MORT D’UNE CHOMEUSE, ASSASSINEE PAR DES MILITANTS D’AC ! ET DE SUD [1998]

MORT D’UNE CHOMEUSE ASSASSINNEE PAR DES MILITANTS D’AC !

1998

Tout le monde a entendu parler d’A.C ! (Agir contre le Chômage). Le contraire serait étonnant, tant cette organisation a choisi une politique médiatique. Pourtant, un événement d’une extrême gravité, mettant en cause des responsables de cette organisation, est en train de passer inaperçu.

LE CONTEXTE

A.C. ! se présente volontiers comme le syndicat de tous les chômeurs. Mais, cette organisation fortement centralisée est de plus en plus souvent contestée par des groupes de chômeurs et de précaires indépendants des partis politiques. On l’a très bien vu en décembre et en janvier derniers.

A.C. ! se pose en « interlocuteur privilégié » des pouvoirs publics dont il espère obtenir ainsi d’importantes subventions. La contestation croissante dont il fait l’objet le gêne d’autant que sa stratégie commence à être payante (au sens sonnant et trébuchant du terme) : l’Etat envisage de lui verser la bagatelle de sept cent mille francs, et de nombreuses collectivités territoriales lui apportent une aide importante.

Evidemment, le fait qu’A.C. ! soit sous l’influence (pour ne pas écrire le contrôle) de militants des syndicats, partis et groupuscules électoralistes (de la C.F.D.T. à S.U.D. en passant par les Verts, la L.C.R., les Vignoles ou la C.G.T.) n’est pas pour rien dans cette « réussite » financière : dans la « gauche plurielle », on se brouille souvent, mais on sait s’envoyer des chèques.

Oui mais voilà, pour encaisser encore plus d’argent, A.C. ! doit assurer une contrepartie au gouvernement : il doit lui garantir sur le front du chômage la paix sociale que les syndicats institutionnels lui garantissent déjà sur le front du travail. Autrement dit, A.C. ! doit réussir à encadrer les chômeurs, à faire que leurs protestations soient modérées, acceptables, négociables. C’est là que les choses commencent à se gâter, c’est là qu’au Mans elles ont pris une tournure franchement détestable.

LES FAITS

La municipalité communiste du Mans a mis, dans une ancienne école primaire, des locaux à la disposition d’A.C. ! A tort ou à raison, un groupe indépendant de chômeurs voudrait également s’y réunir. A.C. ! ne veut pas. Un conflit naît. Le 26 Mai 1998 des chômeurs occupent sans violence la cour de l’école. A.C. ! fait intervenir la police pour les déloger. Le soir même, les chômeurs reviennent. A.C. !, qui appelle de nouveau la police, veut les retenir de force, semble-t-il pour les livrer. Toujours est-il que deux gros bras attrapent une femme de 27 ans, Isabelle FERRON et l’étranglent. La violence est telle que la jeune femme vomit, s’étouffe et meurt.

Le président local d’A.C. !, qui a assisté à la scène, est poursuivi pour « non-assistance à personne en danger », les deux gros bras d’A.C. ! pour violences ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner.

COMMENTAIRES

Nous avons essayé de résumer les faits avec le maximum d’objectivité. Il nous semble maintenant nécessaire de faire quelques commentaires.

Premier constat, alors que les faits sont d’une extrême gravite, nous avons eu le plus grand mal à réunir un dossier de presse. En dehors d’Ouest-France et de Marianne, il semble que les médias aient élevé autour de cette affaire un véritable mur du silence, ou du moins ne lui aient pas donné d’importance réelle. Dans la presse militante, à ce jour, il semble que l’information ne soit pas non plus passée. Doit-on de ce fait considérer qu’étrangler une chômeuse est un fait anodin, un incident de parcours qui ne mérite même pas quelques lignes ?

Deuxième constat : à ce jour mais peut-être sommes-nous mal informés, nous n’avons pas eu connaissance d’une réaction officielle d’A.C. ! Pourtant, nous pensons que le fait de tuer, même involontairement, une personne, soulève une question de fond.

En effet, même s’il s’agit d’un acte individuel, il a été commis dans des locaux d’A.C. ! par des militants d’A.C. !, en présence du président local d’A.C. ! Dans toute organisation, un dérapage individuel, dramatique comme ici, est malheureusement possible. On ne peut pas en déduire que tous les membres de cette organisation soient impliqués ou complices … à deux conditions :

d’une part qu’ils ne cherchent pas à étouffer les faits, qu’ils s’en démarquent clairement ;

et d’autre part qu’ils n’entretiennent pas une « culture du dérapage ».

Or, à plusieurs reprises, des manifestants, des chômeurs, des militants de notre organisation ou d’organisations qui ne se reconnaissent pas dans la gauche plurielle ont été agressés (parfois grièvement) par des militants de la mouvance qui soutient A.C. ! On a même vu des manifs où des « Services d’Ordre » rabattaient les manifestants récalcitrants vers la police de même que des dénonciations nominatives de militants. La répétition de ces conduites, qui peuvent aller jusqu’au meurtre, devrait selon nous, amener les adhérents de ces organisations à s’interroger.

Plus globalement, nous les invitons à mener un véritable débat sur le rôle réel d’A.C. ! Pour notre part, nous avions publié dès 1994 dans ces mêmes colonneq un article qui, sous le titre « A.C. ! ou ASSEZ ? » donnait une analyse de cette organisation. L’évolution qu’elle a connue vient confirmer ce que nous disions alors. La mort d’Isabelle FERRON vient lui donner une tonalité dramatique.

Des militants C.N.T-A-I.T. [1998]

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La deuxième mort d’Isabelle Ferron

Dans ce numéro, il sera largement question d’abstention, bien sûr. Abstention de plus en plus forte et de plus en plus consciente. Abstention en France comme en Algérie . Abstention fièrement revendiquée. Il sera aussi beaucoup question d’AZF. Neuf mois après la catastrophe, des victimes vivent toujours sans fenêtre, d’autres dans des bungalow de fortune. Toute une zone reste à l’état de ruine. Ça ne fait rien, les industriels veulent reprendre. L’enquête prouve que l’explosion est due à des causes internes à l’entreprise. Ça ne fait rien, les industriels VONT reprendre. Une première usine va redémarrer incessamment. Toulousains, le pouvoir a fait semblant de vous consulter, maintenant, le temps est venu d’apprendre à vous confiner, d’apprendre à vivre en pleine insécurité, l’insécurité fondamentale, l’insécurité capitaliste Celle dont « ils » n’ont pas parlé pendant toute la campagne. Quant à celle dont ils nous ont abreuvé, nous dirons pourquoi ils ont fait ce choix.

Et puis, nous parlerons beaucoup de tribunaux. Parce que le temps est aux procès. Parce que les tribunaux sont les miroirs qui reflètent sans le vouloir la barbarie du système, celle dont meurent les pauvres. Celle dont Isabelle Ferron, simple chômeuse en lutte, est morte. A 27 ans. C’était le 27 mai 98. Chômeuse autonome, opposée à la politique de l’organisation AC (Agir Contre le chômage), elle avait, avec quelques compagnons de galère, occupé le local d’AC au Mans. Ils en avaient besoin pour continuer leur lutte. Ils voulaient protester contre les leaders auto-proclamés et leur collusion avec la classe dominante. En un mot, contre les flics-gestionnaires du mouvement social.

Les qualifier de flics n’est nullement métaphorique. C’est le rôle que, littéralement, ils remplissent lors des différentes luttes. Ils n’hésitent pas à l’assurer quand, par exemple, par leurs services d’ordre, ils « encadrent » les manifestations, en véritables forces supplétives de la police d’Etat. Ils n’ont pas non plus hésité à l’assurer ce 27 mai. S’ils ont voulu immobiliser Isabelle Ferron et les occupants autonomes, c’était pour les livrer à la police. Les chômeurs n’étalent pas décidés à se laisser faire. Une échauffourée les a vite opposés. Pendant la bousculade, Michel Launay et Yannick Marie d’AC s’en sont pris à Isabelle Ferron. Lui ont-ils serré le cou comme cela a été jugé une première fois, l’ont-ils attrapée autrement, comme cela vient d’être jugé ? On ne le saura probablement jamais avec précision. En tout cas, Isabelle Ferron est morte de leur violence, et elle est morte une deuxième fois, quand tous les commentateurs (qu’ils soient tenant de l’une ou l’autre thèse) ont rangé l’assassinat de la chômeuse dans la catégorie des faits divers. C’est pratique un fait divers. C’est le genre d’argument qui consiste à présenter le meurtre d’un adversaire politique comme un regrettable événement fortuit. La police y recourt à chaque « bavure » et le FN ne s’en prive pas à chaque crime raciste. Or, ces meurtres ne frappent pas au hasard ; ils sont le produit logique de l’idéologie qui imprègne leurs auteurs. Les victimes de bavures ne sont jamais de grands capitalistes ni de hauts personnages de l’Etat. Les crimes racistes commis par des sympathisants FN sont de la même sorte. A moins qu’on considère la noyade d’un Arabe jeté dans la Seine par des skins comme la faute à « pas de chance ».

Et quand c’est une chômeuse que l’ont fait mourir en la « retenant » trop fort, la simple honnêteté serait de dire oui, c’est d’une violence politique qu’Isabelle Ferron est morte.

Phil

Edito du C.S. Midi-py. été 2002

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Article de l’Anarcho du Val de Loire – Numéro 56 : Juillet Août 2002

Retour sur la mort d’Isabelle Ferron, chômeuse indépendante ayant participé au mouvement des précaires de fin 97-début 98 : verdict d’un procès quatre ans plus tard.

Les faits :

C’est à cette période qu’a eu lieu une vague de protestations des chômeurs en France ayant débouchée sur de nombreuses actions (occupations d’ANPE, des ASSEDICS, de locaux de banques, d’opérations de réappropriation des richesses dans les supermarchés, de blocages de péages autoroutiers.), et qui a été médiatisée autour de la revendication de la prime de Noël.

Au Mans est survenu un événement tragique au mois de mai 1998, la mort d’une chômeuse du nom d’Isabelle Ferron, suite à des pressions physiques exercées par des membres d’AC ! (AC ! : Agir contre le chômage !). A l’époque, un copain du Mans, suite à des rencontres directes avec des personnes ayant participé à ce mouvement (certaines d’entre elles ayant connues Isabelle Ferron), a écrit un article dans l’Anarcho du Val de Loire n°36, dont nous pouvons vous faire parvenir une copie sur simple demande.

Pour resituer un peu plus les faits, précisons qu’Isabelle faisait partie d’un groupe de chômeurs indépendants de tout parti, syndicat, ou association de chômeurs, qui a même présenté une liste à des élections municipales ( » Chômage basta « ). Pendant le mouvement de 97-98, ce groupe participait à diverses actions décidées dans un collectif où se trouvaient également les membres d’AC !. Les problèmes de contrôle du mouvement sont assez vite apparus lorsque ces chômeurs indépendants ont critiqué l’absence totale de démocratie au sein du collectif, tout étant décidé par AC !, et notamment son leader local  » décrit dans les débats comme un personnage aux méthodes ayatollesques  » (la Nouvelle République des 15 et 16 juin 2002, article  »AC ! et justice d’en bas », en page K). Les critiques, et la présentation d’une liste indépendante aux municipales plus tard, n’ont visiblement pas été du goût du leader d’AC 72 et ses suiveurs. Quant AC ! a obtenu de la mairie un local pour le collectif de chômeurs, le groupe de chômeurs indépendants a réclamé au titre de sa participation au collectif et de son engagement concret sur les problèmes de précarité, à pouvoir bénéficier d’un droit de réunion dans ces locaux. Ces chômeurs se sont donc pointés au local pour faire valoir leur droit, et l’ont occupé quelques jours. C’est alors qu’ils ont élaboré une charte d’utilisation du local définissant un fonctionnement collectif et démocratique. Suite à cela, les gros bras d’AC ! accompagnés du  »chef » sont intervenus pour déloger et maîtriser ceux qui osaient demander à se réunir librement avec un toit au-dessus de la tête. AC ! s’était donc approprié un local qui aurait dû servir aux chômeurs en général, et était prêt à jouer des coudes pour décider de qui pourrait s’y réunir ou non. Quoi qu’en disent ceux soutenant les membres d’AC !72, les méthodes violentes employées pour  »maîtriser » les chômeurs ont abouti à la mort d’Isabelle Ferron. Car même si elle n’a pas été volontairement étranglée, il ne faut pas y aller de main morte pour bousculer quelqu’un au point de provoquer un malaise entraînant la mort, et laisser faire cela ou pousser à le faire est inacceptable. Un procès a bien évidemment eu lieu suite à ces évènements, les assises de la Sarthe condamnant en octobre 2000 les deux militants d’AC ! ayant joué les gros bras  » à 10 et 5 ans de prison pour violences volontaires ayant entraîné la mort  » (source : même article de la Nouvelle République).

Cependant, l’expertise de l’époque concluant à un étranglement n’a pas été faite correctement, au point que des prélèvements ont même été égarés. Un procès en appel est donc revenu sur la question : le verdict de juin 2002 est plus clément, 4 ans et deux ans de prison, sachant que ces peines ont donc déjà été effectuées par les deux inculpés, puisqu’ils sont détenus depuis plus de quatre ans. Le chef d’AC !72 ne passe pas en procès aux assises, mais en correctionnelle pour non assistance à personne en danger : il risque donc moins.

Quoi en penser ?

Évidemment nous sommes dégoûtés par ce qui s’est passé, et si nous ne défendons pas les tribunaux et les prisons, nous n’allons pas non plus plaindre les responsables du décès d’Isabelle Ferron. Si nous revenons sur cet événement, c’est, entre autre, pour nous positionner clairement du côté de ceux qui ont été les victimes de l’autoritarisme des petits dictateurs manceaux d’extrême-gauche. Suite à cet incident, il faut savoir que plusieurs organisations ou groupes de la mouvance d’extrême-gauche (comme SUD, AC, LCR, même certains SCALP.), des personnalités comme A.Jacquard ou J.Gaillot, ont apporté leur soutien aux militants d’AC !72 dans ce procès.

Certains sont sans doute mal informés, car on a présenté ces militants comme des martyrs du mouvement social, on a laissé entendre qu’à travers eux c’est la volonté de lutter qui est criminalisée, que le système a été trop content d’exploiter cette affaire pour causer du tort à ceux qui résistent au capitalisme. Pourtant, au Mans, aucune des organisations soutenant ces deuxinculpés ailleurs en France ne les soutient ouvertement. L’extrême-gauche locale est plutôt silencieuse sur le sujet, ce qui est facilité par le fait que l’appel n’a pas été jugé au Mans, mais en cours d’appel à Angers. Le ponte local d’AC !, par ailleurs membre de SUD-Télécom où il a occupé certaines fonctions comme permanent, n’est pas soutenu par l’extrême-gauche locale, à l’exception de membres de SUD-Rail, mais n’est pas non plus ouvertement désavoué par elle. Il y a comme un embarras, et personne ne semble vouloir se positionner clairement pour condamner ce qui s’est passé.

A noter, un soutien ouvert et concret à ce leader local, des membres des renseignements généraux ont témoigné en sa faveur lors de son procès, ce que la presse sarthoise a même mentionné dans ses écrits de l’époque. Nous avons pu vérifier à l’occasion d’évènements aussi graves combien l’extrême-gauche constitue un clan, qu’un nombre non négligeable de ses militants ne sont pas du côté des gens en lutte, surtout lorsque l’un d’entre eux est menacé. Pour ceux-là, la mort d’Isabelle Ferron est secondaire quand il s’agit de soutenir un  »camarade » en procès. Hélas, nous avons pu le constater une fois de plus lors d’une discussion à propos d’un autre procès fait au chef local d’AC !, suite à l’occupation d’un cabinet de notaire particulièrement actif dans les saisies. Discussion durant laquelle un militant d’extrême-gauche se déclarait solidaire de cet individu pour « cette action « , malgré la connaissance de ce qui était arrivé à Isabelle Ferron. Pour nous, les actes commis suffisent à nous détourner complètement de ceux qui ont des pratiques autoritaires.

Combien de ces violences, de ces procédés d’intimidation sont-ils tolérés dans les mouvement de lutte, dans les grèves ? Tôt ou tard on en arrive à des conséquences extrêmes, tout cela pour maintenir la mainmise d’organisations sur les mouvements sociaux, qui ne supportent pas l’idée que l’on puisse penser et agir de manière indépendante. Ces organisations veulent être incontournables dans leur domaine, et ce qu’elles combattent le plus n’est pas l’état ou le patronat, mais la volonté que manifestent des gens à un moment donné de prendre les choses en main par elles-mêmes. Le rôle de la gauche et l’extrême-gauche dans le système capitaliste est bien de maintenir leur emprise sur les mouvements de lutte pour les canaliser. Ce n’est absolument pas d’aider chacun d’entre nous à développer ses propres capacités à prendre en charge nos mouvements. Cela n’empêche pas que plusieurs militants de gauche ou d’extrême-gauche puissent être tout à fait sincères et respectables, mais le rôle de leurs appareils, de leurs hiérarchies, de leurs organisations, reste à dénoncer dans bien des cas, et surtout à propos de la mort d’Isabelle Ferron.

Pour éviter que ce genre d’évènements ne se reproduise, n’oublions pas, que c’est la volonté de cadrer totalement le mouvement des chômeurs du Mans par AC ! qui a abouti là où nous savons. Il faut nous opposer à ces tentatives de contrôle des individus et des mouvements par qui que ce soit, ce qui passe forcément par une remise en cause de notre culture autoritaire et de la fausse démocratie dans laquelle nous vivons.

Combattre l’autorité n’est pas une chose aisée

Nous finissons cet article par quelques problèmes concrets que rencontrent ceux qui s’élèvent contre l’autoritarisme, qu’ils soient anarchistes ou pas importe peu, car dans la pratique les difficultés sont les mêmes. Lorsque des gens s’élèvent contre l’autorité on écoute assez rapidement des discours visant à discriminer les empêcheurs de dominer en rond. Ce sont des fouteurs de merde. A propos d’Isabelle Ferron on peut même penser que certains vont jusqu’à dire en comité restreint qu’elle aurait mieux fait de ne pas faire de vague, et on aurait pas assisté à un tel drame qui ne renforce pas les mouvements de chômeurs : en gros, soit tu te soumets à  » ceux qui savent « , soit tu te tais. Généralement, ce ne sont pas les chefs en puissance et leurs gros bras qui sont désignés comme étant la cause de ce qui ne va pas, mais ceux qui s’élèvent contre l’injustice : voilà le fruit pourri de notre culture où la soumission à l’autorité est mise sur un piédestal. Dénoncez, et vous serez vite rendu responsable de tous les problèmes (parfois, y compris ceux que vous dénonciez auparavant). On vous accusera plus ou moins franchement, tout simplement parce que vous aurez osé rompre le train-train de la soumission, dérangé les habitudes en posant des problèmes que beaucoup n’ont pas envie de voir remonter car cela les obligerait à se positionner. Ils préfèrent de loin rester la tête bien enfoncée dans le sable pour éviter de s’impliquer. Pourtant, un fonctionnement démocratique ça demande de l’investissement et ça se défend face aux tentatives de prise de pouvoir : mais cela, souvent les gens ne veulent pas en entendre parler. Pour tous ceux qui veulent s’engager honnêtement, se serrer les coudes, se regrouper et s’organiser c’est déjà commencer par ne plus subir.

Nous ne savons pas si Isabelle Ferron aurait pu se reconnaître dans ces lignes, en tout cas c’est aussi en sa mémoire qu’elles ont été écrites.

Des militants de la CNT-AIT.

Complément d’info sur Isabelle Ferron : Article « Malaise chez les vrais-faux chômeurs manceaux » ( paru dans l’Anarcho du Val de Loire n°36 ) à demander à Tours

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