Paris, écrasé du fait d’une suite de négligences des mesures pourtant élémentaires de sécurité, est à ce titre malheureusement exemplaire. Comme en témoigne ses collègues de travail « Ce chantier « nous paraissait vraiment inacceptable au niveau des normes de sécurité » et il fallait « aller vite pour tenir les délais ». Il a fallu la mort d’Amara Dioumassy pour que passe l’inspection du travail, laquelle a fait arrêter le chantier pendant 10 jours, pour qu’il soit enfin remis aux normes !

A la CNT-AIT, nous n’avons pas beaucoup d’appétences pour ces « journées internationales » bidons, surtout quand elles sont décidées en notre nom et à notre place  par nos « représentants », fussent-ils syndicaux… Mais nous voulons malgré tout apporter notre petite contribution à la prise de conscience globale de ce problème. Aussi nous republions ci-après un article que nous avions écrit en … 2003. Oui, il y a 21 (vingt et un) ans. On pouvait lire dans cet article les chiffres des accidents du travail de 1995 : 744 morts, 686 000 accidents du travail dont 62 000 graves. En 2021, ces chiffres étaient de … 696 mortels, 604 565 accidents dont 39 000 graves. En quasi trente ans, en France, soit en un tiers de siècle le nombre d’accidents du travail et le nombre de morts n’a quasiment pas baissé ! Notre article de 2003 mentionne la complicité des syndicats, qui défendent les patrons en prétendant défendre leurs sacro-saints emplois. Là aussi rien n’a changé, comme le montre le récent exemple où on vu les syndicats marcher main dans la main avec les patrons des poêles SEB pour faire annuler l’interdiction des polluants éternels dans la fabrication des ustensiles de cuisine. Enfin l’article se conclue en mentionnant les suicides de chômeurs ou d’agriculteurs ? Là aussi, hélas, on ne peut que constater que rien n’a évolué, 3 agricultrices ou agriculteurs se suicident par semaine ce qui est une des causes de leur récent mouvement de colère.

Le capitalisme c’est l’exploitation de notre force de travail. Le capitalisme c’est le profit à tout prix, y compris celui de notre santé ou de l’environnement. Les accidents du travail ne surviennent pas par hasard, ils sont la conséquence logique du terrorisme patronal qui consiste à faire passer les profits avant notre vie. Si nous voulons en finir radicalement et définitivement, il ne suffira pas de célébrer une fois par an une « journée mondiale », mais il faut nous organiser au quotidien pour lutter tous les jours, pied à pied, sans concession ni compromission avec aucun représentant. Pour notre santé et notre sécurité, que ce soit au travail ou partout, oui la Révolution reste à faire ! Organisons nous et luttons !

Une militante de la CNT-AIT

contact@cnt-ait.info

======

ACCIDENT DU TRAVAIL = TERRORISME PATRONAL

mardi 22 avril 2003

I1 y a quelques mois sortait un livre sur les millions de morts et de persécutés engendrés par les régimes marxistes léninistes un peu partout sur la planète. Il s’agit, comme vous l’avez sans doute deviné, du Livre noir du communisme. Rassurez-vous, je ne vais pas entrer à mon tour dans les polémiques liées à ce bouquin. Seulement, je me suis dit qu’un ouvrage consacré aux victimes de l’économie de marché serait peut-être bien venu.

D’accord on me rétorquera que les régimes dits communistes ne sont que capitalisme d’Etat. Soit, mais je voudrais parler ici de ce qui se passe dans nos bonnes vieilles démocraties occidentales pour bon nombre de travailleurs : les accidents du travail.

Voilà bien un sujet dont on parle finalement peu. Il faut que ce type d’accident sorte de « l’ordinaire », qu’il soit spectaculaire (un silo à grains qui explose, ça a quand même plus de gueule qu’une chute d’escabeau non ?) ou, plus simplement, que les médias n’aient rien d’autre à se mettre sous la dent.

Dans le n° 4019 du Canard Enchainé on trouve un excellent article sur le sujet. On y apprend qu’en France, les conditions de travail dans diverses branches professionnelles occasionnent ainsi chaque année un nombre impressionnant de blessés et de morts. En 1995 on comptait 744 morts, 686 000 accidents du travail dont 62 000 graves ! Voilà des chiffres qui vont peut-être faire réfléchir les partisans du « on n’en est plus aux temps de Zola« . Si le nombre de morts et de blessés régresse (encore faut-il tenir compte des magouilles statistiques et du camouflage d’accidents du travail en accidents domestiques) le nombre des cancers ne cesse, quant à lui, d’augmenter.

Il semble que les accidents les plus violents, les plus visibles, diminuent en nombre, tandis que celui des maladies couvant plusieurs années avant qu’on s’aperçoive de leur présence, croît sans cesse.

Ainsi, si les ouvriers du bâtiment, les routiers ou les travailleurs des industries pétrochimiques restent exposés à moult effondrements d’échafaudages, accidents de la route ou explosions ; la « mode » est à la leucémie ou aux contaminations diverses dues à la fréquentation de l’amiante ou de la radioactivité par exemple.

Bien entendu, dans de telles conditions, il est beaucoup plus difficile d’obtenir réparation et les dossiers déposés devant les tribunaux ont tendance à traîner en longueur. C’est que les lobbies en tous genres n’aiment pas qu’on démontre leur nocivité…

Le pire dans tout cela, c’est que bien souvent les syndicats réformistes, C.G.T. en tête, défendent les patrons (en prétendant défendre leurs sacro-saints emplois). Les exemples de Super Phénix ou de la Cogema sont là pour nous le prouver. Dans le cas précis de la Cogema, plusieurs études menées par des chercheurs et des médecins montrent que le taux de leucémie est plus élevé aux alentours de l’usine de retraitement de déchets nucléaires qu’ailleurs (ce qui signifie que les travailleurs ne sont pas les seuls concernés) et plusieurs dossiers médicaux appartenant à d’anciens membres de cette usine ont mystérieusement disparu.

A part ça, rien à signaler. Ah si ! Les agriculteurs et les chômeurs sont très touchés par le suicide, mais je ne sais pas si ça compte vraiment comme des accidents du travail…

=====

Autres article sur le thème :

LE POSSIBILISME EST UN SUICIDE QUOTIDIEN (Réflexion à propos des suicides de plusieurs salariés chez RENAULT, PSA, EDF-GDF, …) http://cnt-ait.info/2019/12/20/le-possibilisme-est-un-suicide-quotidien/

======

Traduction du texte en espagnol : Accidente laboral, terrorismo patronal ( http://cnt-ait.info/2024/04/28/accidente-laboral) et campagne de la CNT-AIT en Espagne sur ce thème

======

Message reçu de Grèce suite à notre campagne :

En tant que syndicat libertaire (ESE) de Réthymnon, nous avions lancé un appel national contre les meurtres sur les lieux de travail le 9 mars.Avec les salutations anarcho-syndicalistes depuis Réthymnon Crète !

POUR RÉSISTER CONTRE LA MORT

Ces dernières années, les décès dus à des « accidents » liés au travail ont augmenté en Grèce.

En 2023, 183 personnes ont perdu la vie, soit plus que toute autre année, tandis que 286 ont été grièvement blessés, avec blessures physiques permanentes

2 commentaires sur Accident du travail = Terrorisme patronal

Laisser un commentaire