INTERVENTION A LA RÉUNION PUBLIQUE À LACOUR (Tarn et Garonne) – SAMEDI 16 SEPTEMBRE 2023
Pourquoi sommes-nous toutes et tous réunis là aujourd’hui, ce soir, à Lacour, Que se passe t-il ?
On nous parle de plus de 100 hectares d’installations industrielles sur Lacour ! 100 hectares ! Est-ce vraiment possible ???, Des dizaines et des dizaines d’hectares de panneaux photovoltaïques sur la commune de Lacour ? Des postes sources en bétons, des transformateurs en série, des kilomètres de câbles de cuivre enterrés, des kilomètres et des kilomètres de grillages sur deux mètres de hauteur, des caméras vidéos à gogo, des projecteurs la nuit, des entreprises de sécurité, de gardiennage, etc, etc. On voudrait littéralement transformer la campagne en zone industrielle !
Mais Pourquoi cette folie furieuse ?
Pourquoi tant de grosses multinationales, pourquoi cette myriade de nouvelles petites Start-Up, qui naissent toutes les semaines ? Pourquoi tant de VRPs, de technico-commerciaux bon chic bon genre, dans les bureaux des maires, dans les couloirs des mairies, dans les conseils municipaux, dans les conseils départementaux, dans les conseils régionaux, dans les ministères, dans les chambre d’agricultures, dans les salons agricoles, dans les comices agricoles et pour finir dans les fermes… ? Pourquoi ? Mais qu’est-ce qu’ils ont, qu’est-ce qu’il leur prend ?
Bien sûr, nous l’avons toutes et tous compris depuis longtemps, il y a là à la clef beaucoup beaucoup d’argent à se faire, beaucoup, business as usual, des millions, des dizaines, des centaines de millions d’euros. Ça brille, ça donne le vertige, ça rend fou, ça rend méchant, ça rend égoïste, mais surtout ça rend très bête.
Là-haut, son altesse sérénissime depuis son palais de l’Élysée, et depuis son discours du Creusot en décembre 2020, parle lui de multiplier par dix la capacité de production photovoltaïque de la France, et veut recouvrir entre 100 000 et 200 000 hectares de ces si jolis petits panneaux bling bling . Des millions, des milliers de millions, des milliards d’euros à se mettre dans les poches,. En passant d’abord bien sûr par beaucoup de dessous de tables., comme d’habitude.
– MEEuuuh non, qu’ils nous disent, tous ces technocrates et ces communicants, Meuuhh non, « c’est pour lutter contre le dérèglement climatique, pour sauver la planète ».
Mais c’est bien sûr, pour sauver la planète :
D ‘accord, soit, alors allons voir d’un peu plus près ce que c’est que cette nouvelle et miraculeuse solution technologique, encore une, inventée par ceux-là même qui pourtant s’évertuent depuis 250 ans à nous la détruire complètement de fond en comble notre si splendide si merveilleuse et si unique petite planète :
Il va donc maintenant être question de scruter plus en profondeur la fabrication de ces technologies dites du « Renouvelable », et ici plus précisément la fabrication de ces fameux panneaux photovoltaïques ; histoire de savoir de quoi nous parlons, ça peut servir. Avec des remerciements tous particuliers au collectif Pièces et Main d’Oeuvre de l’Isère dont le travail d’enquête intitulé « Le cycle du silicium » est la source essentielle de l’exposé qui va suivre :
Voici donc les 4 étapes du process industriel global :
1° étape : Extraction – Éventrer la terre
Le silicium constitue un quart de la croûte terrestre, le plus souvent sous la forme de silice.
En 2017, 35 à 40 milliards de tonnes de matériaux silicatés ont été extraits du sol, soit trois fois plus que tous les combustibles fossiles réunis. Pour produire de l’énergie solaire dite « renouvelable » donc, il faut défoncer la Terre avec des engins lourds, de la dynamite, du gasoil. Les particules nanoscopiques de silice rongent les poumons des mineurs. La silice est un cancérogène reconnu et provoque la silicose. Les carrières contribuent à la déforestation et à l’érosion des sols, elles polluent et acidifient l’eau, et en consomment des quantités absolument astronomiques, laissant une fois la croûte terrestre dévorée un paysage de désolation partout derrière elles. Mais la transition énergétique le vaut bien.
2° étape : Transformation de la silice en silicium métal – Brûler du bois et consommer beaucoup beaucoup d’électricité :
Le silicium métal s’obtient par carboréduction, en ajoutant au silicium du carbone (bois, charbon, houille). Pour produire 40 000 tonnes de silicium métal annuel, une usine brûle avec ses trois fours à arcs électriques 120 000 tonnes de quartz avec 80 000 tonnes de bois. Les trois fours électriques chauffent jusqu’à 3000°C, pour porter la silice et le carbone en fusion et obtenir une pâte liquide. La production de silicium métal engloutit en moyenne 11 MWh pour 1 tonne de produit fini, ce qui revient à une consommation annuelle de 440 000 MWh. Pour parler clair, et si l’on compare avec la consommation d’électricité annuelle moyenne pour une personne en fRance, soit 2.223 kWh, alors les trois fours consomment à eux seuls chaque année l’équivalent de 2,5 fois la consommation électrique totale de tous les habitants d’une ville comme Montauban. Deux fois et demi. Mais la transition énergétique le vaut bien.
La Chine produit 70 % du silicium métal mondial dans le Yunnan, le Sichuan et désormais surtout dans le Xinjiang. L’électricité est fournie par des barrages hydro-électriques et des centrales à charbon qui empoisonnent la population des villes, qu’on appelle aussi par leur petit nom : « des villes-cancer ». Quant à la main d’œuvre, notamment les Ouïgours, enfermés de force dans des centres de rééducation, elle ne coûte rien. Mais la transition énergétique le vaut bien.
3° étape : Raffinage du silicium métal en polysilicium
Pour fabriquer le polysilicium, on transforme d’abord le silicium métal en gaz trichlorosilane par réaction avec du chlorure d’hydrogène à 300 °C. Petit joueur. Puis on prend une cloche de confinement de 2 mètres de haut, on y place des tiges de silicium et on chauffe à 1100°C. C’est mieux. Tout ça à l’électrique hein. On introduit le gaz trichlorosilane avec de l’hydrogène dans la cloche-réacteur. Le trichlorosilane se redécompose alors en chlorure d’hydrogène et en atomes de silicium qui se déposent sur les tiges à la vitesse de 1 millimètre par heure. Le rendement est tout bonnement désastreux, mais la transition énergétique le vaut bien.
4° étape : Fonte du polysilicium en lingots de silicium monocristallin
Pour obtenir le silicium monocristallin, on utilise un four électrique sous atmosphère d’argon à 1450°C. Mieux… On plonge un germe de silicium monocristallin dans du silicium liquide et on étire trrrrèèèès très très lentement (0,4 à 3 mm par minute) en tournant. Comptez 30 heures pour un lingot de diamètre de 20 à 30 cm, 30 heures. Rendement toujours aussi Exceptionnel, non ? Mais la transition
énergétique le vaut bien.
Voici le bilan énergétique des dernières étapes de ce process industriel :
Le Bureau de recherches géologiques et minière, le BRGM, affirme que l’affinage du silicium métal en polysilicium consomme 150 MWh pour 1 tonne de produit fini. La transformation du polysilicium en lingot monocristallin, 31 MWh pour 1 tonne de produit fini. Enfin, la découpe des cellules exige 42,5 MWh par tonne de produit fini. Et cette découpe produit des déchets de sciage estimés entre 40 % et 50 % du lingot.. Voilà pour les économies d’énergie.
Concernant les produits chimiques utilisés tout au long du procédé de fabrication, le CNRS donnait en 2010 le chiffre de 280 kg de produits chimiques pour 1 kg de silicium produit. La liste de ces produits toxiques, voire très toxiques, est très longue.
Toujours selon le CNRS,La chaîne de fabrication des cellules a également besoin de très importantes quantités d’eau hautement purifiée. Une usine de fabrication de cellules de 15 cm qui produit 40 000 cellules par mois, consomme de 7,57 à 11,35 millions de litres d’eau par mois, soit entre 18 et 27 litres d’eau par cm2 de silicium .
Et le CNRS de conclure, « l’industrie électronique est considérée comme une industrie plus propre que ses voisines (mines, chimie, pétrole) mais en réalité, son impact environnemental est bien plus important en regard de la quantité de ressources, d’eau, d’énergie et de produits toxiques en jeu par unité de produit final ».
Alors si c’est le Centre National de la Recherche Scientifique, le CNRS lui-même qui le dit, on peut nous aussi en conclure qu’il y aurait comme qui dirait un petit problème au démarrage, Non ?
– Meuuuh non, c’est pour sauver la planète.
– Oui, Oui, c’est bon, c’est bon, on a compris, ça va, fini le bourrage de crânes …
Depuis là-haut, on traficote les prix de l’électricité, qui bondissent et ne cessent de battre records après records. Ce sont ces nouveaux prix exorbitants qui ouvrent le marché aux petits copains industriels des « Renouvelables » en permettant à leurs produits de devenir rentables.
Lorsqu’en prétendant œuvrer « contre le dérèglement climatique », ces mêmes industriels viennent alors nous proposer la bouche en cœur, ici comme ailleurs, de recouvrir des dizaines, des centaines d’hectares avec leurs centaines de milliers de panneaux photovoltaïques, et toutes les infrastructures industrielles que cela implique, alors en toute connaissance de cause nous ne pouvons que prendre acte de leur cynisme sans borne, de leur démagogie crasse et de leur adoration monomaniaque du dieu ARGENT.
Tandis qu’ici, sur terre, de plus en plus de gens s’informent sur ce qui se fomente là dans leur dos, et comprennent combien on voudrait venir détruire encore plus leur vie et leur environnement…
Alors non ! Non, nous ne laisserons pas ces gangsters et leurs complices poursuivre ainsi leurs basses besognes de destruction massive totale et suicidaire.
Cependant, le problème est bel et bien là, nous sommes d’ors et déjà dans le mur, la terre brûle, se sèche, fond, s’assoiffe, s’affame, s’étouffe, s’empoisonne, se noie. Le vivant disparaît et se meurt.
En gros, nous avons le choix entre d’un côté l’Iphone 16, la voiture électrique Tesla Model Z, le frigo connecté 6G, et la brosse à dent qui vous susurre à l’oreille son petit « bonne nuit mon gros choubidou »… C’est-à-dire que nous avons le choix entre la poursuite fatale de la dépossession de nos vies par le capitalisme industriel et sa société de consommation, pour finir toutes et tous brûlés vifs sous les prochaines canicules à venir et renouvelables…
Ou bien, d’un autre côté, diamétralement opposé, nous pouvons choisir de bifurquer, d’atterrir, et de préserver l’habitabilité de notre si belle planète .
Rien de si compliqué… il nous faut pour cela coconstruire maintenant ou jamais de nouveaux imaginaires, en réinventant par exemple la coopération, la mutualisation, la sobriété, la vie simple, proche des autres, proche de la nature, la transmission des savoirs et des savoir-faire. Il s’agit en somme d’ une simple réappropriation de nos vies, celle qui nous permettrait de continuer notre aventure terrestre…
Cela dépend de nous, et de personne d’autre !
Merci à vous.
B. du Collectif des habitants de Lacour et des environs