Suite à mon arrestation le 13 Août dernier à Exarchia, j’ai été déténu pendant une journée au commissariat de Saint Panteleimon à Athènes. Là, j’y ai retrouvé des migrants qui y étaient detenus dans une situation effroyable, parfois depuis plusieurs mois. Ils m’ont demandé d’écrire et de diffuser ce texte pour eux, pour faire connaitre leur situation..
« C’est comme si nous n’existions pas, certains d’entre nous sont enfermés ici depuis 3 mois. Le premier jour où les flics nous ont arrêtés et amenés ici, ils ont pris nos empreintes digitales et puis ls nous ont emprisonnés jusqu’à maintenant, sans plus s’intéresser à nous ni nous demander si nous avions besoin de quoique ce soit.
Chaque jour, chaque heure, nous demandons aux flics de pouvoir déposer une demande d’asile mais les flics s’en foutent. Ils nous disent qu’ils viennent juste d’appeler le centre de détention de Petrou Rali et que ce n’est leur faute si Petrou ne décroche pas le téléphone ou que leur téléphone est occupé ou qu’ils sont trop occupés …
La nourriture est très très mauvaise et il n’y en a pas assez pour nous tous. Certains d’entre nous ont déjà essayé de se suicider et certains le feront très bientôt parce que nous sommes fatigués. C’est peut-être la seule façon pourque les flics nous sortent d’ici, au moins pendant un instant.
Nous n’avons pas d’argent ici et c’est très coûteux d’appeler à l’extérieur par carte téléphonique, une carte coûte 4 euros pour à peine 4 minutes d’appel.
La plupart d’entre nous sommes seuls en Grèce. Nos familles nous manquent, la lumière nous manque car la prison n’a qu’une fenêtre pour voir à l’extérieur et devant cette fenêtre, il y a un bâtiment qui ne permet pas aux rayons du soleil d’atteindre notre peau.
Nous avons besoin de personnes extérieures qui nous aident, qui se soucient de nous. Oui, c’est vrai que sur le papier, nous n’existons pas, mais le fait est que nous sommes des êtres vivants biens rééls. »
Le 13 août, lorsque les flics m’ont transféré devant le tribunal pour mon procès, la première chose que je fut un tribunal rempli d’immigrés. Quand j’ai parlé avec certains d’entre eux, je me suis rendu compte que les deux seules raisons de leur présence ici sont d’abord de ne pas ressembler aux Européens. Alors la police les arrête et les fouille parce que, dans les opinions racistes du système, la couleur de votre peau suffit pour vous accuser d’être un criminel; Ensuite, les immigrés n’ont pas de preuve légale pour attester de leur existence.
J’ai fait ma déclaration politique devant un tribunal, où les immigrés subissent le comportement insultant de flics raciste, sous les yeux même du tribunal; J’ai dit que les policiers qui ont assassiné Alexis Grigoropoulos, âgé de 15 ans, étaient encore armés de fusils; Je l’ai dit alors que seukement quelques jours avant, le tribunal avait relaché son meurtrier; Je l’ai dit lorsque les juges me regardaient dans les yeux en me répondant que le tribunal et les flics se comportaient de la même manière avec les grecs et avec les immigrés; J’ai dit qu’il était très clair que la présence d’immigrés devant la cour faisait partie du plan de l’État visant à criminaliser l’identité d’immigré; Ce procès était un bon exemple pour la « justice bourgeoise », qu’il serait plus approprié de nommer l’injustice.
Il ne s’agit pas simplement d’une position personnelle, mais qu’une souffrance commune et d’un problème commun à toutes les classes de la société qui sont opprimées par l’autorité.
Abtin PARSA, 15 Aoû 2019
https://athens.indymedia.org/post/1599482