06/09/2020, ASN, https://asnkoeln.blackblogs.org/2020/09/06/koeln-demo-gegen-pflegenotstand/
L ‘«Alliance de Cologne pour plus de personnel dans les services de santé» (Kölner Bündnis für mehr Personal im Gesundheitswesen) a organisé une manifestation de protestation avec des centaines de participants le samedi 5 septembre 2020. Après une assemblée au centre-ville, devant la cathédrale, la manifestation est passée par le quartier central jusqu’à «l’Institut d’économie allemande». Des discours ont également été prononcés devant la maison de retraite médicalisée St.Vincenz-Haus située à proximité, contre les conditions de travail et de vie dramatiques (d’ailleurs déjà bien avant la pandémie corona) dans le système de santé patriarcal et orienté vers le marché.
De nombreuses infirmières et infirmiers généralistes comme gériatriques, ainsi que d’autres professionnels, mais aussi des initiatives de santé basées sur la solidarité ainsi que des patients concernés, ont participé à la manifestation, qui avait pour devise «Mettre les applaudissements dans la rue ! La rebellion des infirmières maintenant! » Seule la première partie de ce programme a pu être réalisée, mais cela pourrait néanmoins être le début de nouvelles actions de protestation urgentes dans cette branche socialement vitale. Car ni les belles promesses électorales, ni les primes ponctuelles misérables n’apaiseront la colère des collègues, pas plus qu’elles n’amélioreront les conditions précaires des soins hospitaliers, ambulatoires ou même des soins privés.
L’appel à la manifestation proclamait :
«Le coronavirus tient fermement sous son contrôle le monde entier et notre vie quotidienne. Ce danger pour la vie est systémique ! Le virus se diffuse largement et de plus en plus de personnes tombent malades, parce qu’elles doivent travailler, produire et vivre dans des conditions dangereuses, que ce soit dans les maisons de retraite (comme tout récemment avec une résidence gériatrique privée à Cologne-Rodenkirchen), dans des foyers d’abris pour réfugiés (comme en juillet dans le foyer de Cologne-Porz), ou encore dans des usines (comme dans les ateliers de découpe Tönnies) ou dans des logements exigüs.
La vie de tous les jours est le problème! Le Covid-19 est un amplificateur …
Beaucoup de choses ont été dites sur l’épidémie mondiale de coronavirus, sur le système de santé et sur de l’importance non seulement du personnel médical, mais aussi du personnel infirmier. Il y a eu des applaudissements pour eux, et des politiciens de tous les partis ont chanté leurs louanges dans les talk-shows télévisés. Seulement les belles paroles à elles seules ne sont d’aucune aide contre la pénurie flagrante de personnel, contre le manque de matériel de protection, contre la privatisation des soins infirmiers pour les malades et les personnes âgées. Les mots superficiels n’augmentent pas les bas salaires. Que ce soit les infirmière auxiliaire en soins gériatriques, les infirmières gériatriques en soins ambulatoires, les nettoyeurs de l’hôpital ou les infirmières en travail posté, aucune d’entre elle n’a reçu a un euro de plus grâce aux applaudissements. Sans parler du fait qu’aucun des collègues épuisés par les heures supplémentaires n’a été libéré de sa permanence ou du stress de la gestion infirmière et des chefs de service ou d’entreprise.
Dans le secteur de la santé, il y a la compression des coûts, la stagnation des investissements et des modernisations, un équipement inadéquat, des pénuries de personnel horribles, des salaires médiocres, un stress incroyable et la pression du temps de travail pour les infirmières. Il en résulte parfois un traitement des patients éthiquement questionnable ! Nous voulons et nous devons changer cela ! Tout le monde parle d’un retour à la normale, mais nous ne pouvons pas simplement revenir à la mauvaise situation antérieure. Nous devons changer réellement ! Le système de santé doit maintenant être planifié de manière judicieuse et raisonnable, maintenant ! Il ne doit pas être basé sur une simple rentabilité économique. Les soins de santé nécessitent des installations proches des habitations des gens, basées sur les besoins de la population, avec un personnel suffisant et de bonnes conditions de travail, du temps pour les patients et pour la repos réparateur. Ces tâches appartiennent au secteur public et doivent être socialisées à terme !»
Cependant, il ne faut pas s’appuyer sur la gouvernance par l’État, car l’Etat a poussé à la privatisation des établissements de santé pendant des décennies, refusant en même des soins médicaux complets aux migrants sans droit de séjour. Il y a un besoin urgent de changement fondamental dans la solidarité. Non seulement dans le secteur de la santé, mais aussi dans le domaine plus large des soins et de l’assistance (activités encore largement féminines) que ce soit au sein du ménage, de la famille, des amis et du quartier. Et nous avons besoin de lieux de travail auto-organisés dans lesquels les tâches sociales sont conçues conjointement – au-delà de la logique capitaliste du profit, dépassant l’hétéronomie et l’exploitation.
Réseau Anarcho-Syndicaliste de Cologne (ASN Köln)
Extrait du Bulletin d’info international « un autre futur pour la santé »#2