Le prisonnier Anarchiste Soheil Arabi a été arrêté en 2013 pour avoir publié des textes contre la République Islamique d’Iran et critiquant la religion. Dans un premier temps condamné à mort, sa peine a été commuée en peine de prison de 11 ans, qu’il effectue à la sinistre Grande prison de Téhéran, Fashafouyeh.
Il a décidé ce 15 juin d’entamer une grève de la faim, pour protester contre les conditions de détention et contre le comportement violent des matons et de la direction de la prison. Il proteste également contre la consommation de drogue massive parmi les prisonniers, l’absence de regroupement des prisonniers politiques, les problèmes sanitaires, les poux, la gale, les aveux obtenus sous la torture des matraques électriques, le prix du cantinage exorbitant, et la mauvaise qualité de la nourriture de la prison.
Après une semaine de grève de la faim, il a été transféré dans un hôpital-prison du fait de la détérioration de sa santé.
!!!!Message de Soheil Arabi, prisonnier politique et anarchosyndicaliste dans les geôles de la République Islamique d’Iran
»[Depuis une chambre de torture de la prison de prison de Fashafouyeh, au sud de Téhéran] »
!!!!MAUVAISE EDUCATION, ERUDITS INUTILES !
Quel est le sens d’une éducation qui ne mène nulle part, avec des scientifiques qui ne peuvent pas agir ? Faites une tentative honnête de répondre à cette question, au moins soyez attentifs à votre conscience. Je vous le demande, vous, politologues avec votre diplôme en sciences politiques : que savaient exactement les sociologues et les philosophes sur ce pays ? Intellectuel [de gauche] qu’est-ce que tu fais vraiment ?
Est-il pas vrai que le silence devant la tyrannie est la même chose que la coopération avec les oppresseurs ? Je suis émerveillé quand j’entends parler de ce jeune homme qui a grandi dans l’une des banlieues du sud de Téhéran, là où 9 jeunes sur 10 vendent ou sont contaminés par de la drogue, mais qui a préféré prendre un stylo , prendre un livre, et s’est révolté contre la dictature ! Il a eu du mal à changer un monde sans pitié – mais c’est devenu un combat solitaire.
Tout comme Alireza Shir Mohammad Ali, âgé de 21 ans, [emprisonné suite aux manifestations anti-gouvernementales de 2018] et assassiné [le 10 juin 2019] dans la prison de Fashafouyeh par deux autres prisonniers lourdement condamnés, qui se sont ainsi rappelés aux bons souvenirs des responsables gouvernementaux. Je suis si incroyablement attristé que je sens que je ne veux plus vivre dans ce monde cruel.
Je suis terriblement malade contre les pacifistes, les universitaires, ceux qui interfèrent et dialoguent avec les élites de la société. Ils rampent sous leur couette avec le climatiseur pour approfondir les théories de Marx, de Graeber, de Bakounine et de Chomsky. Pourtant, ils restent incapables – ou ne veulent pas – d’essayer réellement de voir et de comprendre ce qui se passe dans notre société. Parce que s’ils comprenaient vraiment, alors ils devaient aussi agir. Et agir c’est prendre des risques ! C’est pourquoi je déteste tous ces « activistes du clavier » et ces opportunistes.
Pour ceux d’entre vous qui ne voient pas ou qui n’entendent pas, je vais maintenant vous parler des nombreux jeunes, qui comme Alireza, ont ouvert les livres, pris la plume, ont compris la valeur de la Justice, qui se sont sacrifiés dans la lutte pour l’Egalité. C’est grâce à votre indifférence que des personnes comme celles-ci peuvent être assassinées chaque jour par nos dirigeants insensés.
Je ne parle pas seulement de personnes comme Alireza, Reza Yavari, Arash Sadeqi, Majid Assadi, mais aussi de dizaines d’autres prisonniers politiques. Comment ils ont grandi dans des bidonvilles, privés d’opportunités, mais qui sont parvenus toujours à maintenir leurs principes et à s’y tenir. Un par un, ils sont assassinés, pendant que vous vous versez la tasse de thé suivante pour parcourir les actualités du jour !
Avant qu’Alireza Shir Mohammad Ali ait été assassiné par le prisonnier connu sous le nom de « Hamid dit Le Coq » (en réalité, Hamid Reza Shojaei Zavareh) et par son compagnon Mohammed Reza Khalilzadeh, deux autres personnes en avaient déjà été victimes. Je parle de prisonniers qui travaillaient comme « aide à domicile » Ce que vous appelez généralement en prison des « travailleurs », ce sont des prisonniers pauvres et vulnérables qui servent des prisonniers plus riches, pour qui ils font le nettoyage et la lessive pour gagner leur vie. Alireza était également l’un de ceux qui ont servi leurs assassins. Nous avons ici des familles qui préfèrent servir l’argent du sang (diyat) au lieu d’exiger des représailles (qisas) conformément à la loi islamique
Avant cette nouvelle, vous pouvez choisir de faire comme avant, de continuer à approfondir votre compréhension de la philosophie de la misère ou de la misère de la philosophie – ou bien de vous lancer dans la lutte contre la misère. Au lieu de la pathétique indifférence, nous devons nous battre pour changer notre monde cruel
_ Soheil Arabi, Depuis la grande prison de Téhéran Fashafouyeh 10 juin 2019_
(D’après une traduction en suédois de Hasse Golkar)
[Site internet des compagnons anarchistes d’Iran et d’Afghanistan |http://asranarshism.com/1398/04/03/anarchist-173/|fa]