jeudi 19 décembre 2002
Plus d’un an après cette terrible journée du 21 septembre qui a frappé et meurtri une bonne partie de la population de la zone la plus proche de l’usine, tout est mis en place pour nous faire oublier et nous habituer à vivre avec le risque aux portes des cités.
L’Etat, Total et toute la clique des rapaces du profit à n’importe quel prix (que valent nos vies ? Rien dans leurs calculs spéculateurs), par presse écrite, radio et télé corrompues, asservies, nous serinent petit à petit, quotidiennement, de façon insidieuse, et nous préparent au redémarrage total de Tolochimie et SNPE .
Le groupe SNPE, entreprise publique créée en 1971, travaille dans les domaines de la « chimie fine » et des « matériaux énergétiques ». Entendez par ceci : poudres et explosifs, dont une partie bien évidemment réservée à la production militaire : munitions pour petits et moyens calibres, munitions pour chars et artilleries, explosifs pour missiles, bombes et mines. Plus d’un an après, les victimes, dont on ne peut avoir le chiffre exact, sont toujours dans les difficultés. Handicapées à vie, devant faire des démarches inadmissibles pour faire valoir leurs droits à réparation, devant faire l’avance de sommes d’argent pour pouvoir obtenir un fauteuil roulant. Enfants atteints de surdité pour la plupart irréversible, qu’il faut équiper de prothèses auditives dont personne ne veut assurer le paiement. Merci TOTAL profit, merci L’ETAT. Avec du chariti-buziness, on endort le reste de la population. Un passage à TV-merde pour tirer la larme à l’œil, un p’tit coup de « mettez la main à la poche, soyez solidaires », le tout orchestré par des animateurs aussi ringards que serviteurs serviles du pouvoir, et qui une fois le spectacle terminé iront faire bombance avec la guirlande de vedettes venues participer à l’imposture médiatique.
Tout est bon pour dédouaner les véritables coupables.
Total qui tue ici et qui massacre en Birmanie. Total qui dégueule sa merde noire sur les plages, détruisant faunes et flores. Total qui joue avec la vie des travailleurs. Montant les ouvriers contre la population, avec l’aide des syndicats réformards à la solde du patronat et du capital.
L’Etat, exploiteur de la SNPE, fabrique mortifère.
L’Etat à qui nous laissons le droit d’assassiner où il veut, quand il veut.
L’Etat qui s’organise une commémoration avec la complicité d’associations, quelques gerbes de fleurs, des discours, un Houste pleurnichard (le même qui voulait s’enchaîner aux grilles de l’usine pour empêcher tout redémarrage). De la musique pour nous endormir, des C.R.S. pour empêcher le peuple de s’exprimer (destruction d’une banderole où des gens conscients avaient écrit « SNPE : bombe chimique. Douste, Etat, industriels responsables et coupables »). Et Plus jamais ça ni ici ni ailleurs, qui s’était entendu avec les autorités, qui avait négocié le trajet et l’heure de la manif., pour que celle-ci ait lieu une fois les cérémonies officielles terminées. N’étant en cela que des complices du pouvoir capitaliste, des intrigants politiciens jouant le rôle que l’Etat vous concède et ne faisant qu’ajouter à l’ignominie subie par les populations sinistrées. Demain vous sortirez dans la rue avec des banderoles pour protester contre une guerre ou telle autre merde produite par le système, alors qu’ici même vous vous êtes évertués à récupérer la révolte au seul but habituel d’obtenir des strapontins dans les sombres arcanes du pouvoir.
Peu vous chaut que des usines fabriquent de l’armement, développent des technologies de massacre de populations ici ou ailleurs. Sachez pour finir, que non seulement pour moi, mais aussi sûrement pour pas mal de laissés pour compte, vous n’avez droit qu’à une seule déclinaison : vous êtes des ennemis de la classe ouvrière, de ceux qui subissent, des ennemis du peuple !
Le débat de fond sur la fermeture des usines, on n’en parle plus. Passé à la trappe. Le massacre de populations entières est commenté au même titre qu’un banal fait divers.
Serons-nous parmi, et combien serons-nous la prochaine fois, victimes sacrifiées sur l’autel du profit capitaliste ?
Un survivant d’ici
Extrait de la Brochure :
Assassins ! Toulouse, 21 septembre 2001, un crime industriel
Cette brochure a été élaborée à partir d’articles rédigés par des militants, militantes et sympathisants de la cnt-ait, a propos de l’explosion de l’usine AZF à Toulouse le 21 septembre 2001.
Ces articles sont initialement parus dans l’édition Midi-Pyrénées de notre journal « Le Combat Syndicaliste ».
Cette édition a été revue et augmentée.
Télécharger la brochure : https://cnt-ait.info/wp-content/uploads/2024/11/057-assassins.pdf