Étrange premier mai…
Pas de manif, pas de muguet, pas d’apéro entre potes, ils doivent bien rigoler Jupiter et son copain Roux de mes deux. Un premier mai comme ça, ils n’osaient même pas en rêver. Ce virus de merde, plus à droite, tu meurs. Heureusement, le 8 mai, nous regarderons de nos fenêtres défiler les rescapés de l’armée française, en oubliant bien sûr qu’à cette date en 1945, cette même armée massacrait à Sétif. Nous aurons aussi l’ascension, où enfin en liberté provisoire nous pourrons comme Jésus, nous envoyer en l’air.
Quant aux syndicats et aux partis de « gôche », incapables de réaction, pas la moindre mini-manif, même en respectant la « distanciation », pas de dépôt de gerbe devant les monuments aux morts du travail, pas de drapeau rouge aux fenêtres de la Maison du Peuple, pas d’Internationale vibrante dans la rue, pas de slogans vengeurs, juste de la contestation virtuelle, après le télé-travail, c’est la télé-lutte des classes qui vient de naître, c’est à gerber. Les casserolades ou autres guignolades insoumises n’effraieront même pas les pigeons. A la place de leurs adhérents, je craindrai de me faire tirer par les pieds, nuitamment par le fantôme de la classe ouvrière…
J’aurai surtout peur de la réaction de mes petits enfants, dans quelques années, lorsqu’ils demanderons :
« Où tété Pépé, le 1 er mai 2020, et toi mère-grand, que faisais-tu ce jour là ?
J’étais chez moi, con-finé et regardais sur ma tablette, vociférer Monsieur Martinez…
Sur ce ridicule morceau de plastique tout noir ? Wouarf ! Vous étiez vraiment nuls…
Car eux, ils auront retrouvé la libre parole, la belle écriture, qu’ils s’enverront des lettres d’amour, se bécoteront sur les bancs publics, inventeront des poèmes, joueront de la musique, lirons sur des livres en papier, vivront quoi …
Et nous, nous regarderons s’ouvrir notre tombe en regrettant, mais un peu tard, d’avoir oublié de nous battre…
Riton 1 er mai 2020
Pendant ce temps à Auch …
Les compagnons de la CNT-AIT ont bravé le virus du Corona et celui de la Grippe Aviaire (les poulets …) en mettant le nez dehors en ce premier Mai 2020 pour dire « on est là ». (dans les respects des règles sanitaires : on veut être en forme pour la révolution qui viendra, espérons le)
Il n’y avait pas une âme en ville, sauf quelques égarés cherchant désespérement où ils pourraient acheter leur brin de muguet.
Petit tour devant les permanences syndicales et autres maison du peuple, fermées à double tour et même pas une affichette ou un drapeau à la fenêtre … C’était bien la peine que la CGT chouine parce que la Mairie voulait la mettre dehors …