Première publication : samedi 21 octobre 2006
Récit d’une manif, un vendredi à Alençon
Petits chefs de la Conf’ … chiens de garde du pouvoir ?
Voici le récit d’une manif’ qu’un compagnon, paysan bio dans l’Orne, nous a fait parvenir. Comme il nous l’explique, sa diffusion peut être « utile aux nombreux copains comme moi, un peu isolés, pour montrer qu’on peut agir, naturellement et sans complexe, et montrer aux nombreuses personnes sincères, non militantes, qu’il n’y a pas que des opportunistes ou des orgas qui ne luttent que pour leur chapelle ou la pêche au voix… »
Récit d’une manif, un vendredi à Alençon Petits chefs de la Conf’ … chiens de garde du pouvoir ?
Vendredi 6 octobre 2006. La Conf’ (Confédération Paysanne) de l’Orne appelle à un rassemblement pour une meilleure répartition des nouvelles primes agricoles. La Conf’ informe ses contacts par mail qu’il faut 5 agriculteurs qui se proposent pour faire un jeûne de vendredi soir à dimanche matin et qu’une délégation de la conf sera reçu par la DDA (Direction Départementale de l’Agriculture).
Bon bah moi j’me dis ok je vais à la manif. Mais attention j’y vais armé… Ouais armé d’une poignée d’autocollants anti productivistes et anticapitalistes (qui m’auront suffit à faire un joli collage sur la porte et les panneaux de la DDA), et, armé de quelques tracts sous le coude dont voici quelques extraits [le tract est présenté plus bas] : « Pour une paysannerie autonome et solidaire ! » … »Oui il y a d’autres moyens de lutte que les coups de pub médiatiques, la cogestion, la collaboration avec les institutions étatiques et la « contre proposition réaliste et responsable » … « organisons nous … … sans petit chef, sans bureaucratie, … … pour une société solidaire et égalitaire … « .
Le collage aura permis de faire sourire et de recueillir pas mal d’approbation de paysan-ne-s. Le tract permet quelques échanges de mots avec quelques un-e-s et quelques regards noirs des dirigeants de la Conf’. Sinon l’ambiance est assez morose. Bon c’est vrai … il pleut. Et de toute façon, les petits chefs avaient déjà tout décidé, pas question de discuter maintenant sur le déroulement du rassemblement. La délégation de pontifes de la Conf’ se fait attendre. La bouffe au resto dure plus longtemps que prévu… Alors pendant ce temps, « Machin » (ouais c’est comme ça qu’on va appeler le salarié de la Conf’, le pauvre, il n’y est pour rien dans tout ça…) essaye corps et âmes de recruter les 3 volontaires manquant pour le jeûne sur la place d’Alençon. Eh Machin, qui va traire les vaches demain matin si je fais le clown pour quelques flashs et retombées électorales (oui dans quelques jours, on vote pour faire siéger nos représentants à la chambre d’agriculture, et oui, qui va se faire acheter ? Qui va s’empiffrer au resto (encore ?!) avec l’ensemble de la « profession » et s’engluer lamentablement avec les productivistes capitalistes qui nous exploitent et nous empoisonnent ?
On se faisait vraiment chier, la délégation était reçue depuis de longues minutes. Allez, il me reste quelques autocollants en poches, j’en mets un ou 2 sur la voiture de France 3… Bon c’est pas grand chose mais quand ma proposition d’occuper la DDA n’a pu être discuté parce que tout était déjà réglé et qu’on n’ était pas « là pour foutre la merde« , je me suis dit, allez un petit autocollant sur la voiture des médias complices de l’Etat… C’est plutôt gentil…
Tout à coup voilà Machin qui retire l’autocollant de la voiture ! Mort de rire. Je lui dit « eh Machin, arrête tes conneries« . Deux pauvres vieux dirigeants autoritaires et violents m’ont alors choppé pour m’empêcher d’aller voir Machin. Je gueule : « la Conf’ a choisi son camps : celui des journalistes et des capitalistes !« . Ils veulent me virer de la manif. Je leur dit que la rue appartient à tout le monde, que j’ai le droit de manifester. Ils me disent qu’il y a « des choses à respecter« . Je leur dit que les journalistes ne nous respecte pas et je leur demande de respecter « mes armes de luttes » extrêmement dérisoires !! Ouais un autocollant c’est même plus que dérisoire. Mais c’est déjà trop pour les chiens de garde des journalistes et de l’Etat. Faudrait pas donner une « mauvaise image« . « Faudrait pas qu’on se mette mal avec les journalistes« . Le plus important finalement c’est l’image et les coups médiatiques légaux, conformistes et respectables pour capter des voix aux élections… Au moins les paysan-ne-s présents auront pu juger par eux -Elles- mêmes…
Le tract diffusé par le compagnon durant la manif :
Pour une paysannerie Autonome et solidaire !
Oui il y a d’autres moyens de lutte que les coups de pub médiatiques, la cogestion, la collaboration avec les institutions Étatiques et la « contre proposition réaliste et responsable.
Pourquoi il y a nécessité de s’organiser sur des bases anarcho-syndicalistes ?
Parce qu’aucun syndicat institutionnel ne vous dira qu’il est urgent d’en finir avec le productivisme assassin et de détruire le capitalisme avec les travailleurs pour l’émancipation de tous les individus.
Organisons-nous pour un syndicat sans petit chef, sans bureaucratie, sans salarié, en plein cœur de toutes les luttes sociales avec les jeunes, les précaires et les salariés pour une société égalitaire et solidaire : une société communiste anarchiste !