Grèves intermittentes – Tract CNT-AIT, Marseille

SPremière publication : lundi 31 mai 2004

Ayant pour but de réduire le déficit de la caisse d’assurance-chômage, l’accord signé par les partenaires sociaux le 26 juin 2003 consiste à faire des économies essentiellement sur le dos des salariés.

Si cet accord est mis en application, il aura pour effet d’exclure un grand nombre de travailleurs du spectacle du régime spécifique de chômage. Perdre son chômage ne veut pas dire forcément perdre son travail, donc nous continuerons à travailler et à cotiser mais de moins en moins d’entre nous percevront une allocation.

Cet accord prévoit la création de deux annexes distinctes, l’une pour les techniciens, l’autre pour les artistes. Cette division, sur des critères d’emploi occupé et non plus d’employeur, laisse présager lors de prochaines négociations une mise en concurrence des deux annexes quant à leur “rentabilité”.

Une seule arme : la grève

Depuis quelques semaines de nombreux travailleurs du spectacle ont manifesté leur désaccord face à cette décision de la commission paritaire de l’Unedic, et continuent de s’opposer à tout agrément du gouvernement. Il y a eu diverses manifestations dans le cadre de l’exercice de nos métiers (grèves et prises de parole publiques) ou en dehors de ce cadre (défilés, actions anti-MEDEF, prises de parole publiques). Parfois, lors de ces actions on a pu voir au coude-à-coude employeurs et employés. Comme on a pu entendre des directeurs de festival ou de compagnie soutenir publiquement les intermittents en lutte. Cependant, de-ci de-là des contradictions sont apparues entre employeurs et employés sur les méthodes à utiliser. En effet ces premiers préfèrent les prises de parole lors des représentations à la grève du personnel. Une prise de parole ne nuit ni aux festivals ni aux compagnies à l’opposé de la grève (ou du blocage) qui nuit aux intérêts économiques des employeurs. Mais les employés n’ont pas le choix des moyens : face à une attaque économique, il ne peut y avoir qu’une riposte économique, et c’est la grève.

Attaque économique

Les cotisations versées aux différentes caisses dont celle du chômage sont la part socialisée de notre salaire. Et, comme pour l’assurance maladie ou les retraites, ceux qui travaillent cotisent pour ceux qui ne travaillent pas. C’est de la solidarité sociale. En décidant de diminuer les montants reversés aux chômeurs, aux retraités, aux malades, ceux qui nous gouvernent détruisent cette solidarité.

Dans le nouvel accord ceux qui travaillent plus et donc cotisent plus, toucheront plus d’indemnité. C’est un glissement de la solidarité vers l’épargne individuelle.

Sous prétexte d’équilibrer les comptes de la caisse d’assurance-chômage, de plus en plus d’allocataires sont et seront exclus.

On pourra considérer sereinement l’équilibre des différentes caisses quand l’État aura versé les sommes faramineuses qu’il doit et que les patrons cesseront d’être exonérés de charges. Pour l’instant, la seule chose que l’employé peut y faire c’est de toucher un excellent salaire et donc de cotiser hautement.

Déjà, nos employeurs devraient nous salarier chaque heure travaillée ; mais il est parfois d’usage, grâce à une complicité entre patron et salarié, que notre travail soit “rémunéré” en partie par nos allocations-chômage. Ceci profite toujours plus à l’ensemble des employeurs qu’à l’ensemble des employés en fin de compte.

Ce n’est pas par un contrôle étatique qu’on empêchera ces pratiques corporatistes ; c’est en exigeant que chaque journée, chaque heure de travail soit salariée, que nos allocations retrouveront leur fonction qui est de permettre aux travailleurs sans emploi de vivre et non pas aux patrons de nous faire travailler sans nous payer de salaire

Offensive patronale et étatique généralisée

Aujourd’hui le nouvel accord sur l’assurance-chômage des intermittents rentre dans le cadre d’une offensive généralisée visant à abaisser le coût du travail, et va dans le sens de l’intégration des annexes 8 et 10 dans la nouvelle convention chômage générale, le PARE.

Les négociations de ce type d’accord associent des représentants des employeurs et des représentants des salariés – représentatifs par le seul fait de la Loi.

Cet accord doit avoir l’aval du gouvernement pour être appliqué. Le mouvement d’opposition actuel porte sur ce dernier point. L’État refusant son agrément, l’accord serait renégocié. Une renégociation ne concernerait que nos conditions d’indemnisation et pas nos salaires.

S’il est nécessaire aujourd’hui de s’opposer à la remise en question de notre chômage cela ne nous libère pas de la nécessité de lutter pour de meilleures conditions de travail et un meilleur salaire. Et cette lutte permanente est l’affaire de chacun d’entre nous tant que le salariat existera.

… grève générale !

Une forte augmentation des salaires directs etsocialisés, dans le spectacle comme ailleurs, renflouerait donc les caisses et réglerait, au moins pour un temps, les problèmes du chômage, des retraites, de l’assurance maladie.

Mais une telle perspective est en totale contradiction avec le capitalisme qui n’a de cesse, pour faire du profit, d’abaisser le coût du travail et donc aujourd’hui d’attaquer massivement les salaires.

Chaque offensive du capitalisme détériore un peu plus nos conditions de vie et nous contraint à nous opposer au coup par coup. Tant que nous restons sur la défensive, ce système, qui se nourrit du fruit de notre travail, perdure et même se renforce.

C’est par une contre-attaque générale que nous pourrons aller au-delà. Pour cela notre force est la solidarité de classe entre tous les exploités. C’est en s’organisant entre nous, en décidant à la base et en agissant directement, dès à présent, que nous pourrons abolir le salariat pour vivre dans un monde sans classes, sans État, sans exploitation ; un monde d’individus libres.

Vive la grève générale !
Vive la révolution sociale !

Confédération Nationale du Travail – Association Internationale des Travailleurs
Union Locale de Marseille (secteur spectacle)

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Classe contre Classe – Tract CNT-AIT, Marseille

lundi, 31 mai 2004

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L’Etat, comme tout patron, cherchera à nous plumer tant que nous ne l’aurons pas abattu. Il a clairement annoncé la nécessité de se réformer. Si nous luttons aujourd’hui contre lui, en rejetant absolument son projet, ce n’est pas tant parce que ses « choix » seraient mauvais, mais bien parce qu’ils s’appliquent à nous, travailleurs, et qu’il s’agit de dégrader encore nos conditions de vie pour la survie du système. Parce qu’encore une fois le Capital veut nous faire payer sa « modernisation », indispensable à la survie du capitalisme : en résumé, accroître les profits.

Aujourd’hui, une partie des institutions de l’Etat (le « service public ») coûte trop cher, en fonction des normes de rentabilité capitalistes. Pas l’armée ou la police, qui assurent le maintien de la domination, mais l’éducation, la santé, les transports, etc. qui assurent la survie de millions de travailleurs. Pour maintenir son fonctionnement, l’Etat doit limiter ses dépenses, notamment en baissant les salaires (réformes des retraites), diminuer le nombre de ses employés en « allégeant » ses administrations (décentralisation), et remplacer autant que possible ses salariés actuels par d’autres, avec des contrats « précaires ». L’Etat français est en retard sur la restructuration mondiale du capitalisme, et il veut nous faire payer la facture.

La réforme des retraites est essentiellement une baisse massive du salaire socialisé, de nos salaires. Dans le public comme dans le privé, nos revenus présents et à venir seront diminués dans leur ensemble, pour la baisse des coûts de fonctionnement de l’Etat et l’accroissement des profits. Parce que le salaire n’a jamais été autre chose que la part qui nous échoit pour survivre, que ce soit sous forme de paye, de retraites, de RMI, d’allocations chômage ou d’assurance maladie. Les patrons nous achètent le prix suffisant pour rester en vie, compétitifs, efficaces. Qu’on en souffre ou qu’on en crève, peu importe.

Il ne s’agit pas de trouver une autre solution, une réforme au capitalisme pour qu’il perdure. Il affiche aujourd’hui ses nécessités brutales : la baisse de nos revenus pour le maintien du profit. Nous ne pouvons pas faire marche arrière, tant l’enjeu est élevé. Il ne s’agit ni d’une « vision du service public », ni de l’aménagement d’un « trou dans la caisse », ni d’un « projet de société », mais encore une fois du rapport entre profit et salaire, encore plus à notre désavantage. Les besoins du Capital et l’Etat se montrent tels qu’ils sont, radicalement opposés à nos intérêts de classe ; y céder reviendrait à accepter encore plus leur domination. Nous n’avons que faire des besoins de la classe dominante qui seront toujours de nous exploiter d’avantage. Nous avons notre solidarité pour y résister, et pour abattre ce système qui se nourrit de notre travail. Pour rompre avec le capitalisme, abolir le salariat et vivre libres dans un monde libre, lutte de classe, grève générale et révolution sociale !

Vive l’anarchie !

CNT-AIT

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Soyons Ingérables – Tract CNT-AIT, Marseille

lundi, 31 mai 2004

Submitted by Craftwork on January 24, 2017

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L’Etat huile les rouages du Capital dans lesquels nous sommes tous, exploités, pris sans distinctions. Tous, travailleurs des entreprises privées ou des services publics, subissons la modernisation du capitalisme qui nécessite autant la refonte des statuts des uns que la transformation des conditions de travail, d’embauche et de licenciement des autres. Certes, on ne dit pas profits dans les entreprises publiques, on parle plutôt de rentabilité, de coûts à réduire.

Pour tous, c’est pourtant bien, au quotidien, l’accentuation de la pression sur nos vies qui est en oeuvre. Le Capital et l’État s’emploient à nous gérer au profit des intérêts de la classe dominante. Face à cela, il n’est pas « d’idée du service public » qui tienne, pas de « politique sociale d’entreprise », de « partenariats » qui servent les intérêts des prolétaires. Nous ne pouvons pas décider de nos vies, surtout pas en accord avec ceux qui en profitent. Notre travail ne nous appartient pas ; notre travail, c’est de la plus-value, de la richesse à prendre pour les patrons de tous types. Alors ils la prennent, ils la volent, et ils le feront aussi longtemps que le salariat existera. Ainsi va la lutte de classes, qui ne cessera que lorsque nous y mettrons fin.

Attaque générale

Aujourd’hui, on assiste à la restructuration du secteur public, avec la mise en conformité de ces entreprises au fonctionnement global, mondial, capitaliste en somme de notre société. Par exemple en appliquant la décentralisation, qui est une forme de délocalisation de ses administrations ou de ses services, avec la nécessaire concurrence entre les boîtes et donc les travailleurs, la gestion de plus en plus pressante, la destruction des statuts et donc, au final, l’embauche massive de précaires sous des conditions très variables, depuis les CES de 6 mois jusqu’au contrats à durée déterminée de 5 ans. Ce n’est que la partie « publique » de ce qui est déjà en marche forcée dans le « privé » : l’État doit tout autant gérer ses employés comme le font les autres patrons, que se mettre, dans sa composition, à l’unisson du reste de la société : l’éducation, les transports, le téléphone, la poste et la médecine ne peuvent pas dépareiller du paysage mondial capitaliste. Public, privé, ici ou ailleurs, l’exploitation est la même quel que soit le patron.

Depuis longtemps, les recettes pour l’accroissement des profits, pour satisfaire à la seule nécessité que connaisse le Capital, sont bien connues. Elles sont présentes partout, petites ou grandes entreprises, et dans le monde entier. Partout les patrons nous exploitent avec ces méthodes là. Partout, le travail est intensifié, plus productif mais toujours aussi peu payé, voire moins. Partout, les patrons mettent en œuvre la flexibilité, depuis les cadences de travail dans les usines qui tournent en continu, jusqu’à la mobilité permanente des équipes malléables, des ateliers à dimension variable, des services rentabilisés. Pour pouvoir nous exploiter dans n’importe quel cadre, le travail a été déqualifié. Partout, nous sommes interchangeables, corvéables à toute heure et en tout lieu. Partout, salariés, chômeurs, nous voyons baisser nos salaires présents ou à venir. La précarité a toujours été notre lot. L’attaque est générale, parce que c’est ainsi que la société capitaliste se modernise, accaparant notre labeur. Le capitalisme prospère depuis trop longtemps !

Le salariat est notre lot. Il régit nos conditions de vie. Quelle que soit sa forme, il fait de nous tous, exploités, des précaires. Jamais ce système ne nous permettra de réaliser pleinement nos vies, et les réformes successives n’ont pu que le renforcer. Aujourd’hui, nous n’avons plus d’autre choix pour nous y opposer que de lutter pour l’abolir.

Riposte de classe !

L’attaque capitaliste que soutient l’État est générale, opposons une riposte de classe unitaire. Ne laissons personne gérer nos vies, et surtout pas notre colère. Par l’unité de tous ceux qui subissent l’exploitation, par-delà les différences de boîtes, de statuts, de frontières, nous pouvons à tout moment rompre avec ce système. Pour une révolution immédiate, sans aucune transition, nous avons des armes de classe, l’action directe, la grève et notre solidarité pour attaquer le Capital et abattre l’État !

Pour ne plus jamais être dépossédés, abolissons la propriété, les classes sociales, le capitalisme ! Pour vivre libres dans une société libre, cassons la machine à exploiter !

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