Baseball en Espagne

Ce petit texte a été écrit par Maynard Goldstein, un vétéran de la Brigade Abraham Lincoln, qui regroupait les volontaires américains qui sont partis se battre côté républicain pendant la Guerre civile espagnole, dans les rangs des Brigades Internationales.

Maynard est né le 2 décembre 1913 dans le Bronx. Il a étudié le journalisme et la publicité à l’Université de New-York (NYU). Il rejoignit le Parti Communiste Américain (CPUSA) en 1935 et s’embarqua pour l’Espagne le 20 février 1937. Il servit avec la Brigade Abraham Lincoln (ALB) des Brigades Internationales de Jarama à Belchite jusqu’à son retour aux États-Unis le 16 novembre 1937.

Maynard était un membre actif de l’Association des anciens volontaires américains des Brigades Internationales (VALB/ALBA). Vous pouvez regarder Maynard parler lors de « Songs for the Cause », le concert-bénéfice organisé le 16 octobre 2010 au Musée de la ville de New York, avec Pete Seeger, Patti Smith et Guy Davis.

Un an avant son décès, il a a publié un court article dans le journal de la l’association « Volunteer For Liberty » (Volontaires pour la liberté) à propos d’une anecdote survenue pendant une permission entre deux combats. Ce petit texte – au delà de l’anecdote amusante – est intéressant car il nous dit comment les paysans révolutionnaires espagnols concevait la justice et les sanctions à appliquer en cas d’atteinte aux biens collectifs.

BASEBALL EN ESPAGNE

Original : Baseball in España

Publié le 31 août 2010 Par Maynard Goldstein

La guerre ne consiste pas uniquement à tirer, à bombarder et à aller en enfer. Rarement, c’est un jeu.

C’est à cette occasion que les brigades Lincoln et Washington de Volontaires américains des Brigades Internationales se sont réunies après la bataille de Brunete pour un repos et un match de baseball.

J’étais le directeur sportif officieux de la brigade Abraham Lincoln, le fier gardien de toutes les battes, balles et gants de baseball que nos amis avaient expédiés d’Amérique, [et à ce titre] j’étais le camarade qui a découvert un terrain de baseball idéal non loin de notre camp de repos – lisse, dur, grand, assez pour défier les cogneurs et attendre juste que quelqu’un chante : « Emmène-moi au jeu de balle. »

Nous avons creusé les bases, ratissé les lignes de pénalités et réalisé un match mémorable sur ce champ de blé en Espagne. Le score final, pour l’amour de l’Histoire, était Lincoln 2 et Washington 1.

A mon retour dans mes quartiers [après la partie], j’ai été convoqué à la tente de Steve Nelson, où nous avons été rejoints par trois paysans mécontents. « On dirait que tu va avoir beaucoup de problèmes, Maynard », a déclaré Steve.

Moi? Des problèmes ? Quoi de neuf? Je me l’a jouait en gardant mon sang froid.

Steve désigna les trois hommes. « Ils prétendent que vous avez pris leur terrain centenaire pour battre le grain et que vous l’avez transformé en terrain de baseball. Ils réclament justice et réclament votre sang.

Avec indignation, je me suis demandé comment mon sang pourrait éventuellement réparer leur champ. « Ce n’est pas possible », répondit sombrement Steve. « Mais votre sueur le peut. » Et c’est ce qui s’est produit.

Sous la direction vigilante des paysans, notre équipe de baseball triomphante a travaillé d’arrache-pied pour finalement ramener le terrain à ressembler à son état initial. Mais nous n’avons plus jamais joué au baseball en Espagne.

Manyard Goldstein enoEspagne, 1936-37

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