« Certes la république n’est pas l’idéal mais elle existe. En la défendant circonstanciellement, nous n’abandonnons pas nos positions révolutionnaires. La CNT[Vignoles] aurait fait une erreur en prônant l’abstention. Il est peut être temps de dire que le bulletin de vote peut parfois se montrer utile »
in un autre futur, bulletin syndicat communicatin-spectacle de la CNT Vignoles, septembre 2002, N°3, article « Les élections, la république et l’anarcho-syndicalisme », pages 6,7 et 8
Très bien, l’appel à voter CHirac en 2002 n’était pas un renforcement du capitalisme d’état. Mais – tu le concèdes – un renforcement du capitalisme néo libéral. Dans le fond est ce mieux ? Est ce que ça change quelque chose en nature ?
Pour un certain courant libertaire – dans la filiation duquel AL Se situe – on pourrait dire qu’en effet cela change quelque chose : il s’agit d’un courant qui a pris une tournure atlantiste pendant la guerre froide, au motif qu’il était préférable d’avoir un capitalisme libéral démocratique plutô qu’un régime soviétique, car au moins le premier te permet de t’exprimer là où le second te réduit au silence par la répression la plus terrible. (si tu veux en savoir plus sur ce courant, tu peux par exemple lire le livre sur l’un des principaux protagonistes en France, Luis Mercier Vega, aux éditions ACL. Bien sur ce livre étant à la gloire du gars, tu n’y liras pas un texte sur « comment je me suis résigner à vendre mon âme à la CIA pour faire barrage au bolchevisme ». cependant si tu sais lire avec un peu de distance et d’esprit critique, tu veras par exemple comment Luis Mercier Vega justifie être financé par les américains …
Cette politique du moindre pire est aussi vieille que le mouvement anarchiste. Au nom du moindre pire, le mouvement a connu ses pires défaites (notamment le ministérialisme en 1936 en espagne).
Ce qui différence – à mon sens – la CNT AIT et AL c’est une interprétation radicalement opposée de ces échecs : pour le courant possibiliste (AL entre autre) c’est parce que le mouvement n’est pas assez loin ans cette politique du moindre pire qu’il a connu ces insuccès. Cette analyse les conduits à une révision des « fondamentaux », dont il faut en partie se débarrasser car inadaptés ou faux, pour se rapprocher d’autres tendances / familles et ainsi se fondre dans une nouvelle dynamique qui dépasse le seul anarchisme. (ce qui transparait de tous les textes de positions d’AL)
Pour la CNT AIT au contraire, c’est la résignation à l’abandon des fondamentaux et avoir transigé avec les principes qui a conduit aux désastres. Cette analyse les conduits donc à essayer de rénover les fondamentaux à la lumière des pratiques révolutionnaires passées (et pas seulement anarchistes d’ailleures) mais aussi présentes, dans une perspective d’une approche globaliste.
Malheureusement, j’ai bien peur que ces deux approches soient en effet difficilement conciliables.
ON verra bien comment – dans la perspective de 2022 – chacun prendra position …