On se souvient qu’en 2002, le second tour des élections présidentielles françaises a vu s’affronter le représentant de la droite et celui de la droite extrême, Chirac contre Le Pen. Le résultat ne faisait aucune illusion, il était évident que Chirac serait élu, réunissant sur son nom tous les républicains de droite comme de gauche. Une campagne de matraquage médiatique d’une intensité rarement vue se mit en branle pour faire croire que le fascisme était aux portes du pouvoir. les abstentionnistes furent stigmatisés comme des traitres à la Nation …
On aurait pu s’attendre à ce que les anarchistes, ou du moins les révolutionnaires, soient immunisés contre ce genre de propagande et de bourrage de crâne et gardent leur sang-froid, et leur positions politiques, en remettant les choses à leur place et en refusant de participer à l’Union Nationale derrière un Chirac dont on savait qu’il était un politicard de droite dure …
Et pourtant, les Vignoles participèrent aux cris des loups. On lu dans leur presse, ou dans la presse de leurs amis « redskins », que « face au fascisme tous les moyens sont nécessaires ». Ce qui veut dire « y compris voter … »
Le journal « Un autre futur », de la section Communication des Vignoles (et dont par la suite les animateurs participèrent à la création de la scission des Vignoles : Solidarité Ouvrière), publia d’ailleurs un long article pour justifier pourquoi les Vignoles n’avaient pas appelé à l’abstention, que ce n’était pas un hasard ni une indifférence au processus électoral, mais bien un appel en creux à voter et surtout à défendre la république :
« Certes la république n’est pas l’idéal mais elle existe. En la défendant circonstanciellement, nous n’abandonnons pas nos positions révolutionnaires. La CNT[Vignoles] aurait fait une erreur en prônant l’abstention. Il est peut être temps de dire que le bulletin de vote peut parfois se montrer utile »
Un autre futur, bulletin syndicat communication-spectacle de la CNT Vignoles, septembre 2002, N°3, article « Les élections, la république et l’anarcho-syndicalisme », pages 6,7 et 8
Cette politique du moindre pire est aussi vieille que le mouvement anarchiste. Au nom du moindre pire, le mouvement a connu ses pires défaites (notamment le ministérialisme en 1936 en espagne).
Ce qui différence – à mon sens – la CNT-AIT d’autres mouvements anars ou révolutionnaires que je qualifierai de possibilistes (Vignoles, SO, FA, UCL, …) c’est une interprétation radicalement opposée de ces échecs : pour le courant possibiliste, c’est parce que le mouvement n’est pas assez loin ans cette politique du moindre pire qu’il a connu ces insuccès. Cette analyse les conduits à une révision des « fondamentaux », dont il faut en partie se débarrasser car inadaptés « aux temps présents » (quand ils ne pensent pas qu’ils sont erronés …) , pour se rapprocher d’autres tendances / familles degôche et ainsi se fondre dans une nouvelle dynamique »unitaire » qui dépasse le seul anarchisme. (ce qui transparait de tous les textes de positions d’AL puis de l’UCL, ou encore dans l’habitude de toutes les officines « anarchostes officielles » de cosigner tout et n’importe quel tract avec toutes la gauche )
Pour la CNT-AIT au contraire, c’est la résignation et l’abandon des fondamentaux et avoir transigé avec les principes qui a conduit aux désastres. Cette analyse les conduits donc à essayer de rénover les fondamentaux à la lumière des pratiques révolutionnaires passées (et pas seulement anarchistes d’ailleures) mais aussi présentes, dans une perspective d’une approche globaliste.
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