Dans la santé comme partout : travaille et crève

On est très injuste avec ce gouvernement ! Nous pensons tous que sa gestion catastrophique de la crise COVID est due à son incapacité à anticiper et à se préparer. C’est complètement faux et le gouvernement nous donne tous les jours la démonstration qu’il est tout à fait capable de prévoir et de s’organiser, quand il le veut.

Déjà au mois de mars 2020, nous n’avions pas de stock de masques par ce que le gouvernement n’en avait pas commandé. Par contre il n’a pas oublié en novembre 2019 puis de nouveau en avril 2020 de commander plusieurs millions d’euros de gaz lacrymogènes, de LBD et autres drones policiers. Ce gouvernement a le sens des priorités et des urgences !

Dans la santé c’est pareil. Alors que la seconde vague est là, et que l’iceberg de toutes les autres pathologies « reportées » va réapparaître, que croyez-vous que le gouvernement fasse ? Ne parlons pas de cet accord de la honte le Ségur … C’est un accord de trahison, signé par les syndicats réformistes et contre lequel les syndicats dit contestataires n’ont organisé aucune résistance sérieuse (ils ont appelé à des AG dans votre structure ?) alors que l’opinion publique nous était archi favorable. Les 183 euros ne vont même pas couvrir l’inflation des dix dernières années avec point d’indice bloqué !



Alors que nous sommes exténués, que de nombreux collègue sont en burn out, que dans certains services des collègues ont été contaminés par la Covid faute de moyens de protection, que fait le gouvernement ? Il embauche ? il donne des moyens supplémentaires ? Mais non voyons, son éminence Macron nous l’a dit le 6 octobre, en réponse à un collectif de soignants en colère « « Ce n’est pas une question de moyens, mais d’organisation »

Et question organisation, le gouvernement prépare l’avenir : il ouvre le feu vert à la privatisation.

Oh, il le fait en douce, pas franchement, par petites touches. Ça avait commencé avec le décret 2019-1593 du 31 décembre 2019 (pris en pleine période de fêtes de fin d’année, pour passer inaperçu) qui introduit la rupture conventionnelle dans la fonction publique. Autrement dit qui permet de licencier sans le dire des fonctionnaires … Et puis ce 3 septembre, un nouveau décret, le n°2020-1106, relatif aux mesures d’accompagnement en cas de suppression d’emploi dans la fonction publique hospitalière.

Certes ce décret ne parle pas de licenciement, il explique juste ce qui va se passer lors des fermetures d’hôpitaux. Bien sûr ce texte dit que l’agent pourra rester en activité, même si sa structure de rattachement est fermée. Mais le texte prévoit que l’État n’a pas obligation de lui trouver une nouvelle affectation… Or si l’État ferme des structures, ce n’est pas pour en rouvrir d’autres, ni pour gonfler les effectifs de celles existantes car l’heure est au « dégraissage du mammouth »… Si l’agent est sans affectation, il ne percevra plus aucune prime liée à l’exercice de ses fonction  ! Autrement dit son revenu sera largement amputé, de telle façon que si l’agent a une famille, des remboursements à payer, des enfants étudiants il ne gagnera plus assez pour subvenir à ses besoins…  L’agent sera alors poussé à négocier son départ de la fonction publique avec l’illusion qu’en s’installant en activité libérale ou en rejoignant des structures privées, il pourra trouver une meilleure alternative.

On le comprend, ce texte n’est rien de moins qu’un texte de harcèlement institutionnel officialisé, pour pousser les agents vers la sortie … L’État aura beau jeu de dire qu’il ne privatise pas et que ce sont les agents qui partent vers le privé « à leur demande », mais auront-ils le choix ? Et pour les patrons des structures privées ce sera sans risque : l’article 16 permet une période d’essai pour le salarié qui peut aller pendant un an dans une structure privée, en mise à disponibilité. Ainsi si « la greffe » ne prend pas, le patron peut se séparer de son employé sans risque et en prendre un autre. Qui a dit que l’État ne pensait pas à tout et ne préparait rien ?

Là encore, on n’entend pas les syndicats sur ce véritable plan de privatisation et de harcèlement institutionnel…

Alors nous aussi il faut nos préparer à riposter, pour ne pas laisser faire.
La crise Covid a montrée que la santé était un bien public, et qu’une gestion strictement comptable produisait catastrophe sanitaire et injustice. Et la future « organisation », privatisée, n’arrangera rien !

A nous de nous mobiliser, soignants et patients ensemble, pour exiger plus de lits dans nos hôpitaux, des embauches massives des salaires dignes.

De lits, + de personnel, un salaire digne,
Retrait de l’accord de trahison Ségur,

Pour un système de santé
universel, socialisé, solidaire !

Vive la sociale !

Des travailleurs du secteur santé de la CNT-AIT (Anarchosyndicaliste)

Cochin-Broca –Hôtel-Dieu, décembre  2020

contact@cnt-ait.info    https://cnt-ait.info