Azat Miftakhov est un brillant jeune mathématicien russe, anarchiste, et qui a été arrêté en 2019 puis condamné en 2021 à 6 ans de prison suite à un montage policier grossier l’accusant de « hooliganisme » (un soit-disant incendie d’un local du parti de Poutine).
Après 4 ans et demi passés en prison, et notamment dans la colonie pénitentiaire IK-17 de Kirov dans des conditions de détention particulièrement dures, il devait être libéré le 4 septembre.
Ce samedi 2 septembre, une série de manifestations étaient organisé dans différents du pays, pour soutenir Azat Miftakhov et montrer aux autorités russes que son cas n’était pas oublié.
Lors du rassemblement de Paris organisé par le groupe de solidarité avec Azat, et auquel participaient des militants de la CNT-AIT, les intervenants exprimaient leurs doutes sur l’effectivité à venir de cette mise en liberté, tant le Pouvoir russe ne s’encombre plus de respecter la façade de sa propre légalité quand il s’agit de briser ceux qui osent exprimer leur opposition à la dictature.
Comme un mauvais scénario écrit d’avance, Azat n’aura gouté à sa liberté retrouvée ce 4 septembre que le temps d’une poignée de minute : à peine avait il franchit la porte du pénitencier que déjà les agents du FSB – les services secrets russes qui ont pris la suite du KGB – l’arrêtaient et le jetaient dans un fourgon policier qui l’attendait devant la prison.
Selon un communiqué d’Action Autonome, groupe anarchiste russe clandestin et oeuvrant en exil, Le FSB a arrêté Miftakhov au motif d’« apologie du terrorisme » prétextant que pendant sa détention, Azat aurait évoqué avec d’autres prisonniers la guerre en Ukraine et des actions de l’anarchiste Mikhaïl Jlobitski, qui auraient provoqué une explosion dans le bâtiment du FSB et qui est décédé en 2018. Pour monter son dossier, le FSB aurait torturé un autre prisonnier anarchiste pour extorquer de lui de faux aveux.
Passé en comparution immédiate, Miftakhov a refusé de plaider coupable. Le 5 septembre 2023, le tribunal l’a donc remis en prison préventive pour deux mois, et a annoncé ouvrir une nouvelle enquête pénale contre lui.
Pour les anarchosyndicalistes Russes de la section russe de l’AIT (KRAS-AIT), « le cas d’Azat est un cas évident de répression politique. La peine est clairement et totalement injuste et nous soutenons bien entendu la demande de sa libération immédiate et sans condition ! »
Face à l’acharnement du régime de Poutine contre notre compagnon, notre solidarité doit s’exprimer avec plus de force encore.
Des militants de la CNT-AIT
Plus d’info sur le site « Solidarité FreeAzat » (https://blogs.mediapart.fr/solidarite-freeazat)
Le groupe «Solidarité FreeAzat» est une antenne de FreeAzat, groupe de soutien au prisonnier politique Azat Miftakhov. Pour nous contacter : libertepourazat[at]gmail.com
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« Être anarchiste n’est pas un crime ! » par Macha Menchikova
Intervention de Macha Menchikova, journaliste du magazine russe DOXA et réfugiée politique, lors du rassemblement organisé par Solidarité FreeAzat à Paris, le 2 septembre 2023, dans le cadre de la journée internationale de soutien au jeune mathématicien et anarchiste emprisonné en Russie.
« Camarades, je vous remercie d’être là aujourd’hui.
Nous sommes rassemblés aujourd’hui parce qu’Azat Miftakhov est toujours en prison. Lui, militant a »narchiste, mathématicien, innocent.
Pendant son emprisonnement, Azat a écrit deux articles et a obtenu deux bourses, l’une à l’Université de Harvard et l’autre à Paris-Saclay. Mais au lieu de consacrer tout son temps aux mathématiques, il doit couper du bois dans la colonie, et son travail physique est lourd.
Je me souviens avoir fêté l’anniversaire du journal DOXA avec mes collègues de la rédaction et nos lecteurs en 2019. On a collecté des dons pour Azat (qui, à ce moment-là, était en détention provisoire), on s’est mis du maquillage pour se faire des “sourcils expressifs” avec des paillettes (c’est par les “sourcils expressifs” qu’un témoin secret a selon lui reconnu Azat, ce prétendu témoin l’aurait vu de loin dans l’obscurité).
Nous avons même invité une membre du rectorat de notre Université à cette soirée, mais elle n’est pas venue. Nous avons parlé de féminisme et de militantisme étudiant sans elle. La police a essayé de nous empêcher, en vain.
Tout cela s’est passé en 2019. Depuis, cinq journalistes de notre journal DOXA ont été poursuivis pénalement dont quatre ont passé un an en résidence surveillée. Je suis la cinquième. Au printemps dernier des poursuites ont été engagées contre moi pour “justification du terrorisme”. C’est ce même article du code pénal qui va être utilisé contre Azat. Cette accusation est non seulement absurde, mais aussi lourde de conséquences.
Notre pays est en guerre contre l’Ukraine, et cette guerre semble interminable. Si Poutine n’a pas la garantie de gagner sur le champ militaire, il a en revanche le pouvoir de faire taire les opposants à l’intérieur de la Russie. Si nous ne l’empêchons pas de le faire. Si nous ne montrons pas au monde entier que Poutine n’est pas l’ami des opprimés, que Poutine n’est pas l’ami des victimes de l’impérialisme américain. Poutine est lui-même impérialiste et l’ennemi des travailleurs, des étudiants, des chercheurs, des anarchistes, des communistes, des socialistes!
Azat Miftakhov est en prison parce qu’il est anarchiste. Mais être anarchiste n’est pas un crime !
Liberté pour les prisonniers politiques !
Liberté pour Azat Miftakhov ! »