Le texte suivant a été écrit par la bibliothèque anarchiste indonesienne pustakacatut
« » Le pouvoir du peuple « ne se résume pas à une mobilisation de masse pour participer à des manifestations nationales dans les rues. Il ne s’agit pas d’une action parfaitement planifiée ni d’une action centralisée et dirigée. Il ne vient pas non plus uniquement de groupes uniformes et facilement identifiés. Plus important encore, cela ne fait jamais partie de l’agenda de la bourgeoisie, des investisseurs, des propriétaires des moyens de production, et des riches.
Le « pouvoir du peuple » est à l’opposé de tout cela. Le « pouvoir du peuple » est le point d’ébullition. Il est né généralement de manière organique lors des crises socio-politiques. Il est composé de divers acteurs, avec des demandes diverses, des tactiques diverses. Cependant, ces diverses demandes convergent vers une demande commune qui voit le jour même sans un processus de consensus préalable. C’est [un mouvement] spontané et non planifié car il provient d’un changement de conscience de la pensée critique de la majorité de la population, de sorte qu’il ne serve que les intérêts et les besoins de la majorité de la population (c’est-à-dire : les classes opprimées).
La montée de la politique autoritaire en Indonésie, qui est camouflée dans l’expression et le slogan de « mouvement démocratique » est ironique. La force et la concentration de toute la population a été polarisée et concentrée sur les intrigues des deux camps [politique se battant pour gagner les élections présidentielles], occultant l’urgence d’un mouvement populaire, lequel grandit avec difficulté. [Les politiciens] ne reconnaissent pas d’autres logiques que la logique binaire [Parti] 01 ou [Parti] 02. Ils ne s’intéressent pas au courant de groupes indépendants qui ne leur sont pas liés, et ils ne s’intéressent à rien en dehors des deux candidats à la présidentielle. Ils réduisent l’esprit [de la Politique] la seule formule : si vous être opposés au [parti du] régime, alors vous êtes [du parti de] l’opposition. Il n’y a pas de « pouvoir du peuple » aujourd’hui. Mais le changement de conscience qui enflammera [le peuple] va croissant dans l’esprit des agriculteurs et des pêcheurs déplacés, dans l’esprit des travailleurs qui luttent contre les licenciements et la répression des syndicats, dans celui des combattants de l’environnement qui surmontent la crise écologique, dans celui des femmes qui luttent contre la violence sexuelle, des lycéens et des étudiants qui réalisent l’effondrement du système éducatif et dans l’esprit d’une foule silencieuse lisant dans un kioske de lecture en bord de la route, son esprit flottant haut et tricotant l’imagination du futur. Nous affirmons que – en dehors des émeutes et des conflits civils [qu’ills soient sociaux, agraires ou environnementaux] – il n’existe pas de « pouvoir populaire » aujourd’hui. Il n’est pas encore né. Nous le savons avec certitude parce que nous le portons encore [dans nos cœurs]. »