A PROPOS DU DERNIER LIVRE DE PIKETTY ET DU DEPASSEMENT DU CAPITALISME

Dans le dernier livre de Piketty, « Capital et idéologie », il doit s’y trouver beaucoup de choses intéressantes je pense. C’est une somme de plus de1 000pages et ça tiendrait de l’exploit s’il avait écrit une telle somme uniquement avec des conneries.

Cependant, quand on l’entend expliquer ses propositions pour « dépasser » le capitalisme actuel, ben ça fait plouf.

Par exemple, la propriété privée.

Plutôt que de proposer sérieusement d’abolir la propriété privée au profit de la propriété d’usage, il propose une propriété sociale et temporaire dans laquelle les salarié-e-s (espèce en voir de disparition il faut le rappeler) seraient majoritaire au capital de l’entreprise qui les emploie et les actionnaires, minoritaires. Ca sonne comme quelque chose de cool dit comme ça. Mais quand on y réfléchit un peu plus avant, sa proposition n’est rien d’autre qu’une forme d’ubérisation extrême et généralisée, les salarié-e-s devenant dans ce cas leurs propres exploiteurs. De quoi dissoudre très concrètement et complètement la lutte des classes. Et le fait que cette propriété sociale soit temporaire ne change rien à l’affaire.

Ensuite, concernant le système d’imposition.

Il propose l’impôt progressif. Jusque là, rien de bien nouveau. Là où ça sonne « radical », c’est dans les tranches qu’il propose. En effet, il propose de taxer les plus riches à hauteur de 90%. Là encore, ça sonne « radical » et même « Gilet Jaune » j’ai envie de dire. Et il propose également que tout cet argent récupéré serve à une redistribution du capital. En gros, à sa majorité, chacun toucherait 120 000 balles de capital.

Là encore, ce qu’il propose, c’est une démocratie capitaliste totale. Ce qu’il propose, c’est qu’on devienne toutes et tous capitalistes, même celles et ceux que ça n’intéresse pas, et au nom de la démocratie qui plus est.

Nous avions Bernard Friot et son salaire à vie qui déboucherait sur un capitalisme d’Etat.

Nous avons maintenant Piketty : l’ubérisation totale, absolue et extrême de toute la société, démocratiquement et par le bas. Tous capitalistes, tous détenteurs de la propriété des moyens de production et du capital, mais sans la disparition de la propriété privée au profit de la propriété d’usage.

L’anarchisme propose quelque chose de vraiment radical en comparaison.

En abolissant la propriété privée au profit de la propriété d’usage, toute personne travaillant dans un collectif productif est automatiquement propriétaire de l’ensemble des outils et moyens de productions utilisés dans ce collectif. Chaque personne a alors droit de s’exprimer sur quoi produire, comment, pourquoi et avec quels moyens et c’est ensemble, collectivement, que tout ça est décidé, dès lors qu’il existe indépendamment de son origine, de son genre, de son âge et de sa participation ou non aux productions nécessaires au fonctionnement social puisque l’appartenance au collectif de production local et l’activité en son sein n’est pas un pré-requis pour avoir droit au chapître si cela est décidé par le collectif en assemblée.

Rien ici n’est lié de près ou de loin à une portion de capital détenu. C’est l’usage qui fait loi, pas la propriété privée du capital. C’est là que réside la subversion de l’anarchisme concernant l’entreprise capitaliste. Cette dernière disparaît de fait au moment de la mise en œuvre des principes anarchistes au sein du collectif, et ce quelque soit le collectif.

Ce principe vaut également pour le logement, les transports, la fourniture ou non d’énergie, et dans quelle(s) condition(s), etc, la gestion municipale, la production de nourriture, etc.

Toute la société est transformée et le capitalisme est vraiment et radicalement dépassé puisqu’il disparait tout bonnement.

A.G. (via Facebook)

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