NUCLEAIRE : LA LUMIERE RADIEUSE QUI REND AVEUGLE


Manifestation antinucléaire à Paris le samedi 17 janvier 2004 – 14 H – Place de la République

mercredi 14 janvier 2004



Quand les médias parlent du nucléaire, c’est le plus souvent pour évoquer en « mal » les ventes illicites de plutonium et en « bien » les mini – bombes atomiques que Bush envisage d’employer. Ils nous informent de la construction à venir du réacteur EPR tout en passant sous silence la réalité du fonctionnement « normal » des centrales, évitant ainsi soigneusement les accidents majeurs auxquels nous avons échappé pour l’instant. Ils taisent le problème de vieillissement et le coût du démantèlement des centrales et ils évoquent rarement les mauvaises conditions de vie et de travail des précaires du nucléaire.

La possibilité d’un accident majeur est reconnue par les autorités de sûreté. En pareil cas, les conséquences ne sont pas difficiles à imaginer : augmentation des maladies radio induites, déplacement de population, mort économique de régions entières, etc. La société deviendra totalement militarisée et ceux qui ont défendu cette folie (médias, syndicalistes, et pro-nucléaires de tous poils) se garderont bien alors d’aller ramasser la merde radioactive, tâche qui sera dévolue aux chômeurs, intérimaires, RMAstes ou certains détenus qui trouveront là un travail obligatoire et la haute reconnaissance nationale !

Mais le nucléaire n’est pas seulement synonyme de destructions gigantesques possibles, c’est aussi des contaminations déjà présentes, autorisées, normalisées. Qu’elles viennent de rejets des centrales ou des déchets, nous sommes bien obligés de les assumer. Cette contamination universelle et invisible représente par les doses qui s’accumulent, qui se dispersent, un risque beaucoup plus insidieux que la bombe ou l’accident lui-même. La mortalité par cancers, les tares génétiques, l’affaiblissement des défenses immunitaires sont reconnus et quantifiables en fonction de la dose de contamination. Toute dose comporte un risque. Ce fait est reconnu par la CIPR (Commission Internationale de protection radiologique) à laquelle participent d’ailleurs des responsables du nucléaire Français. Ces effets morbides sont d’autant plus difficiles à prouver par la population qu’ils ne peuvent être mis en évidence que par des experts et des études épidémiologiques incontrôlables et partiales.

Qu’est-ce qui peut justifier l’emploi d’une technologie aussi morbide ? L’indépendance nationale et les seuls intérêts financiers ? Non, l’uranium comme les réacteurs sont en général de provenance étrangère (et quand bien même seraient-ils français, cela ne changerait rien au problème de fond).

L’option nucléaire n’est pas indispensable à la production d’électricité et représente moins de 20% de la production totale d’énergie. Les moyens d’organiser des solutions de remplacement existent avec des Centrales thermiques au gaz ou au charbon « propre ». EDF en exporte d’un coté la technologie et de l’autre rachète et ferme les mines de charbon en France pour mieux rendre le nucléaire indispensable. Et puis, vouloir remédier à l’effet de serre en utilisant le nucléaire, n’est-ce pas préférer la peste au choléra ?

L’industrie nucléaire est étroitement liée à l’utilisation militaire. Elle suppose un monde stable, hiérarchisé, discipliné dans lequel tout s’exécuterait parfaitement (maintenance et fiabilité du matériel), sans actes ou changements brutaux aléatoires (économiques, politiques, religieux, climatiques, etc.). Comme chacun sait ce monde n’est pas le nôtre et nous avons toutes les raisons de nous inquiéter des effets de cet antagonisme

Pour nous, le nucléaire n’est pas une source d’énergie, une histoire de pollution ou de rentabilité comme les autres. L’intérêt de cette énergie va bien au-delà d’un besoin de production d’énergie centralisée pour l’industrie. Par la menace énorme qu’elle représente et les conditionnements humains qu’elle engendre (esprit de résignation, d’adhésion, de cogestion au système), la technologie nucléaire, qu’elle soit civile ou militaire est plus dissuasive qu’aucun programme politique d’endoctrinement. Elle se révèle en fin de compte la meilleure camisole sociale que l’État industriel capitaliste ait inventé. Est-ce un hasard si le développement du programme électronucléaire français, vanté pacifique, s’est effectué peu de temps après mai 68 ?

Aujourd’hui la population est comme indifférente face à ce problème. L’opposition est comme asphyxiée faute de combattants. La raison en est certainement que l’ampleur de ce danger est tellement insupportable à affronter que l’individu préfère s’aveugler pour tenter de refouler l’angoisse et continuer à vivre. A notre avis cette capitulation a conduit à beaucoup d’autres résignations ou démissions.

Les industries nucléaire et chimique sont le produit d’une vision scientiste et réductionniste de la vie et ne se limitent pas aux raisons de leur utilisation, elles engendrent en retour un monde maladif et inhumain. La génétique trouve dans cet état de fait sa raison d’être : essayer de réparer, de limiter les dégâts techno-industriels, d’adapter les êtres vivants à ces nouvelles conditions morbides. Bien entendu cette nouvelle technologie nous ouvre la voie à de nouveaux dangers !

Dans cet engrenage mortifère, l’individu isolé, impuissant, est dépossédé de toute autonomie, de toute emprise sur ses moyens d’existence, de contrôle sur quoique ce soit d’essentiel. Il ne peut que devenir l’instrument de sa propre déchéance, de sa servitude involontaire, un citoyen rivé à l’État protecteur, à cet État incontournable dans la gestion des catastrophes. C’est pour ces raisons et pour qu’un projet de société libre, autonome et autogérée soit possible que nous devons exiger UNE SORTIE IMMÉDIATE DU NUCLÉAIRE.

C.N.T / A.I.T

Tract réalisé le 10 / 01 / 2004 pour la Manifestation antinucléaire à Paris le samedi 17 janvier – 14 H – Place de la République

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