09 avr 1999
Profondément choqués par les frappes et les dévastations de l’OTAN contre notre pays ainsi que par l’exode des albanais du Kosovo, nous, représentants des organisations non gouvernementales signataires et de la Confédération Syndicale « Nezavisnost » (Indépendance), demandons énergiquement à tous les responsables de cette tragédie de prendre immédiatement toutes les mesures nécessaires pour créer les conditions de relance du processus de paix.
Depuis deux semaines maintenant les pays militairement, politiquement et économiquement les plus puissants du monde tuent des personnes et détruisent non seulement des objectifs militaires mais aussi des bâtiments civils, des ponts, des lignes de chemins de fer, des usines, des centrales, des centres de stockage et des réservoirs de carburant. Ceci a produit un exode d’une proportion sans précédent. Des centaines de milliers de Yougoslaves, d’origine ethnique albanaise, sont forcés de quitter leurs maisons dévastées pour échapper aux bombardements et aux actions militaires du régime [de Milosevic] et de l’UCK, dans l’espoir qu’ils trouveront un salut dans le tragique statut de réfugié.
Il est évident que tout cela nous conduit à une catastrophe. Une solution négociée et pacifique pour le problème Kosovo, urgence que nous avons appelée depuis des années, est maintenant plus éloignée que jamais.
Nos efforts pour développer la démocratie et la société civile en Yougoslavie, pour aider à restaurer son statut de membre à part entière dans les institutions internationales se sont toujours déroulés sous la constante pression du régime serbe.
Nous, représentants de groupes civils et d’organisation, avons courageusement et continuellement lutté contre toute politique nationaliste et guerrière, pour le respect des droits de l’homme, et particulièrement contre la répression des albanais du Kosovo. Nous avons toujours insisté sur le respect de leurs droits et de leurs libertés et avons réclamé la restauration de l’autonomie du Kosovo. Pendant cette période, seuls les groupes de la société civile ont maintenu des contacts et une coopération entre serbes et albanais.
L’intervention de l’OTAN a détruit tous ce que nous avions réussi à mettre en place et c’est l’existence même de la société civile en Serbie qui est menacée.
Face à la tragique situation actuelle, nous formulons les demandes suivantes au nom de l’humanité et des valeurs et des idées qui ont toujours guidé nos actions, nous demandons :
- la cessation immédiate des bombardements et de toutes les opérations armées ;
- la reprise du processus de paix avec une médiation internationale au niveau régional (Balkans) et européen et l’intervention des Nations Unies. L’Union Européenne et la Russie doivent prendre en charge leurs responsabilités pour trouver une solution pacifique à cette crise
- la fin du nettoyage ethnique et le rapatriement de tous les réfugiés ;
- le soutien pour la paix et la stabilité de la démocratie au Monténégro.
Nous appelons toute action possible dans le but d’aider cette république à éviter les conséquences désastreuses de la crise des réfugiés ;
Nous demandons aux médias serbes et internationaux de rapporter professionnellement et impartialement les développements actuels de la situation. La seule solution raisonnable pour sortir de la crise est de refuser de participer à la guerre médiatique, de refuser d’attiser les haines inter-ethniques et ni d’alimenter l’hystérie en glorifiant l’utilisation de la force.
Nous ne pourrons pas réaliser tout cela par nos seuls moyens
Nous espérons que vous soutiendrez nos demandes et que vous nous aiderez à les réaliser par vos actions et vos initiatives.
- Association des citoyens pour la démocratie, la justice sociale et le soutien aux syndicats,
- Cercle de Belgrade,
- Centre pour la décontamination culturelle,
- Centre pour la démocratie et les élections libres,
- Centre pour la transition vers la démocratie,
- Initiatives civiques,
- EKO centre,
- Mouvement européen en Serbie,
- Forum pour les relations ethniques et fondation pour la paix et le règlement des crises,
- Groupe 484,
- Comité Helsinki pour les droits de l’homme en Serbie,
- Union des étudiants de Serbie,
- Union pour la Vérité sur la résistance anti fasciste,
- V I N (Vidéo News hebdomadaire),
- Femmes en noir,
- Comité des avocats yougoslaves pour les droits de l’homme,
- NEZAVISNOST Confédération Syndicale
Belgrade, 9 avril 1999. Version française de NECEMO i NEDAMO
Feuille d’information anti-autoritaire sur l’ex-Yougoslavie
C.N.T.-A.I.T. 112, rue Bourneil 89000 AUXERRE