Des ronds dans l’eau … C’est l’image qui me vient à l’esprit pour illustrer la dernière mobilisation, de quatre syndicats de la santé (CGT, FO, SUD, UNSA) pour la journée d’action et de grève hospitalière du 20 juin 2023.
Organisée après 6 mois de « mobilisations » contre les retraites, cette journée avait pour but d’interpeller autorités publiques et de santé sur l’urgence de maintenir le personnel en poste et de recruter de nouveaux salariés pour pouvoir s’occuper des patients dans des conditions simplement normales quant à la dignité humaine. Le personnel se trouvant en souffrance et en flux tendu depuis plusieurs années n’arrive plus à remplir ses taches.
Le moins qu’on puisse dire c’est que encore une fois les syndicats ont fait le strict minimum pour donner à cette journée l’envergure que le sérieux du sujet mérite pourtant. Mais déjà pendant la lutte contre la réforme des retraites, les syndicats ont plus fait jouer le frein que l’accélérateur. Les chiffres parlent d’eux même : sur toute l’AP-HP le taux de grévistes pendant le mouvement était de l’ordre de 1% (1,59% à Broca, 0,2% 0 Corentin Celton). Par exemple dans les services – voire les hôpitaux – où sont présents des militants de la CNT-AIT, ils ont souvent été les seuls à se mettre en grève pendant les journées de manifestation… Les syndicats ont organisé peu ou pas de tractages pour mobiliser, pas ou peu d’AG d’information et quand elles avaient lieu c’était plutôt démobilisateur qu’autre chose. L’unité tant vanté sur les plateaux télés et sur les réseaux sociaux ne s’est pas vraiment vue sur le terrain. Les syndicats sont de moins en moins des structures de lutte collective mais de plus en plus des services juridiques pour traiter de cas individuels.
De toute façon, de nombreux permanents syndicaux sont surtout là pour leur confort perso avant tout … Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que l’individualisme qui gangrène de plus en plus nos services ne s’étende chaque jour : dans le travail c’est de plus en plus le règne du « chacun pour soi ». Sinon, rien dans les médias audiovisuels et très peu dans la presse écrite sur la grève du 20 juin, tellement l’organisation de cette journée fut un fiasco. Combien, faudra-t-il encore de temps, avant que les travailleurs comprennent qu’il n’y a rien à attendre des syndicats réformistes.
Mais si on ne peut pas compter sur les syndicats institutionnels, notre hiérarchie –elle – ne manque pas d’imagination. Puisque finalement l’allongement de la retraite jusqu’à 64 ans est passée comme une lettre à la poste, pourquoi pas essayer – allons-y franchement – de la repousser jusqu’à … 72 ans !!!
Ainsi, avec comme prétexte de pallier au manque de personnel, l’Hôpital Nord Franche-Comté et le Centre Hospitalier de Soins de Longue Durée du Chênois ont communiqué ce lundi 19 juin [soit le veille de la journée de mobilisation, ce qui montre à quel point ils craignaient cette journée …] sur leur volonté de recruter des praticiens et infirmiers retraités dans le cadre du cumul emploi-retraite.
« Ce dispositif permet de cumuler la pension de retraite avec les revenus d’une activité professionnelle. Ce cumul peut être intégral ou partiel. Les infirmiers et les médecins peuvent travailler en cumul emploi-retraite jusqu’à 72 ans » Les aides-soignantes et aides-soignants sont aussi prévues dans le dispositif. On sait que ce genre d’expérimentation, a vocation à « test » avant ensuite d’être généralisée. Ce qui ne manquera pas d’arriver si nous n’opposons à cette menace que les éternels ronds dans l’eau…
Si vous êtes décidés à ne plus subir, rejoignez-nous !
Des militants de la CNT-AIT
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