LA CGT en retrait du Mouvement … depuis plus de 110 ans déjà !
Lors de la Manifestation du 1er mai 2019 à Paris, mais aussi dans de nombreuses villes, la CGT a dû abandonner sa prétention à diriger les cortèges pour laisser la place aux Gilets Jaunes.
A Paris, l’exfiltration orchestrée du leader maximo lui a permis de protéger sa moustache. Benoitement, l’ineffable Philippe Martinez tente de camoufler son pitoyable repli en arguant qu’il s’agissait d’une « simple mise en retrait » de la manifestation et non d’une désertion en rase campagne.
Pourtant, c’est depuis 110 ans que la CGT s’est mise en retrait du mouvement, depuis qu’en 1909 Léon Jouhaux le « syndicaliste révolutionnaire », «le phonographe de Griffuelhes », fut nommé Secrétaire général de la CGT. Jouhaux fut un fervent défenseur de la Chartes d’Amiens, que nombre de gogo essaient encore de nous vendre comme un texte révolutionnaire. le coup de grâce définitif interviendra en 1914 : toujours avec Jouhaux à sa tête, la CGT renonçait à l’Internationalisme, et sombrait dans l’Union Sacrée pour la boucherie de la Première guerre mondiale.
Cela fait 110 ans qu’il n’y a plus rien à attendre de cette momie qu’est la CGT, pas plus que d’aucun « syndicat représentatif » quelle que soit son étiquette.
Ci-dessous un texte de 2006, que nous avions diffusé à l’époque pour les 100 ans de la Chartes d’Amiens. La conclusion – pour une refondation de l’anarchosyndicalisme avec le concept d’autonomie populaire – reste plus que jamais d’actualité.
Des électrons libres, rouges et noirs
LA CHARTE D’AMIENS EST MORTE…
La « charte d’Amiens » est le nom du texte adopté lors du congrès de la CGT en octobre 1906. C’est depuis et de façon invariable devenu le texte de référence des syndicalistes révolutionnaires.
La charte d’Amiens est morte… très jeune. Elle n’avait qu’à peine 8 ans.
Depuis, se revendiquer de la charte d’Amiens, c’est se revendiquer d’un mythe. Certains « anarchistes » et autres « syndicalistes révolutionnaires » essayent régulièrement de réanimer le cadavre ? Quel peut bien être leur intérêt dans cette entreprise ?
Un texte de compromis historique
Les syndicalistes révolutionnaires oublient souvent de rappeler que ce texte est avant tout un texte de compromis entre les tendances anarchistes et réformistes (parlementaristes) de la CGT. Si, pour faire plaisir aux premiers, la Charte établit le principe de grève générale expropriatrice il assure surtout une bienveillante neutralité du syndicat envers les partis politiques qui, pour reprendre les termes de la Charte « en dehors et à côté, peuvent poursuivre en toute liberté la transformation sociale ».
Alors que la CGT « apolitique » ne se donnera jamais les moyens de donner vie au principe de grève générale, les partis politiques sauront utiliser toute leur « liberté » ainsi garantie pour renforcer leur pouvoir sur le dos des travailleurs.
La neutralité politique à vécu …
Dès 1922, à la re-création de l’AIT, l’apolitisme de la Charte d’Amiens était dénoncé pour ce qu’il était : une trahison contre la classe ouvrière, qui, sous couvert de « neutralité » consistait en fait à subordonner les travailleurs aux intérêts des partis politiques, dont il était évident – après les épisodes de l’Union sacrée en 14, de la contre révolution en Allemagne et de la contre révolution bolchevique – qu’ils étaient en opposition totale.
Nous ressortir la Charte d’Amiens aujourd’hui n’est pas anodin. Alors que tout le monde constate la perte de la mémoire militante et le règne de la confusion spectaculaire, on réexhume opportunément la vieille momie syndicaliste révolutionnaire, comptant ainsi nous refourguer sous les bandelettes quelques cadavres politiques décomposés depuis la chute du mur de Berlin. Cette régression permet en effet de trouver « normal » et « naturel » la collaboration avec des organisations politiques, voire d’ouvrir l’organisation « syndicaliste révolutionnaire » aux militants des partis et organisations politiques. Cela permet de créer des proximités (qui a dit des connivences ?) dans l’objectif d’une hypothétique refondation syndicale avec d’autres forces d’extrême gauche voire de gauche … (cf. l’article sur « le réveil des chats noirs » paru dans le journal de la gauche alternative Politis à l’époque : http://endehors.net/news/le-reveil-des-chats-noirs)
Syndicats vs classe
Aujourd’hui, il est temps d’en finir définitivement avec ces conceptions héritées d’un passé mythique. La Chartes d’Amiens clamait – et la Charte de Paris de la CNT (adoptée à sa création en 1946) avec elle – que « le syndicat, aujourd’hui groupement de résistance, sera, dans l’avenir, le groupement de production et de répartition, base de la réorganisation sociale ». Ce projet, rien moins que totalitaire, du Grand Syndicat s’apparente à celui du Parti unique … Il s’agit d’une énième avant garde, dont on sait comment cela finit …
Aujourd’hui, [plus de ] 100 ans après, la CGT et ses avatars sont devenus les partenaires obligés de l’Etat pour construire le spectacle de la contestation inutile. Quant au « mouvement anarchiste » il est partagé entre ceux qui vendent de l’anarchisme mais qui proclament ne pas être anarchistes et ceux qui défendent encore un projet de société.
Ce projet de société c’est le communisme anarchiste. Ce projet, qui rejoint l’anarchisme ouvrier globaliste de la FORA, appelle à un dépassement du syndicalisme. En effet, le syndicalisme étant un mode d’organisation dont la forme est structurée par le capitalisme (comme une empreinte en creux), il ne peut abolir le capitalisme sous peine de s’abolir lui-même. Donc s’il venait à gérer la société future, il reproduirait fatalement le capitalisme, les structures ayant toujours tendance à privilégier leur propre survie. (cf. à ce propos les textes sur la résistance au travail en Espagne révolutionnaire parus sur le site http://mondialisme.org)
Cette réflexion, mêlée et enrichie avec d’autres apports convergents (communisme de conseil, situationnisme, autonomie ouvrière, etc …) amène aujourd’hui les militants de la CNT AIT à développer le concept d’autonomie populaire.
On est donc ici bien loin de la Charte d’Amiens ou de Paris et des statuts actuels de la CNT. Certes, on peut décréter le texte obsolète et donc aboli. Mais est-ce bien important ? Ce qui compte, c’est le processus d’élaboration d’un nouveau référentiel anarchosyndicaliste idéologique et pratique, adapté à la réalité sociale actuelle.
Ce processus est ouvert tout en étant cohérent, pour être opérationnel. Il se nourrit des réflexions et des expériences pratiques de tous ceux qui souhaitent y participer, la participation n’étant pas fondée sur un label ou l’appartenance – ou non – à une organisation – mais sur une volonté constructive et un minimum de clarté tant sur les objectifs que sur les moyens et sur leur articulation.
(lundi 12 juin 2006 )
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