Le Congrès National de la santé de 1937 de la CNT-AIT a posé les bases de ce que pourrait être une approche anarchiste de la santé et du système sanitaire qui lui est rattaché. En voici schématisé et remis au goût du jour selon le triptyque anarchosyndicaliste classique, « principes, tactiques et finalités », les principales conclusions :
Finalité : la santé d’un point de vue anarchiste
Du point de vue anarchiste, la santé est pour chaque individu un état de bien-être physique, mental et social.
La santé n’est pas le simple maintien en état de la force de travail et sa reproduction, la santé est un droit de l’être Humain : le droit à une vie saine, digne et libre.
Principe : Le système de santé d’un point de vue anarchiste
Un système de santé est l’ensemble des actions mises en œuvre par une population donnée (communauté) pour préserver et restaurer le cas échéant la santé des individus qui la composent.
D’un point de vue politique, les principes anarchistes appliqués au système de santé sont : un système de santé universel, socialisée, solidaire
Du point de vue de l’action, le principe anarchiste fondamental est le refus de la représentation, c’est-à-dire l’action directe (par le concerné directement, sans intermédiaire). En termes de système de santé, l’application du principe d’action directe intervient à deux niveaux, individuel et collectif :
- Action directe individuelle : l’individu est le premier responsable de sa santé. Le médecin ne peut pas tout. L’individu doit donc privilégier la prévention, agir sur soi-même et lui-même par l’éducation et l’auto formation sanitaire, adopter un mode de vie sain et hygiénique, éviter tout ce qui nuit à la santé et les excès en général : tabac, alcool, jeux, …, pratiquer des exercices physiques réguliers ; en un mot se respecter soi-même, ainsi que son environnement naturel et social.
- Action directe collective : être attentif aux autres (se protéger soi et les autres), pratiquer l’entraide et la solidarité, participer à la vie sociale par exemple dans le syndicat, la société de résistance ou les comités de contrôle ouvrier des structures de santé. Là encore, le médecin ne peut être seul dans l’organisation de la santé, c’est une organisation sociale entière qui a en charge de la santé du prolétaire (asistencia proletaria).
« Les médecins ne sont pas tout (…) Il est nécessaire, en ce qui concerne la santé, qu’elle entre pleinement dans la lutte des classes, qui est de faire en sorte que tous les individus disposent des moyens nécessaires pour atteindre à une finalité hygiénique » Isaac Puente
Tactiques : mise en œuvre des principes pour atteindre la finalité
Le Congrès national de la Santé de la CNT-AIT de 1937 a défini un certain nombre de tactiques, à même de mettre en œuvre les principes sanitaires anarchistes et d’atteindre la finalité :
- Contrôle ouvrier des centres de santé
- Décentralisation sanitaire (un centre de santé dans chaque canton)
- Accessibilité garantie aux services de santé
- Suppression de la charité, système universel
- Santé maternelle et infantile (liberté sexuelle)
- Eugénesisme : contraception, interruption volontaire de grossesse, protection des enfants et protection des femmes
- Campagnes de santé préventive
- Unification de la protection et de la prévention
- Education à la santé à travers affiches, conférences, brochures, radio, cinéma, expositions …
- Saisie et collectivisation des immeubles et équipement privés
- Abolition des Ordres professionnels et Syndicalisation dans une structure interprofessionnelles regroupant toutes les activités concourant à la santé et à l’hygiène dans une approche globale et intégrée : les médecins, pharmaciens, dentistes, vétérinaires, kinésithérapeutes, les laboratoires biologiques et pharmaceutiques, herboristes, la production, répartition et distribution des médicaments et matériel médicaux, mais aussi les services funéraires les barbiers, coiffeurs, manucure, les laveries industrielles, la lutte contre les nuisibles et l’assainissement, le traitement des déchets.
Dans l’ensemble, ces principes, tactiques et finalités de l’anarchosyndicalisme nous semblent toujours valables dans leurs fondements, même si leur expression est amenée à être révisée au vu des développements notamment techniques.
Esquisse d’une santé anarchiste
Santé = pour chaque individu un état total de bien-être physique, mental et social.
La santé n’est pas le simple maintien en état de la force de travail et sa reproduction, la santé est un droit de l’être Humain : le droit à une vie saine, digne et libre.
Système de santé = l’ensemble des actions mises en œuvre par une population donnée (communauté) pour préserver et restaurer le cas échéant la santé des individus qui la composent.
2 commentaires sur Vers une définition de la Santé Anarchiste : le Congrès National de la Santé de mars 1937