Les jeux olym-fric : une institution capitaliste et idéologique



A chaque olympiade la chorale des idéologues sportifs – de droite comme de gauche – célèbre la « fête mondiale de la jeunesse », « la fraternité entre les peuples », l’« humanisme olympique », alors que les Jeux ont été à maintes reprises l’alibi honteux de complicités criminelles avec des régimes totalitaires.
L’expansionnisme de l’Empire des anneaux et de ses conciles pilotés par l’affairisme financier des multinationales capitalistes est aujourd’hui le support d’une propagande médiatique qui encense la « religion athlétique » de Pierre de Coubertin, tout en occultant le dopage pandémique, la corruption de nombreuses fédérations sportives, les violations des droits de l’Homme dans les pays organisateurs, les pollutions et dégâts environnementaux des chantiers olympiques, la militarisation sécuritaire des compétitions. L’analyse critique de «l’idéal olympique» et de ses mythologies, la démystification des Jeux de la Grèce antique impliquent aussi la mise en question des idées réactionnaires de Pierre de Coubertin, colonial fanatique, sexiste, raciste, adversaire de l’égalité sociale et du socialisme révolutionnaire, admirateur de l’olympisme hitlérien.

Jean-Marie Brohm, Le mythe olympique, 2021- Qs Editions.

Les jeux olympiques sont une institution capitaliste, une entreprise brassant des milliards en s’enrichissant grâce à des supporteurs crédules. C’est une vaste campagne de publicité, d’apologie de la marchandise et de son monde. Elle a un fonctionnement analogue au capitalisme :
un système institutionnalisé de guerre de tous contre tous, de compétition entre athlètes et entre équipes d’athlètes ici, et entre entreprises, entre États et individus là ;mêmes valeurs affichées de hiérarchie, d’écrasement de l’adversaire, de nationalisme et de violence sur les corps (mutilation, doping, déformation), d’exploitation des sportifs, des salariés et des bénévoles ;une même recherche de productivité croissante en termes de productivité du travail ici, et de performance et de record là.

L’olympisme est une idéologie mystificatrice :


avec une référence à un prétendu ordre naturel et originel (ou « naturalisation ») de la guerre de tous contre tous, comme le capitalisme et une naturalisation de la prétendue supériorité masculine – séparant les hommes et les femmes, les jeux des hommes étant montrés comme les plus importants parce qu’ils ont des performances supérieures ;avec une occultation des inégalités de classe, concrètes, au profit de la catégorie abstraite de nation – réalité découlant d’une organisation politique hiérarchisée et pyramidale inséparable d’un système économique, la lutte de classe oppose les détenteurs de moyens de production aux prolétaires ; elle ne cessera que lorsque l’humain aura établi la justice sociale (de chacun selon ses possibilités, à chacun selon ses besoins). Tactique opposée au nationalisme, qui implique une concurrence entre pays et donc des guerres politiques et économiques. La lutte de classe regroupe dans ses rangs tout individu sur terre n’exploitant pas l’humain, elle se veut donc a-nationaliste (terme préféré à « internationaliste » car notre stratégie comprend l’abolition des frontières) et, de fait, elle a une valeur universaliste.avec des opérations de propagande servant à obtenir l’adhésion, la soumission des peuples aux valeurs proclamées.

Ce fut et c’est toujours, tout au long de son histoire, une arme de légitimation de violences étatiques capitalistes, tous régimes politiques confondus :
 du nazisme lors des Jeux olympiques de 1936 en Allemagne, consolidant l’image de marque du régime hitlérien sur la scène internationale et cela en dépit de son caractère notoirement raciste, antisémite et ouvertement belliqueux ; du massacre de 300 étudiants lors d’une manifestation à Tlatelolco, au Mexique, 10 jours avant l’ouverture des jeux en 1968 de Mexico, où l’armée tira sur une foule de plus de 8 000 personnes désarmées ; de l’invasion de l’Afghanistan par l’URSS, avec la « pacification » au gaz et au napalm des villages « rebelles », lors des jeux de Moscou – capitale du Goulag – en 1980 ; du néocapitalisme étatsunien pour les Jeux de Los Angeles de 1984, avec l’inauguration d’un tout nouveau système de financement qui fit basculer les JO dans une nouvelle ère, celle du sponsoring (ils furent assurés à 100% par différents acteurs privés, seuls un vélodrome et une piscine olympique sortirent de terre, tous deux financés à 100% par une marque complètement en accord avec les valeurs du sport… McDonald’s) ; du régime militaro démocratique coréen pour les Jeux de Seoul en 1988. Des manifestations étudiantes en 1987, suite à la mort par torture policière de Park Jeong-chol, que le gouvernement chercha à dissimuler, débouchèrent sur de nombreuses arrestations jusqu’à la veille des JO ; de l’État chinois ultra-répressif menant une politique étrangère agressive envers le Tibet pour les jeux de Pékin de 2008 ; ou encore du coup d’État au Brésil – Michel Temer, du Parti du Mouvement démocratique brésilien (PMDB, centre), peine à asseoir sa légitimité. Le motif invoqué pour la destitution de Dilma Rousseff (des manipulations comptables) est jugé fallacieux par une partie des Brésiliens qui qualifie son entrée au pouvoir de « golpe » (« coup d’État ») – pour les Jeux de Rio de 2016.

Par contre (périodes de guerres oblige), les Jeux olympiques initialement prévus à Berlin en 1916 et à Tokyo en 1940 n’ont pu permettre l’exaltation du nationalisme, qui aurait scellé ainsi l’unification des deux classes sociales, autant du peuple allemand que du peuple japonais.

Si des boycotts furent initiés par des États-Nations, leurs fondements avaient plutôt un rôle géopolitique et leurs discours vantaient les fastes mythiques des Jeux antiques comme but à atteindre ; leurs gouvernements ont nié la réalité historique à des fins idéologiques en contribuant à fabriquer un nationalisme – par une collaboration de classe – que leur structure impose.
Car l’olympisme est une mystification idéologique, à l’instar de la religion, il est « l’opium du peuple ». Le seul lien entre les Jeux modernes et les Jeux antiques : ces derniers étaient dédiés à des divinités, des jeux cultuels donc, religieux et sacralisés. On parle là de culture agonistique plutôt que de sport. Coubertin s’investira à rétablir ce coté religieux, son néo-olympisme, la religion athlétique (l’athlète se préparant comme un chevalier servant) : « Le jeune sportsman se sent évidemment mieux préparé à partir à la guerre que ne le furent ses aînés et quand on est préparé à quelque chose, on le fait plus volontiers ». (https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_de_Coubertin)
Les Jeux antiques étaient fondés sur une société esclavagiste, et donc seuls les aristocrates – les seuls qui avaient du temps pour s’y préparer – participaient aux épreuves, les esclaves étant noyés dans leur travail manuel et leur servilité. Épreuves où il importait uniquement de gagner, d’être le meilleur, sans notion de record. Á la différence des Jeux modernes fondés, eux, sur le salariat, donc sur les notions d’amélioration et de temporalité qui doivent être augmentées à l’infini, comme la recherche de la performance ou de la productivité. Ainsi, le sport est une invention de nouvelles technologies corporelles (breaking, skateboard, surf, escalade…) qui s’emploient à explorer et exploiter toutes les capacités possibles de performance du corps humain, comme le fait le système étatique capitaliste !

L’olympisme est une mafia internationale, ce n’est pas un idéal, c’est une institution multipolaire, multinationale, transnationale qui repose sur des partenariats très intéressés avec des sponsors, des annonceurs, des groupes capitalistes, des groupes bancaires, etc. Une entreprise dont le siège délocalisé est en Suisse qui travaille en très bonne intelligence avec tous les États offshore. Une entreprise capitaliste pure et dure ! Totalement totalitaire ! Coubertin définissait le Comité international olympique comme « self-perpetuing oligarchy » : une oligarchie qui se perpétue elle-même par cooptation, une organisation à la soviétique, où l’on retrouve des banquiers, des aristocrates, des princes, des militaires de la pire espèce.

Quelques exemples :
Samaranch, vice-président puis président du Comité national olympique 1962 à 1970, un franquiste, qui était affilié dès sa prime jeunesse dans les rangs de la Phalange espagnole traditionaliste (FET) et des Juntes offensives national-syndicalistes (JONS).Avery Brundage, étatsunien, président du CIO de1952 à 1972, admirateur de l’apparente restauration de la prospérité et de l’ordre établie par Hitler en Allemagne.Charles H. Sherrill, de 1922 jusqu’à sa mort fut un membre important du Comité international olympique. Dans une lettre aux rédacteurs du New York Times, publiée le 4 juin 1933, il fit l’éloge de Benito Mussolini. Il a écrit à propos d’Adolf Hitler : « les gens du monde entier suivront des dirigeants courageux »…

Aujourd’hui la torche brûle, allumée par un faisceau de cierges que les Occidentaux ont fourni aux représentants palestiniens musulmans et aux représentants israéliens juifs. Elle brûle encore sur les flambeaux¬ d’une armée nationale ukrainienne constituée de quelques néo-nazis, alimentée par l’Occident, face aux lance-flammes d’un gouvernement russe au totalitarisme, proche du nazisme, qu’une économie de guerre impose. Mais à quoi servirait une flamme dans l’âtre vide des foyers du milliard de crève-la-faim que quelques 193 sourds (représentants d’États siégeant à l’ONU) méprisent par un silence assourdissant ?

Mais la torche brûlera en France, pays qui est actuellement le deuxième vendeur d’armes au monde, pour symboliser « la fraternité entre les peuples » !

Issus d’un système étatique capitaliste basé sur le pouvoir politique et le salariat, les néo Jeux olympiques sont un symbole fort de cette société qu’il nous faut détruire. Pour cela, groupons-nous planétairement, par ville sur une base syndicale pour assurer nos intérêts et par fédérations pour préparer l’entraide généralisée de demain !

Que l’État et le salariat crèvent !
Boycott des Jeux olympiques, symbole du système étatique capitaliste !

CNT-AIT Montpellier

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