Marguerite Aspès, dont le frère aîné Charles était également un militant libertaire, était membre au début des années 1930 de la CGTSR-AIT à Alger. Ses grands parents étaient des immigrés italiens de Venise et de Milan -le grand père Carlo (1830-1894) avait combattu avec Garibaldi- et son père Charles (1859-1934) travaillait comme menuisier ébéniste.
Le 18 décembre 1931, alors qu’un mouchard de la police nommé Filipini pénétrait sans mandat aucun de perquisition à l’intérieur d’un bureau de la Bourse du travail où se trouvaient deux camarades, elle sortait de son sac un revolver « que le policier n’eut aucun mal à détourner et une balle alla se loger au plafond ». Après que les journaux d’Alger aient présenté Marguerite Aspès comme communiste, le secrétaire du Parti communiste d’Alger, au lieu de la défendre et de dénoncer l’intrusion de la police à la Bourse, émit le communiqué suivant : « Notre parti et aucun de ses militants n’ont rien à voir avec de pareilles gens contre lesquels nous luttons au même titre que contre les ennemis de la classe ouvrière. Nous désapprouvons complètement le geste de cette femme, geste qui ne peut être que celui d’une malade » (cf. Presse Libre, 20 décembre 1931), une position qui fut dénoncée dans les colonnes du Cheminot indépendant d’Alger (mars 1932) et de La Révolution prolétarienne. Autour de Victor Spielman, fut alors constitué le Comité de défense sociale d’Alger, regroupant militants socialistes, libertaires et syndicalistes, pour assurer sa défense.
Le 17 novembre 1933, elle fut arrêtée à Paris alors qu’elle distribuait au Palais Bourbon des tracts de solidarité avec l’objecteur de conscience Henri Ferjasse en grève de la faim après avoir été condamné à un an de prison. Elle fut l’objet d’une contravention pour distribution d’imprimés sans permis de colporteur. Elle résidait alors à Paris où son domicile, 44 rue Turbigo (IIIème) , figurait en 1935 sur la liste de vérifications des domiciles d’anarchistes. Elle était également membre du Comité de défense social (CDS).
Marguerite Aspès se rendit ultérieurement en Espagne lors de la Révolution. Espérantiste, elle était d’ailleurs abonnée à la revue en esperanto de la CNT-AIT espagnole, « Informa Bulteno ».
Revenue en France en avril 1937, qui était une personne d’une grande sensibilité artistique, aimant à peindre et à faire de la musique, se suicidait le 7 juillet 1937 à Foix (Ariège) après avoir appris la mort de son compagnon Leopold.
Annonce du décès de Marguerite ASPES dans « Informa Bulteno », bulletin en esperanto de la CNT-AIT pendant la Révolution Espagnole, bulletin qu’elle diffusait « avec ferveur et qu’elle soutenait financièrement ».