La CGTSR-AIT, 1926-1928 : un épisode de décentralisation syndicale

Claire Auzias

La troisième CGT de l’entre-deux-guerres serait encore inconnue des historiens du mouvement ouvrier sans les quelques pages que Jean Maitron lui consacra dans son histoire de l’anarchisme (1).

A partir des dépouillements des cartons d’Archives départementales du Rhône consacrés à la surveillance dite politique exercée sur les syndicats dans les années 1920, à partir de l’ensemble des sources écrites relatives au syndicalisme révolutionnaire dans le Rhône — étude quantifiée des répartitions syndicales des Premier Mai pour les trois centrales jusqu’en 1939, dépouillement d’archives syndicales, congrès, résolutions et répartition des votes par fédération et par syndicat, presse syndicaliste, notamment Le Combat syndicaliste, organe de la CGTSR, section en France de l’Association Internationale des Travailleurs (AIT) —, et enfin, à partir du recueil et de l’analyse des sources orales — corpus majeur et premier de ma thèse —, j’ai étudié cette troisième centrale syndicale dans le département du Rhône. Un département particulièrement intéressant.

C’est à Lyon en effet que la CGTSR-AIT fixe son siège national lors de sa création les 15 et 16 novembre 1926. C’est là que ce siège reste fixé pendant les deux premières années de son histoire. Un cas exceptionnel dans un pays aussi centralisé que la France. Un cas qui répond à une situation de fait : le département du Rhône est à cette date le seul en France où les syndicats dirigés par les anarchosyndicalistes, les anarchistes, sont majoritaires. Depuis 1914 ce sont des anarchistes qui, avec Henri Bécirard, ont gardé le siège de l’Union des syndicats du Rhône, y compris au temps de l’Union sacrée.

Cet article ne se veut en aucune façon une histoire de la CGTSR-AIT. Pas même une histoire de sa période lyonnaise : il faudrait comme pour toute histoire du syndicalisme la confronter aux autres forces syndicales, à l’histoire du patronat lyonnais, à celle de la municipalité radicale, etc. Il s’agit, modestement, de présenter une chronologie des faits et de contribuer ainsi à une histoire qui reste à écrire. Enfin la nécessité d’équilibrer les différentes composantes de ce numéro dédié à la mémoire de Jean Maitron m’a conduite à limiter à l’extrême le système interprétatif (2).

Il est pourtant nécessaire d’évoquer en quelques mots les origines de la troisième CGT, sans revenir naturellement sur l’ensemble des problèmes complexes qui ont conduit en décembre 1921 (après l’exclusion dès février, par le CCN [Comité Confédéral National] de la CGT, des syndicats qui se proposaient d’adhérer à l’Internationale syndicale rouge) à la scission entre CGTU et CGT (3). Le débat portait en partie sur les conclusions à tirer, au lendemain de la guerre et de la révolution russe, de la Charte d’Amiens et notamment du paragraphe selon lequel « afin que le syndicalisme atteigne son maximum d’effet l’action économique doit s’exercer directement contre le patronat, les organisations confédérées n’ayant pas, en tant que groupements syndicaux, à se préoccuper des partis et des sectes qui, en dehors et à côté, peuvent poursuivre en toute liberté la transformation sociale ». Ce débat fut suractivé par les problèmes posés par l’éventuelle adhésion à l’ISR [Internationale Syndicale Rouge] dont le congrès de fondation se tint à Moscou en juillet 1921. Aux yeux de nombreux anarchistes attachés à une interprétation littérale de la Charte d’Amiens, l’adhésion à l’ISR signifiait l’acceptation de l’existence des « noyaux communistes complètement subordonnés à l’ensemble du parti » et destinés à « conquérir les syndicats au communisme », conformément à la 9e condition d’admission à l’Internationale communiste. Pour coordonner leurs positions un certain nombre d’anarchistes, membres actifs des Comités syndicalistes révolutionnaires (CSR), reprenant une tradition anarchiste bakouniniste, signèrent en février 1921 un « pacte » secret par lequel ils s’engageaient à ne placer à la tête de la CGT, quand elle serait en leur pouvoir, que « des camarades purement syndicalistes révolutionnaires, autonomistes et anarchistes ». Verdier, Besnard et Fourcade, que l’on retrouvera quelques années plus tard à l’origine de la CGTSR-AIT, étaient les premiers signataires de ce texte : il signifiait l’organisation d’une tendance au sein de la minorité révolutionnaire de la CGT d’où allait sortir la CGTU.

Si, au congrès confédéral de la CGT en octobre 1920 à Orléans, la minorité révolutionnaire s’était encore retrouvée, notamment dans le Rhône où elle obtint, de justesse, la majorité, sur une motion Verdier, si, grâce au Pacte, Pierre Besnard put supplanter Pierre Monatte à la tête des CSR (4) et si en conséquence le bureau provisoire de la CGTU, de décembre 1921 jusqu’au congrès constitutif de Saint-Etienne (juin 1922), resta placé sous son influence et celle de ses amis, il n’en fut plus de même à partir de Saint-Etienne : la majorité du congrès désavoua le Bureau et la CA [Commission Administrative]. La motion Monmousseau, soutenue par les délégués communistes quoique Monmousseau ne fût pas membre de la SFIC [Section française de l’Internationale Communiste, le nom du Parti Communiste de l’époque], obtint 848 voix contre 399 à la motion Besnard. La suprématie communiste fut définitivement acquise au congrès de Bourges (novembre 1923) où près des quatre cinquièmes des délégués votèrent l’adhésion à l’ISR.

L’UD du Rhône pour sa part était restée fidèle à ses positions anarchosyndicalistes et anarchistes. Les partisans de la CGT, minoritaires, avaient dû quitter le siège historique du syndicalisme lyonnais et au congrès de Saint-Etienne l’UD avait voté à une majorité non négligeable — 34 mandats contre 27 — la motion Besnard. Rien d’étonnant dans ces conditions à ce qu’elle fasse partie des organisations syndicales qui, après Bourges, décident de quitter la CGTU et entrent dans l’autonomie. Elle le fait le 27 février 1924. La direction confédérale en juin ne parvient pas à rallier les dissidents. Et le 14 décembre 1924 c’est la CGTU qui doit à son tour quitter les locaux du syndicalisme lyonnais et greffer le syndicalisme rouge sur des lieux sans histoire

Pierre Besnard.

Les syndicats qui avaient quitté la CGTU devaient-ils rester dans l’autonomie ? Pierre Besnard avait pris en novembre 1924 l’initiative de les regrouper en une Union fédérative des syndicats autonomes (UFSA). Fallait-il aller plus loin et créer une centrale syndicale autour de cette tendance, ce qui signifiait mettre un terme, au moins provisoire, à l’espérance d’unité ? Tous n’étaient pas d’accord, loin s’en faut. Un Le Pen [aucun lien de parenté avec les Le Pen d’extrême droite], délégué du Bâtiment, ne déclarait-il pas que « si nous avons une troisième CGT, c’est deux de trop que nous aurons » (5) ? En tout cas, à la conférence de Saint-Ouen de l’UFSA, le 28 juin 1925, Besnard en devient le secrétaire (6).

C’est finalement de Lyon, et non seulement de Besnard, que viennent les initiatives. Un syndicat unique du Bâtiment s’y organise en août-septembre 1926. Définitivement créé en octobre, il siège au 86, cours Lafayette et regroupe les sections des terrassiers, des travaux publics (7), des asphalteurs, parqueteurs, plâtriers-peintres, charpentiers en bois, serruriers, vitriers, ainsi que les ouvriers des fournitures en bâtiment (8). Koch en est le secrétaire (9). Il restera le principal appui, et le plus stable, du syndicalisme anarchiste de la région lyonnaise. Un mois tout juste après sa création, les 31 octobre et 1er novembre 1926, la création d’une nouvelle confédération fait un pas en avant. L’Union des syndicats autonomes du Rhône tient son congrès au cercle syndicaliste de la rue du Quatre-Août à Villeurbanne, sous la haute présidence de Pierre Besnard.

La première journée est consacrée au rapport moral (propagande, lutte contre le fascisme) ; la seconde, à l’orientation syndicale. La question d’une troisième CGT est examinée ; Fourcade demande la concentration des forces dans une CGT fidèle à l’avant-guerre. Besnard intervient longuement. S’il prône une CGT dans l’esprit de la Charte d’Amiens, il n’en est pas moins sensible aux conditions nouvelles de travail et de vie et met notamment l’accent sur la nécessité d’unir techniciens et scientifiques aux travailleurs manuels. Une résolution est votée : « L’unité doit être assurée solidement et ne peut l’être que par la constitution d’un nouvel organisme national, lié lui-même organiquement avec les mouvements syndicaux des pays se plaçant sur le même plan. » Enfin, cette CGT doit être « syndicaliste révolutionnaire, fédéraliste et anti-étatique » (10).

Les 13 et 14 novembre, c’est, à son tour la Fédération du bâtiment qui tient un congrès national extraordinaire à la mairie du 7e arrondissement de Lyon. Koch préside aux premiers débats ; Fourcade ouvre le congrès, puis Racamond, de la CGTU, invite l’auditoire à refuser une troisième CGT. Lucien Huart, au nom de l’UFSA, combat cette intervention ; Lansink, au nom de l’AIT, organisation internationale de tendance anarchiste née à Berlin en décembre 1922, face à l’ISR [cf. La Naissance de l’Association internationale des travailleurs de Berlin : du syndicalisme révolutionnaire à l’anarchosyndicalisme (Arthur Lehning) http://cnt-ait.info/2021/05/25/lehning-ait-fr], en appelle à la situation des travailleurs étrangers en France pour démontrer l’urgence d’un rassemblement national conséquent, seul capable d’affronter ces questions.

Une motion clôt la première journée : les congressistes saluent Sacco et Vanzetti et décident de faire appel à la grève générale insurrectionnelle si besoin est, en réponse aux menaces fascistes.

Au matin du second jour, la résolution finale consacre par 52 voix contre 3 et 2 abstentions la constitution de la troisième CGT. L’après midi est réservée à l’audition des délégués étrangers : Severin, de la centrale suédoise, Buth du bâtiment allemand, Miranda pour la CGT portugaise et Lansink, pour la fédération des Pays-Bas (11). Une séance nocturne envisage la constitution d’une Internationale révolutionnaire du bâtiment.

Sans désemparer, s’ouvre le lendemain matin, lundi 16, l’assemblée des syndicats autonomes, à la mairie du 6e arrondissement. Cette conférence est convoquée par l’UFSA, la Fédération du bâtiment et la Fédération autonome des coiffeurs (12). 89 syndicats y sont représentés par 69 délégués (13). Les quatre délégués étrangers participent au congrès. Lansink représente, en outre, l’AIT. Fourcade pour l’UD du Rhône, Madame Bonnefond pour les apprêteurs de Lyon, Charrent des terrassiers constituent le bureau de la première journée. Trois résolutions sont adoptées à l’unanimité en préambule aux délibérations : l’une en faveur de Sacco et Vanzetti, la seconde pour les emprisonnés et persécutés russes en Union Soviétique ; la dernière pour la création d’un journal et d’une revue.

La discussion sur la constitution d’une nouvelle confédération ne recueille pas l’assentiment de tous les congressistes. Le délégué du syndicat autonome des métaux de la Seine, Albert Guigui, déclare que depuis la création de l’UFSA deux années irrécupérables se sont écoulées qui rendent caduque la constitution d’une confédération. L’affaiblissement des forces signe, à son sens, la faillite du projet besnardien. L’Union autonome d’Amiens et la section du bâtiment de Besançon expriment les mêmes réserves. Les partisans les plus chaleureux d’une confédération « libre, autonome et indépendante » (14) sont autour de Pierre Besnard :  (du syndicat de la chaussure de Paris), Henri Fourcade (de l’UD du Rhône), Clément (des pipiers de Saint-Claude), Raitzon (des métaux de Lyon), Boisson (de la Fédération du bâtiment), Boudoux (du SUB de Paris), Leroy (des coiffeurs de Paris), Aigueperse (des cuirs et peaux de Saint-Etienne), Garros (de l’électricité de Lyon), Demonsais (des communaux de Toulon).

En fin de journée, le congrès affirme « que le premier devoir des syndicalistes consiste maintenant à rassembler d’urgence, dans un même organisme tous leurs éléments épars à travers le pays ; de faire, en un mot, sur leur plan, ce que les deux CGT ont fait sur le leur » (15). La constitution de la Confédération Générale du Travail Syndicaliste Révolutionnaire est votée par 84 voix contre 3 et 2 abstentions. En séance de nuit les quatre délégués étrangers apportent des informations sur le syndicalisme révolutionnaire dans leur pays et expriment leur solidarité morale et matérielle avec la CGTSR. Lansink définit le syndicalisme selon l’AIT et « exprime l’espoir que le mouvement français qui, dans le passé, fut le guide moral du mouvement syndicaliste révolutionnaire mondial reprendra bientôt sa place au sein de l’Internationale Syndicale reconstituée, suivant les principes définis par Bakounine » (16).

La seconde journée du congrès est consacrée à la discussion des statuts, présentés par Lucien Huart. Ceux-ci sont votés à l’unanimité moins deux voix (métaux de Paris et UD d’Amiens) (17). La CGTSR « repose de la base au faîte sur le producteur, garantissant à ce dernier la direction effective de l’organisation des travailleurs ; le congrès manifeste le désir formel de décentraliser fortement l’action confédérale » (18).

Dans cet esprit, la structure de l’organisme confédéral est étudiée et remaniée en unions locales, syndicats d’industrie, conseils d’usine et comités d’atelier. Les fonctions de chaque rouage et des militants responsables sont strictement limitées, selon les principes de la non-rééligibilité, du non-cumul des pouvoirs, de l’apolitisme et du fédéralisme. C’est ainsi que le siège de la confédération est fixé à Lyon, 86, cours Lafayette, sur proposition de la Fédération du bâtiment, par l’article 27 des statuts de la Centrale. Son organe officiel, Le Combat syndicaliste est administré et rédigé au siège de la CGTSR. Un projet de manifeste du syndicalisme révolutionnaire est lu alors par Pierre Besnard. Plus connu sous le nom de Charte de Lyon (en ligne : http://cnt-ait.info/2022/10/04/la-charte-de-lyon-1926), ce manifeste reprend les grands axes des résolutions d’Amiens dont il se revendique et s’applique à formuler les conditions modernes faites au syndicalisme révolutionnaire par la concentration industrielle et les régimes fascistes (19). Cette résolution est acceptée par 80 voix dont 30 avec réserve.

En séance nocturne, l’adhésion à l’AIT est adoptée à l’unanimité ; puis on passe à l’élection du bureau confédéral. Fourcade, proposé par nombre de syndicats pour le poste de secrétaire confédéral, se récuse : « ne se sentant pas la force de mener cette rude tâche à bien » (20). L’insistance du congrès ne fléchit point ce refus ; Lucien Huart se propose alors pour un intérim de trois mois. Henri Raitzon est élu secrétaire administratif. Une commission provisoire de seize membres est nommée, parmi lesquels Allègre, Koch, Laplanche, Charrent, Chapuis, Madame Bonnefond.

Lucien Huart s’installe à Lyon pour la durée de son mandat.

Le 17 novembre au soir, la CGTSR-AIT invitait les travailleurs lyonnais à la mairie du 6e arrondissement à un meeting de présentation. Les orateurs en sont Lansink, Severin, Buth et Miranda ainsi que Besnard, Huart, Boisson et Boudoux. Allègre préside les débats assisté de Madame Bonnefond et de Pommier. Les thèmes de propagande pour la nouvelle CGT s’appuient sur le constat de la faillite des entreprises politiques libérale (gouvernement travailliste en Grande-Bretagne) et soviétique d’une part, sur le danger fasciste d’autre part (21).

Le 24 novembre, une réunion informative a lieu à la Bourse du travail ; ébénistes, menuisiers en siège, tapissiers, scieurs mécaniques, tonneliers, brossiers, personnel des maisons d’alimentation, ouvriers boulangers de Lyon et banlieue, métallurgistes de toute catégorie, SUB, ouvriers en cuivre sont convoqués (22).

Décembre et janvier sont consacrés à la campagne d’adhésion à. la CGTSR-AIT. Ainsi, le 13 décembre, c’est le personnel des maisons d’alimentation qui invite à rejoindre la CGTSR et installe le siège provisoire de son syndicat au « comptoir de la Bourse », 44, cours Morand (23). Une semaine plus tard c’est le syndicat autonome de l’habillement qui vote l’adhésion à la CGTSR-AIT (24). Un mois après la constitution de la confédération, cartes, timbres syndicaux et organe de presse sont distribués.

Dans Le Combat syndicaliste de janvier 1927, on peut lire sous la plume de Garros : « l’Union du Rhône qui fut une forteresse révolutionnaire […] se doit à son passé»; à l’oeuvre donc. Le 23 janvier, le congrès départemental de l’Union autonome se constitue en Union régionale de la CGTSR sous le nom de 8e région CGTSR-AIT. Par la voix de Fourcade, le fonctionnement de l’Union régionale est exposé comme le principe fédéraliste le plus adéquat aux nouvelles conditions économiques. En tête de ses revendications, la 8e région place le mot d’ordre de l’AIT : « journée de six heures » (25), qui restera son slogan numéro un. Une intense campagne est développée en ce sens (26). Des unions locales se constituent dans la région ; ainsi, celle de Saint-Etienne en décembre 1926 (27).

Des tournées de conférences, avec Huart ou Fourcade pour orateurs, sont réalisées à Grenoble et Romans qui aboutissent parfois à la constitution d’unions locales : c’est le cas de Grenoble. A Romans, le syndicat des travailleurs des cuirs et peaux vote son adhésion à la CGTSR-AIT et anime la propagande syndicaliste révolutionnaire dans cette ville. Une fédération CGTSR-AIT est en voie de constitution avec Raitzon pour responsable (28).

Le 13 mars 1927, les syndicats autonomes de la Seine forment à leur tour la première Union régionale CGTSR-AIT.

Par ailleurs, la fondation de la confédération suscite des heurts avec la CGTU. Allègre était une cible particulièrement choyée des militants unitaires en raison de ses fonctions de secrétaire de la Bourse du Travail de Lyon depuis 1924. Diverses campagnes de presse avaient depuis cette date discrédité Allègre ; les autonomes avaient fait face verbalement.

C’est le 12 décembre 1926 que le différend, focalisé sur Allègre, éclate physiquement. Ce jour-là, deux réunions parallèles, unitaires et autonomes, se tiennent à la Bourse du Travail. La bagarre se mène à coup de barres de fer et de bancs. Un poêle à charbon en combustion est jeté dans l’escalier, menaçant de mettre le feu à l’établissement. La salle n° 8 est dévastée ; bilan : un militant CGTSR-AIT brûlé à la main droite, un second fendu au front. Boudoux s’en sort avec deux dents cassées et le côté droit contusionné ; un autre militant CGTSR-AIT a le bras cassé en deux endroits.

Le lendemain 13 décembre, une délégation de cinq personnes se rend auprès de Révol, 5, passage Coste, quérir des explications. Le secrétaire départemental de la CGTU reçoit les syndicalistes, revolver au poing (29).

Cette affaire inaugure, à Lyon, le, temps des violences physiques entre militants des deux confédérations. Elles se succèdent sur ce modèle, s’aggravant jusqu’au tournant de 1934.

Le 1er mai 1927 est choisi par l’AIT comme journée internationale en faveur des six heures et de la semaine de trente-trois heures. La CGTSR pour la France, la CNT pour l’Espagne, l’USI pour l’Italie, les groupements anarcho-syndicalistes de Pologne et de Bulgarie, le Comité d’Émigration enfin, répondent à l’appel de l’AIT.

A Lyon, la CGTSR-AIT rassemble 300 auditeurs au meeting de la Bourse du Travail. Vernadet (du bâtiment), Richard (de la Libre Pensée), Ruault (des lithographes), Huart enfin, développent à la tribune la revendication des six heures, solution contre le chômage. Le Combat syndicaliste du 1er mai, édité conjointement par la CGTSR-AIT et le SUB (Syndicat Unique du Bâtiment), consacré à ce thème, est diffusé par les syndicalistes. Lucien Huart invite l’assistance à protester contre l’extradition de Durruti, Ascaso et Jover et contre la condamnation de Sacco et Vanzetti (30). L’après-midi, une fête champêtre au Clos Frizon (Villeurbanne) rassemble « quelques centaines » de militants autour de Charles d’Avray et de Renez, chansonniers anarchistes montmartrois, dont le récital est destiné au bénéfice de la CGTSR-AIT (31).

Aucune manifestation de rue commune aux trois CGT en cette année 1927. Seule, la CGTU organise un cortège avec 2 000 personnes. Majoritaire chez les militants, la CGTSR-AIT ne l’est donc pas quand il s’agit de rassembler des sympathisants.

Dans la région, aucune démonstration CGTSR-AIT n’est signalée. A Saint-Etienne, 2 000 manifestants défilent par la ville. A Dijon, Montceau-les-Mines, Le Creusot, seules CGT et CGTU semblent avoir pignon sur rue (32). Nicolas Berthet est le délégué CGTU du Rhône à SaintChamond, et Chabanis à Rive-de-Gier (33).

Les 14 et 15 août 1927 a lieu le 1er congrès national de la centrale CGTSR-AIT. Le Clos Frizon, 66, rue du 4-Août, accueille les congressistes. A l’ordre du jour : actualité et situation de la CGTSR-AIT. Le congrès a été précédé d’une conférence de Pierre Besnard, la veille, à la Bourse du Travail, sur « la situation financière mondiale et l’unité syndicale » (34).

En mars 1928, un programme de revendications immédiates, inspiré des délibérations du congrès confédéral national est établi. Il tient en huit points pour les revendications ouvrières, en deux points pour les revendications sociales. Ce sont :

1. diminution des heures de travail et application de la journée de six heures ;

2. augmentation générale des salaires ;

3. salaire unique, par industrie d’abord, nationalement ensuite ;

4. contrôle par les conseils d’usine de l’embauchage et du débauchage ;

5. contrôle syndical de la main-d’oeuvre étrangère ;

6. libre exercice du droit syndical pour tous les travailleurs sans distinction de nationalité ou de race;

7. délégués ouvriers à la sécurité et à l’hygiène pour chaque industrie, choisis par les ouvriers, sous le contrôle des syndicats et révocables par eux ;

8. paiement intégral du salaire aux accidentés du travail.

Les deux revendications sociales immédiates sont :

— l’amnistie totale et la suppression des conseils de guerre ;

— l’abrogation des lois scélérates (35) [il s’agit de la loi de 1920 contre l’avortement et la contraception].

La CGTSR-AIT consacre une attention soutenue à ces campagnes pour l’aménagement des conditions de travail : augmentation des salaires, réduction de la journée de travail, paiement des accidents du travail, hygiène et sécurité ; à l’exception de la journée de six heures, toutes ces revendications sont, de nos jours, acquises.

Seule la revendication du salaire unique distingue radicalement la CGTSR-AIT des deux autres centrales : elle traduit l’égalitarisme du syndicalisme révolutionnaire. La journée de six heures n’est pas seulement destinée à améliorer la condition morale et matérielle des salariés, notamment aux fins du développement intellectuel tant prôné par le syndicalisme révolutionnaire depuis le siècle dernier. Elle vise aussi à combattre le chômage. Enfin deux revendications concernent la main-d’œuvre étrangère : contrôle syndical et libre exercice du droit syndical pour tous les travailleurs sans distinction (ce sont les mots de la résolution) de nationalité ou de race.

Loin de s’en tenir à une argumentation déréalisée, il appert que la CGTSR-AIT engage sa lutte au nom d’une pensée sociale certes constituée au cours du XIXe siècle, mais sur un terrain qui s’avère, au XXe siècle, d’une certaine pertinence.

Le 1er mai 1928, le rapport des forces des trois centrales n’a pas bougé. La CGT rassembla 800 personnes le matin, pour un meeting à l’Eldorado (3e arrondissement) et la CGTU 2 000 manifestants pour le cortège de l’après-midi. La CGTSR-AIT comptait 400 militants au meeting de Villeurbanne (Cercle syndicaliste) ; Koch, secrétaire du SUB, reprit le mot d’ordre des six heures qu’il développa ; Richard s’exprima contre les bagnes militaires ; Andrieux fit campagne pour la CGTSR-AIT et, lettre de syndicalistes italiens à l’appui, engagea ses camarades à la lutte antifasciste. J.-S. Boudoux fit l’historique du 1er Mai et invita à resserrer les liens internationalistes pour la défense du prolétariat et de la révolution sociale mondiale (36).

Dès août 1928, la confédération prépare son IIe congrès national. Les syndicats adhérents désignent Lyon comme lieu du congrès, qui se tiendra en novembre. A l’ordre du jour, outre les rapports moral et financier, figurent la formation des Unions et fédérations, les six heures et la rationalisation, la situation économique et sociale de la femme, l’antimilitarisme, la presse ; les questions relatives à l’organisation intérieure de la CGTSR-AIT comportent notamment le renouvellement du bureau et de la CA (37).

Les 2, 3 et 4 novembre, c’est au Cercle syndicaliste de la rue du 4 Août que délibère ce IIe congrès, sous la présidence d’honneur de Louis Paul Vial (38). Pierre Besnard indique que si la confédération n’a point augmenté ses effectifs depuis sa création, du moins a-t-elle su les conserver. Un effort de persuasion sera tenté à l’égard des syndicats qui, en deçà de la centrale révolutionnaire, maintiennent leur statut d’autonomie.

Dès la première journée du congrès est abordé le problème du renouvellement du bureau et de la commission administrative. Malgré les recommandations et circulaires depuis août, aucune candidature n’est parvenue au bureau pour remplacer Huart, dont l’intérim au poste de secrétaire confédéral dure depuis deux années. Le congrès doit donc désigner un candidat et Lucien Huart propose Juhel, secrétaire fédéral du bâtiment (39). Rien d’étonnant : le SUB alimente massivement la vie syndicale ; à Lyon, il édite son propre organe, Le Réveil du Bâtiment, et il ne cesse de mener campagne pour les revendications de la CGTSR et de l’AIT (40). Juhel proteste et refuse l’offre ; il est élu, à son corps défendant, à l’unanimité, moins les quatre voix des syndicats qu’il représente ; il subordonne aussitôt sa nomination aux décisions de son syndicat.

S’engage alors une polémique inquiète autour de cette nomination. Le congrès et Lucien Huart plus particulièrement, en qualité d’ex-secrétaire confédéral, sont dans la nécessité d’user de leur autorité morale afin de pourvoir la confédération d’un secrétaire général à la hauteur de ses fonctions. Juhel qui remplit les conditions requises se voit ordonné secrétaire par la souveraineté du congrès : « Un syndicat ne peut priver la confédération tout entière de l’homme dont elle a besoin, sous prétexte de garder pour lui seul un militant capable » (41). Huart parle alors du discrédit attaché à la fonction syndicale, cause vraisemblable de l’absence de candidature pour le remplacer. C’est encore lui qui propose Paris comme siège syndical, la première Union régionale lui paraissant apte à fournir les militants nécessaires au bureau et à la CA.

Ainsi en est-il décidé par le congrès : la CGTSR-AIT siégera pour les deux années à venir à Paris ; son bureau se compose de Juhel, du SUB de Paris, comme secrétaire ; de Robinet, des coiffeurs de Paris (secrétaire adjoint), d’Andrée Robin, des employés de la région parisienne (trésorière), de Bournier, du bâtiment d’Argenteuil. L’archiviste sera choisi dans le syndicat du chauffage de Paris. Les syndicats de la région parisienne désignent, en Assemblée régionale, le 18 novembre, la commission administrative avec Andrieux (SUB), Besnard (cheminots), Boisson (bâtiment), Dousseau, Lejeune père et fils, Marguerite Pascoueau, Tavernier, Victor Giraud, Guilloret…

Le Combat syndicaliste publie encore son numéro de décembre 1928 à Lyon sous la responsabilité de Huart et la gestion de Fourcade. A partir de janvier 1929 la CGTSR lyonnaise est rendue à des tâches strictement départementales. Elle conserve son siège, 86, cours Lafayette et gère en outre le 193 de la rue Du Guesclin sous le nom de salle Sacco et Vanzetti (42) et le cercle syndicaliste de la rue du 4-Août à Villeurbanne.

Sa période glorieuse est terminée. Ses effectifs s’effritent, lentement, à l’exception du bloc du SUB, alors que croissent ceux de la CGTU. Quant à la CGTSR-AIT nationale qui a fait retour au centralisme ordinaire, elle éprouvera de plus en plus de difficultés à maintenir une activité proprement syndicale.

Comment expliquer l’épisode décentralisé de Lyon, unique dans l’histoire syndicale française et dont la brièveté ne doit pas conduire à sous estimer l’intérêt ? Il n’y eut pas volonté délibérée, cela est clair. Les syndicats autonomes parisiens — Le Pen, du Bâtiment, Guigui, des Métaux, le disent bien — n’étaient pas chauds pour créer une troisième CGT : faut-il en rendre responsable le milieu ouvrier, finalement plus politisé que d’autres, de la capitale et de sa banlieue ? On remarquera alors qu’il en fut de même chez les anars de Limoges. En tout cas, c’est un fait, les militants lyonnais assumèrent les responsabilités. Il serait insuffisant d’invoquer les composantes socio-professionnelles de la région lyonnaise : le SUB reste fidèle, bien après 1928, à la CGTSR-AIT, et les Métaux, qui à Paris sont massivement CGTU, la soutiennent longtemps. Il semble plus utile de chercher dans d’autres voies. Et d’abord d’explorer le long terme : la région lyonnaise s’est caractérisée entre 1830 et 1939 par la rencontre de fortes poussées revendicatives et syndicales, de projets révolutionnaires et de formes de syndicalisme d’action directe : des mutuelles de canuts à la première Internationale. Dès 1882 les anarchistes y constituent un noyau considérable, le plus important de là France sans doute. Le milieu ouvrier, très diversifié, facilite le passage d’un métier à l’autre, d’une entreprise à l’autre : on peut « ramasser ses clous » et retrouver du travail. Au XXe siècle cette prédominance de l’anarchisme se maintient, en basses comme en hautes eaux nationales. C’est ainsi que le préfet du Rhône note le 27 octobre 1916 : « En dépit de l’événement, l’élément révolutionnaire du Rhône n’a pas modifié ses opinions et son attitude (43) ». L’afflux, pendant les années 1920, notamment dans le Bâtiment, d’immigrés italiens antifascistes, d’obédience volontiers anarchiste, le rôle d’un militant de talent, Paul Massoubre, qui a conforté, dans les Métaux, l’héritage de Merrheim et des combats des minoritaires de guerre, tout cela demande à être mieux éclairé.

En tout cas, Lyon ne fut pas seulement, pour s’en tenir à la IIIe République, la ville où naquit en 1886 le syndicalisme guesdiste, et un des hauts lieux des premiers syndicats catholiques, notamment féminins, mais pendant deux ans la capitale reconnue de l’anarchosyndicalisme français

Claire Auzias

(1) J. MAITRON, Le mouvement anarchiste en France, tome 2 : de 1914 à nos jours, Paris, Maspero, 1975, 439 p.

(2) Cet article renvoie à ma thèse : Mémoires libertaires, Lyon 1919-1939, Université Lyon II, 1980, 428 pages, annexes, biblio. Le point de départ est une recherche d’histoire orale du mouvement anarchiste entre les deux guerres, constituée d’un corpus sonore de 65 heures d’entretiens, avec des militants nés entre 1890 et 1918, complétée d’un dépouillement d’archives écrites pour les questions d’histoire sociale absentes de l’historiographie restituée par les sources orales. Les archives de cette recherche, enregistrements, documents privés, biographies, photographies ont été déposées à l’Institut International d’Histoire Sociale d’Amsterdam, section Anarchisme, sous la direction de Rudolf de Jong.

Je remercie mes collègues et camarades J.-L. Pinol, R. Bianco et C. Maignien qui ont relu et corrigé cet article et m’ont apporté d’appréciables critiques. Je remercie tout particulièrement Madeleine Rebérioux, pour son exigence éclairée et chaleureuse.

(3) Cf. A. KRIEGEL, AUX origines du communisme français, Paris-La Haye, Mouton, 1964, 2 vol.; J. MAITRON et C. CHAMBELLAND, Syndicalisme révolutionnaire et communisme. Les archives de Pierre Monatte, Paris, Maspero, 1968 ; et J. CHARLES, « A propos de la scission syndicale de 1921 », dans Mélanges d’histoire sociale offerts à Jean Maitron, Paris, Les Éditions ouvrières, 1976.

(4) J. MAITRON, Le mouvement anarchiste…, op. cit., p. 65.

(5) Le Pen in : Compte rendu sténographique du congrès du Bâtiment, Lyon, 1925, p. 48. Sur ces événements, cf. K. AMDUR, « La tradition révolutionnaire entre syndicalisme et communisme dans la France de l’entre-deux-guerres », Le Mouvement social, avril-juin 1987, p. 34-38.

Le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier, sous la direction de Jean Maitron, puis de Claude Pennetier, est publié actuellement, concernant l’entre-deux-guerres, jusqu’à la lettre Kw (vol. 32). A1 la notable exception de Pierre Besnard, d’Henri Fourcade et de Koch (ou Kock), les militants ici cités n’y figurent pas encore ; toutes les biographies des syndicalistes anarchistes cités dans cet article entre 1919 et 1939 sont déposées à l’IIHS (Amsterdam).

(6) Lettre de la commission executive provisoire de l’UFSA (Besnard-Verdier) aux délégués du congrès fédéral du bâtiment, mairie du 7e arrondissement, Lyon ; Compte rendu sténographique, op. cit., p. 35. Et J. MAITRON, Le mouvement anarchiste en France, op. cit.

(7) Le Progrès de Lyon, 20-21 novembre 1926, Archives municipales de Lyon (AML).

(8) Ibid., 26 novembre 1926.

(9) Ibid., 15 novembre 1926. Koch était, au congrès de la Fédération du bâtiment de 1923, le délégué des ouvriers du bâtiment et travaux publics de la région parisienne ; cf. Compte rendu sténographique, op. cit., 1re séance. En juin 1926, il est secrétaire du syndicat des terrassiers du Rhône ; cf. Archives départementales du Rhône (ADR), 10 M 80, 7 juin 1926.

(10) Ibid., 3 novembre 1926.

(11) Ibid., 15 novembre 1926.

(12) Ibid., 3 novembre 1926.

(13) « Compte rendu analytique du congrès des syndicats autonomes de France (Lyon, 15-16 novembre 1926) », Le Combat syndicaliste, organe officiel de la CGTSR, n° 1, décembre 1926, p. 2: ADR, presse n° 118. Le Progrès de Lyon du 16 novembre 1926 parle de 87 syndicats et 61 délégués.

(14) Résolution du congrès de l’Union Autonome du Rhône, 1er novembre 1926, Le Progrès de Lyon, 3 novembre 1926.

(15) « Compte rendu analytique du congrès des syndicats autonomes de France », art. cit., p. 2.

(16) Ibid.

(17) Le 27 novembre 1926, le syndicat autonome des métaux de la Seine, tout en approuvant la position de son délégué, Guigui, au congrès de Lyon, « s’incline devant le désir quasi unanime des syndicats autonomes et donne son adhésion à la CGTSR » Le Combat syndicaliste, n° 1, p. 1.

(18) Ibid., Préambule des statuts de la CGTSR, p. 3.

(19) C. AUZIAS, Mémoires libertaires, op. cit., annexe La Charte de Lyon.

(20) Le Combat syndicaliste, n° 2, janvier 1927, compte rendu analytique, suite.

(21) Le Progrès de Lyon, 18 novembre 1926.. Les syndicats organisateurs sont: « asphalteurs, bétonniers, apprêteurs sur étoffe, boulangers, brossiers, chocolatiers, confiseurs, biscuitiers, électricité du Rhône, charpentiers en bois et en fer, chauffage, cuisiniers, ébénistes, guimpiers et guimpières, habillement du Rhône, lithographes, maçons et aides, plâtriers, parqueteurs, serruriers, scieries mécaniques, terrassiers, tonneliers, vitriers, dragueurs du Rhône, débardeurs des gares ». Des syndicats de métier, très spécialisés.

(22) Le Progrès de Lyon, 24 novembre 1926.

(23) Ibid., 13 décembre 1926.

(24) Ibid., 20 décembre 1926.

(25) Cf. Le Combat syndicaliste, n° 3, février 1927, p. 1 et n° 4, mars 1927, p. 2.

(26) Par exemple, la conférence du 9 mars 1927 au cercle syndicaliste de Villeurbanne, sur « les six heures » : Le Progrès de Lyon.

(27) Le Combat syndicaliste, n° 2, janvier 1927, avec un article signé F.P. (Fernand Planche?).

(28) Ibid., Une Internationale syndicaliste des métaux, adhérente à l’AIT avait été fondée à Berlin, en septembre 1926.

(29) Ibid., « Les incidents de Lyon » : un article signé du bureau et de la CA de la CGTSR.

(30) Le Combat syndicaliste, n° 5, 1″ mai 1927, p. 1.

(31) ADR, série 10 M : 1er Mai. Le rapport de police se contente de cette approximation numérique. Le Progrès de Lyon du 2 mai 1927 parle d’une « assistance très nombreuse ».

(32) Le Progrès de Lyon, 2 mai 1927.

(33) ADR, série 10 M, 1er Mai, 28 avril 1927 : « prévisions en vue du Premier Mai ».

(34) Le Progrès de Lyon, 13 et 14 août 1927.

(35) Cf. Le Combat syndicaliste, n° 7, 1er mars 1928, p. 2.

(36) ADR, série 10 M, 1er Mai ; préfet du Rhône à ministère de l’Intérieur, 2 mai 1928.

(37) Ibid., n° 15, octobre 1928.

(38)Ibid., n° 16, novembre 1928. Pour l’affaire Louis-Paul Vial, condamné au bagne militaire pour désertion en 1918, voir C. AUZIAS, Mémoires Libertaires, op. cit., p. 249. Voir également le Bulletin du Comité de Défense Sociale, n° 4, octobre 1928, entièrement consacré à L.-P. Vial : CIRA-Genève, Bro 6368 f (add. R.B.).

(39) Juhel était délégué titulaire du SUB de la Seine en 1925 ; cf. Compte rendu sténographique du congrès de la Fédération du bâtiment, Lyon, 1925, op. cit., p. 55.

(40) Cf. Le Combat syndicaliste, n° 13, août 1928 et Le Réveil du Bâtiment, 19271932, consultable aux ADR n° 732.

(41) Le Combat syndicaliste, n° 16, novembre 1928, p. 3.

(42) Ce local, ex-restaurant « communiste » entre 1914 et 1917, devint une coopérative d’achat gérée par l’USR jusqu’en 1920, puis fut aménagé par Francis Million, secrétaire de l’Union des Syndicats du Rhône avant 1914, en salle de réunion et de conférences. Divers groupements liés à l’USR y siègent ; le 193 de la rue Du Guesclin est alors usuellement nommé salle Francisco Ferrer. Après l’exécution de Sacco et Vanzetti, ce lieu fut renommé en leur mémoire.

(43) ADR, 4 M 260, Police Politique (PP), 27 octobre 1916.

(44) Selon l’étude de Samuel JOSPIN, La CGTSR à travers son journal (1916-1937), maîtrise, Université de Paris I, 1974, p. 102, l’expression syndicalisme révolutionnaire est abandonnée dans le Combat syndicaliste au profit d’anarchosyndicalisme, synthèse d’anarchisme et du syndicalisme. Pour Boudoux, « l’anarcho-syndicalisme fut et reste l’épine dorsale du syndicalisme révolutionnaire ».

(45) Depuis le travail de Samuel Jospin, une thèse est en cours sur la CGTSR pendant l’entre-deux-guerres (Bernadette Siriex).

Le Mouvement social, supplément au n° 144, 1988. Les Éditions ouvrières, Paris

Laisser un commentaire