Nous traduisons ci-après un texte d’un compagnon anarchiste de Syrie, écrit le 10 décembre dernier, et qui nous fait part de ses sentiments sur la situation en cours

Est-ce le temps de la réflexion ? Sommes-nous satisfaits de la chute du régime d’Assad ? Pourquoi ne le serions-nous pas ?

Non pas « nous » en tant que Syriens, que révolutionnaires ou qu’anarchistes, mais nous, le « moi » collectif.

Vous, cependant, vous vous sentez peut-être inquiets pour l’avenir – et c’est tout à fait normal. Le régime syrien a joué un rôle géopolitique important. Il a également livré une performance record en matière de sectarisme, de crimes de guerre et de dogmatisme politique, dont nous – le « moi » collectif – avons non seulement été témoins mais dont nous avons également souffert.

Sa chute crée un vide. Ce vide pourrait être comblé par un système islamique moderne, avec ses propres défauts ; une dictature contre-révolutionnaire, réplique exacte du système précédent ; ou même un système démocratique.

Beaucoup sont bien conscients des défauts de la démocratie, mais les Syriens – en particulier ceux qui ont vécu, grandi et sont restés en Syrie – n’ont jamais eu la chance de connaître ces défauts, et encore moins de se faire une opinion.

Est-ce que je pense qu’une nouvelle Syrie – un phare d’espoir, de paix et de tranquillité – se profile à l’horizon ? Peut-être. Je peux me tromper. Mais une équation, un refrain usé et nauséabond, doit être remise en question : la Syrie sans Assad = Terrorisme. Cet absolutisme simpliste ne devrait même pas être envisagé. Non pas parce que HTS s’est soudainement transformé en un mouvement pour « la fraternité, l’égalité et la liberté », mais parce que la chute d’un régime dogmatique laissera inévitablement un vide – et nous, et pas seulement le « moi » collectif, avons la possibilité de façonner ce qui le comblera.

Et cela, en soi, est une raison suffisante pour espérer.