SERBIE OU ARGENTEUIL : POUR LES RROMS, L’EUROPE A LE MEME VISAGE : CELUI DES EXPULSIONS

jeudi 23 avril 2009

Nous traduisons un article de nos compagnons de l’ASI-AIT, la section serbe de l’AIT à propos de l’expulsion des Rroms de Nis en Serbie, et article du Courrier des Balkans à propos des Rroms de Belgrade.

Toute ressemblance avec ce qui est arrivé à Argenteuil (lire l’histoire en cliquant ici ) n’est pas fortuite …

Niš – Le nouveau propriétaire de la briqueterie Cele kula, un fond d’investissement américain, a demandé aux autorités compétentes de la ville de Niš d’évacuer le campement rrom de la place de la briqueterie qui est également en leur propriété, a-t-il été confirmé hier à la municipalité de Palilula, sur le territoire de laquelle se trouvent le campement rrom et la briqueterie

Le président de la municipalité de Palilula, Ivan Novakovic, a signalé que le nouveau propriétaire de la briqueterie de Niš, qui est située dans l’agglomération Crvena zvezda dans la périphérie de la ville “a déjà préparé la documentation dans laquelle il demande que la place autour de la briqueterie soit débarrassée”.

-  L’existence d’un campement rrom sur une propriété privée peut poser problème et j’ignore comment nous allons le résoudre. S’il était demandé qu’ils soient écartés de cette propriété privée, les personnes compétentes seront en devoir de le faire – a déclaré Novakovic.

Il n’a pas été possible d’obtenir hier une réponse de la part du maire de Niš, Miloš Simonovic, quant à savoir ce que la ville fera en l’espèce.

La conseillère municipale Dušica Davidović, en charge des questions sociales, a déclaré que la ville “est informée du problème des habitants de ce campement” et qu’avec eux ils sont “en pourparlers concernant de possibles solutions”.

Les habitants de nationalité rrom dans ce campement ont déclaré hier qu’il “n’est pas en carton” mais qu’il existe depuis des décennies et qu’environ 90 familles y habitent. Ils ont déclaré aux journalistes qu’ils attendent une aide des autorités citadines et municipales, car s’ils devaient être évacués “ils n’ont pas où aller”.

-  La ville doit songer comment résoudre notre problème, mais nous n’allons pas nous taire comme les Rroms du Kosovo à Belgrade qui ont récemment été dispersés – a fait savoir l’un d’entre eux.

ASI-AIT

http://inicijativa.org/tiki/tiki-re…

Niš — Novi vlasnik ciglane Ćele kula, Američki investicioni fond, zatražio je od nadležnih grada Niša da izmeste romsko naselje sa placa ciglane koji je takođe u njihovom vlasništvu, potvrđeno je juče u gradskoj opštini Palilula, na čijoj teritoriji su i romsko naselje i ciglana.

Predsednik opštine Palilula Ivan Novaković upozorio je da je novi vlasnik niške ciglane, koja se nalazi u naselju Crvena zvezda na periferiji grada „već pripremio dokumentaciju u kojoj traži da se plac oko ciglane raščisti“.

– Postojanje romskog naselja na privatnoj svojini može da bude problem i ne znam kako ćemo ga rešiti. Bude li zatraženo da se oni uklone sa te privatne svojine, nadležni će to morati da urade – rekao je Novaković.

Od gradonačelnika Niša Miloša Simonovića juče pre podne nije bilo moguće dobiti odgovor šta će grad učiniti u ovom slučaju.

Gradska većnica Dušica Davidović, zadužena za socijalna pitanja, rekla je da je „grad upoznat sa problemom žitelja ovog naselja“ i da su sa njima „u pregovorima oko mogućih rešenja“.

Stanovnici romske nacionalnosti u ovom naselju kazali su juče da ono „nije kartonsko“ već da postoji više decenija i da u njemu živi oko 90 porodica. Oni su rekli novinarima da očekuju pomoć gradske i opštinske vlasti, jer ukoliko budu iseljeni „nemaju gde da odu“.

– Grad mora da razmisli kako da reši naš problem, a mi sigurno nećemo ćutati kao kosovski Romi u Beogradu koji su nedavno raseljavani- poručio je jedan od njih.


Serbie : la mairie de Belgrade expulse les habitants des quartiers rroms

(source : Le courrier de la Serbie/Balkans Courrier 08/04/09)

Vendredi 3 avril, 28 baraquements illégaux du camp rrom du Blok 67 à Novi Beograd ont été démolis pour faire place au chantier du village des Olympiades universitaires, qui auront lieu cet été à Belgrade. Après l’incendie du bidonville « Gazela », en février dernier, l’épisode du Blok 67 est un nouvel exemple du dialogue de sourds entre la communauté rrom de Belgrade et les autorités communales. « Nous sommes rroms. Nous aimons la Serbie mais nous voulons un toit ! ». Un reportage multimédia du Courrier de la Serbie.

28 baraquements rroms ont été démolis vendredi 3 avril à Novi Beograd. Les constructions illégales empiétaient sur le chantier de « Belville », le village de l’Universiade où la 25ème compétition internationale universitaire multisports aura lieu cet été.

Le chantier a commencé depuis un an. « Belville » : 16 immeubles, 1858 appartements 250.000 m² d’espace d’habitation et de bureaux. Du 24 juin au 15 juillet, le « village » de 15 hectares accueillera 150 délégations de 45 pays.

« Nous les Rroms, tout ce qu’on reçoit, c’est coups de pied au cul ! », constate Nenad, 27 ans, coiffeur sans emploi. Le bidonville existe depuis une dizaine d’années. Beaucoup d’habitants sont des « personnes déplacées », réfugiés du Kosovo, ou des « réadmis », réfugiés rapatriés d’Europe occidentale. Ils peuvent être domiciliés à Belgrade ou à Zemun, ou bien à Niš ou à Vranje, dans le sud de la Serbie. Ou être sans domicile et sans papiers. Leur loyer peut s’élever à 30 euros par mois.

« Le petit Paris », comme l’appelle Nenad, n’a ni eau ni électricité. Pour avoir de l’eau chaude, il faut puiser l’eau dans la rivière, à une demi-heure de marche, la porter dans des bidons et la chauffer sur le feu, en plein air. Parmi les 28 baraquements rasés, 12 étaient habités. L’avis de l’Inspection communale de Novi Beograd avait été affiché la veille en début d’après-midi. Le lendemain à 6 heures, les bulldozers sont arrivés.

La police a fait tampon. Les délogés ont installé une tente de fortune, posé les matelas à même le sol, et déroulé une banderole « Un toit sur nos têtes ! ».

Depuis une semaine, la commune de Novi Beograd ne sait que faire d’eux. Elle a proposé de placer temporairement les enfants dans un orphelinat, les vieillards et les malades dans des centres pour personnes âgées ou handicapées. La communauté rrom à refusé. L’offre d’être relogés à Jakovo, à une trentaine de kilomètres de Belgrade, a aussi été refusée. « C’est trop loin, il n’y pas de travail. Et quand on vole dans les potagers, on se fait traiter de voleurs ! »

Dans la nuit du 3 au 4 février, le bidonville « Gazela », sous le pont de l’autoroute, avait partiellement été détruit par un incendie. La mairie de Novi Beograd a annoncé sa fermeture d’ici fin août. Cette fois encore, les habitants seraient relogés loin du centre-ville.

La construction de « Belville » – Studenstki grad – est sur le point de s’achever. Les étudiants, sportifs (15 disciplines) et croyants (une chapelle est prévue pour les étudiants orthodoxes, catholiques, protestants, hindous, bouddhistes, musulmans et juifs), auront de quoi s’approvisionner. Au coin opposé du bidonville se trouve Delta City 67.

87.000 mètres², le plus grand centre commercial en Serbie inauguré en grandes pompes en novembre 2007. On y compte 15 restaurants (plus les chaînes Mc Donald’s ou Kentucky Fried Chicken), 130 boutiques (Diesel, Mango, Nike, L’Occitane, Zara…), un supermarché « Super Maxi » et 8 salles de cinéma.

Le 8 avril, journée internationale des Rroms, les Rroms du Blok 67 ont défilé dans les rues de Belgrade pour manifester leur mécontentement.

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