Tract diffusé à Toulouse en Août 1944, pendant les jours mêmes du départ de l’armée allemande, par les anarchosyndicalistes
Manifeste des Groupes Libertaires à tendance Anarcho – Syndicaliste
POUR UNE PAIX SOCIALE ENTIÈRE
Un régime odieux prend fin. Nous sommes sur le chemin de la PAIX. Les bombes, les canons, la mitraille vont faire silence. Il faut que ce soit à jamais.
Il faut que la dure leçon de ces cinq années de guerre porte ses fruits.
Méditons longuement, profondément sur les tombes de nos morts, méditons sur nos blessures, sur nos misères, sur nos ruines.
Pensons au bien-être que les milliards d’êtres occupés à la guerre auraient pu apporter à la PAIX.
L’Humanité doit se préoccuper dès aujourd’hui de faire naître des cendres encore fumantes du passé et du présent, une ERE NOUVELLE.
Une ère de PAIX SOCIALE où le bonheur de chaque individu soit caractérisé par une constante amélioration de sont sort matériel et moral.
Est-ce possible ?
Oui, si nous voulons rompre avec les errements passés.
Il ne faut plus que les peuples confient à des maladroits, des arrivistes, des fous ou des criminels le soin de les conduire les yeux fermés.
Il faut au contraire que la classe qui travaille, qui produit, participe pratiquement et activement aux destinées du pays et par cela même à celles de l’Humanité toute entière.
Les travailleurs raisonnables et conscients de leur devoir d’hommes doivent s’entendre sur des points précis visant l’économie d’un pays, cette économie qui est en définitive la base de la vie sociale.
C’est au sein de l’organisation syndicale que cette entente peut et doit se faire.
Le but à atteindre n’est point la prédominance d’une idée, d’une classe, d’un parti, d’un clan, d’un bureau mais pour tous, d’une rationnelle et méthodique organisation de vie.
Seuls les syndicats peuvent créer cette ambiance de concorde sociale.
Au travail donc !
Instaurons une paix dans tous les domaines en supprimant l’exploitation des hommes par l’homme ainsi que son assujettissement à des lois tyranniques.
Fidèles au passé syndicaliste de la C.G.T., à l’œuvre de ses pionniers, les VARLIN, PELLOUTIER, POUGET, GRIFFUELHES, YVETOT, nous entendons poursuivre leur action révolutionnaire.
Nous définissons succinctement notre position dans la lutte à mener :
Indépendance et autonomie absolue du mouvement syndicaliste vis-à-vis des partis politiques ;
Liberté de parole, de réunion, d’écrits pour tout ce qui concerne l’organisation économique du pays et de la PAIX ;
Remise entre les mains des travailleurs des moyens de production ;
Remise aux mains de l’organisation syndicale de la direction économique intérieure et extérieure du pays ;
Création de coopératives de production et de distribution ;
Disparition des banques et du principe d’intérêt et de toutes les obligations financières ;
Gratuité de l’enseignement ;
Mise sur pied d’un plan d’urbanisme ;
Conditions nouvelles de vie et de travail de la femme et de l’enfant.
Nous demandons aussi à la C.G.T. la révision de ses statuts en vue de permettre à tous ceux qui vivent du seul produit de leur travail (professions libérales ou indépendantes, savants, intellectuels, artistes et artisans, etc.) de rejoindre les rangs de la C.G.T.
Nous croyons exprimer ici les revendications de tous les syndicalistes ainsi que tous les hommes qui luttent ardemment pour voir l’Humanité conquérir le bien-être, la liberté et la PAIX.
Tout travailleur manuel et intellectuel détermine toute la vie d’une Société. Il doit en être conscient et en conséquence être maître de la direction de son travail ainsi que de son produit.
Dès aujourd’hui, les travailleurs doivent se grouper dans les syndicats de la C.G.T., former des blocs pour préparer la Société de demain, ce demain qui sera très proche si nous le voulons tous avec enthousiasme, courage et volonté.
Vive la LIBERTE, la SOLIDARITE et que la PAIX règne enfin pour toujours.
Les Groupes libertaires à tendance Anarcho-syndicaliste De la Région Toulousaine