Libre-propos paru dans Espoir (journal de la CNT-AIT française), N° 469 24 JANVIER 1971
Nous avons relevé successivement dans « Espoir » en espagnol du 27 décembre 1970, et dans « Espoir » en français du 10 janvier 1971, quelques phrases rédigées par « des camarades réfugiés espagnols, qui nous ont considérablement heurtés.
D’abord on dit que : « Le fascisme a cru qu’en assassinant les meilleurs Espagnols (intellectuels, gens de lettres, artistes, travailleurs manuels, etc..) qu’en laissant mourir en exil les hommes de cette glorieuse génération de 1936 qui sut lutter contre les envahisseurs et les fils bâtards de l’Espagne pour DEFENDRE la liberté, la culture et le bien-être social dont ils jouissaient à l’époque… »
ERREUR ! La liberté n’était pas à défendre, elle était à PRENDRE.
Quant à la culture et au bien-être social de l’époque, nombreux n’en jouissaient que très peu et nombreux sont morts en voulant les obtenir pour de bon.
« Ce régime que vous préconisez, M. Barsalou [politicien de gauche des années 1970], c’est celui que nous avions en Espagne en 1936. »
Disons tout d’abord que nous, ANARCHISTES, du régime préconisé par M. Barsalou, nous n’en voulons pas, MEME S’IL A « VISAGE HUMAIN ».
Parlons-en de la République FASCISTE espagnole, dont les geôles débordaient.
Dans l’article des réfugiés espagnols de la Maison de Retraite « La Garenne », nous relevons :
« DEPUIS BIENTOT DEUX SIECLES, LA FRANCE EST DEVENUE LE PAYS DE LA LIBERTE », puis : « …La France fraternelle qui nous a accueillis. »
FINISSEZ DONC DE DELIRER !
LA FRANCE EST UN PAYS FASCISTE !
SI ELLE VOUS ACCUEILLE, C’EST POUR SAUVER SA FAÇADE DEMOCRATIQUE !
Seuls les véritables révolutionnaires vous accueillent fraternellement : et ils sont si peu et si détestés par cette France-là !
Est-ce par « fraternité » qu’au bout de jours et de nuits de marche, les réfugiés se voyaient jeter un pain et une boite de sardines avec mention « POUR SIX ». L’un attrapait le pain, l’autre la boîte, le dernier la clé pour ouvrir une boîte qui était bien loin de sa portée…
Est-ce par « fraternité » qu’on vous a envoyés peupler les camps de concentration qui fleurirent sur toute la côte languedocienne (Béziers, Frontignan, Argelès… avec son célèbre « hippodrome » où il vous restait deux solutions : crever de faim ou manger les morues qui formaient le toit de votre cabane et boire l’eau de mer pompée directement dans le sable).
Est-ce par « fraternité » qu’on vous transportait d’un camp à l’autre dans des camions, et pour cela on ne s’embarrassait guère de séparer une mère de ses enfants sous prétexte d’un NOMBRE à respecter.
Et si vous nous ripostez que le régime a changé depuis, nous disons : NON ! Il a simplement ravalé la façade !
DES COMPAGNONS de la CNT-AIT Française DE TOULOUSE.
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Pour approfondir sur le sujet de l’accueil des réfugiés espagnoles après la Retirada de 1939 :
A PROPOS DES « CAMPS ESPAGNOLS », CAMPS DE CONCENTRATION FRANCAIS ET REPUBLICAINS
MYTHOLOGIE DE LA LIBERATION
https://cnt-ait.info/2022/05/09/mythologie-de-la-liberation/
Brochure sur la participation des anarchistes espagnols dans la Résistance contre le nazisme à télécharger :
ANARCHISTES, PAS REPUBLICAINS … DES ANARCHISTES ESPAGNOLS EN RESISTANCE (tome 1)
1 commentaire sur Espagnols… Mourir à Argelès !