La première semaine de Février, une épidémie de « grippe du pigeon voyageur » s’est propagée à plus de 40 bureaux de poste dans toute la Pologne. La grippe, qui se caractérise par un malaise général, est causée par le surmenage dû aux mauvaises conditions de travail et a un impact important sur la santé. C’est pourquoi un appel a été lancé aux postiers, leur conseillant de consulter leur médecin, ce qui a entraîné un grand nombre d’arrêts maladie totalement justifier pour surmenage – ou burn-out pour faire plus moderne. Dans certaines villes, un tiers du personnel est absent et dans certaines villes plus petites, tout le personnel a même parfois été arrêté.
Au cours des derniers mois, des personnes de différentes professions – telles que les enseignants – sont « tombées malades ». De telles actions sont considérées comme un moyen d’éviter les lois très prohibitives en Pologne concernant les grèves légales et aussi de contourner les syndicats qui souvent découragent toute action décisive des travailleurs.
Un « bulletin de santé » a été émis par un réseau de postiers mis en place par le ZSP, la section polonaise de l’AIT (Association Internationale des Travailleurs, organisation anarchosyndicaliste internationale). Les travailleurs ont établi une liste de 14 demandes qui ont été présentées par un représentant du syndicat avant l’épidémie de « grippe du pigeon voyageur ». Les travailleurs exigent, entre autres, une augmentation de 1 000 zloties (1) et la réintégration des compagnons Rafal et Zbigniew, licenciés pour leurs activités avec le ZSP. Les autres demandes ont été formulées lors de rencontres nationales organisées par les travailleurs eux-même, en dehors des syndicats traditionnels. En effet, les syndicats tendent à protéger les intérêts de l’entreprise dirigée par l’État au détriment des travailleurs.
Lorsque l’action a commencé, la Direction de la Poste Polonaise a tenté de criminaliser un membre du ZSP pour la troisième fois. La Direction a monté un dossier criminel, envoyant un rapport à l’Agence de sécurité de l’Etat (ABW) – en charge notamment de l’anti-terrorisme -suggérant qu’appeler à la grève est une « activité criminelle » et que le ZSP tente de renverser le gouvernement. Parmi les allégations formulées dans les documents, on peut lire ce qui suit:
« Dans le cadre de l’enquête sur les relations entre le ZSP et les groupes d’employés de la Poste, nous envoyons ce rapport à l’ABW afin qu’ils puissent vérifier si leurs actions et celles des employés de la Poste travaillant avec elles mèneront à la déstabilisation de la Poste qui est une entité qui mène une action stratégique pour défendre la sécurité du pays et de l’ordre public et, par conséquent, si cela ne déstabilise pas l’État.
Nous informons les organes de sécurité de nos soupçons selon lesquels ZSP aurait commis un crime en appelant à une grève générale qui mettrait la Poste, qui mène des activités stratégiques de défense de l’État polonais, au risque de cesser de fonctionner en raison d’une paralysie nationale causée par une grève générale « .
Même si cette accusation peut paraître ridicule, la situation n’est pas du tout amusante : les charges criminelles peuvent être condamnées de 2 ans de prison …
Mais rien de tout cela n’a découragé l’anarcho-syndicat ZSP. Jusqu’à présent, l’État a refusé à plusieurs reprises d’enregistrer la ZSP auprès de la Poste sous de nombreux prétextes ridicules. La Poste prétend donc que le ZSP n’existe pas, même s’il est clair que les travailleurs restent déterminés à faire valoir leurs revendications. Le ZSP continue également de se battre pour la réintégration de son membre Zbigniew T. de Wroclaw, licencié après 36 ans de travail pour ses activités d’organisation avec les travailleurs. En janvier, un procès a eu lieu contre la poste et la ZSP locale a organisé un piquet de solidarité. Un facteur du syndicat a démissionné en solidarité avec Zbyszek et d’autres ont déclaré le faire si le bureau de poste refuse de discuter de leurs demandes.
EN attendant, la DIrection continuer de nier qu’il y ait des problèmes pour les travailleurs. La Grippe des pigeons voyageurs continue donc de se propager dans le pays …
——————————————————-(1) soit envrion 230 €. En Pologne le SMIC est de 420 € et le salaire médian de 940 €.——————————————————-Pour plus d’information (en anglais) voir les liens suivants :