Sécheresse : le mythe nucléaire s’évanouit !

Article publié il y a … 20 Ans ! personne ne peut dire qu’il ne sait pas !

mardi 12 août 2003



La sécheresse qui frappe actuellement la France révèle une importante faiblesse des centrales nucléaires, qui utilisent en permanence d’immenses quantités d’eau pour refroidir leurs réacteurs.

Cette affaire est bien plus grave et bien moins conjoncturelle qu’on pourrait le penser : EDF et le gouvernement se préparaient sereinement à annoncer la construction d’un nouveau réacteur nucléaire, l’EPR, en réalité tête de série d’un nouveau parc de centrales qui enfermerait la France dans la folie nucléaire… pour cent ans de plus !

Or voici que le mythe nucléaire s’effondre sous la canicule. En plus de ses terribles désavantages (risque de catastrophe, production de déchets radioactifs), le nucléaire est pris en défaut sur ses supposés points forts  :

-  Contrairement aux déclarations des gouvernements successifs, contrairement aux campagnes publicitaires d’EDF, les centrales nucléaires n’ont pas protégé la France du réchauffement climatique ;

-  La « sécurité d’approvisionnement énergétique de la France » que devait nous apporter le nucléaire peut se transformer en véritable pénurie s’il faut arrêter les centrales.

Car celles-ci rencontrent actuellement plusieurs problèmes importants :

-  La baisse du débit des rivières. Ce phénomène met actuellement en difficulté les centrales de Dampierre, Saint-Laurent, Belleville et Chinon, mais d’autres sites pourraient être menacés sous peu, comme Golfech, Civaux… La seule solution consiste à réduire la puissance de fonctionnement des réacteurs, voire à les arrêter ;

-  La température à l’intérieur des bâtiments réacteurs s’approche des limites autorisées. Scandaleusement, c’est dans la si précieuse nappe phréatique qu’EDF a puisé pour… arroser les réacteurs de la centrale de Fessenheim !

-  Les rejets d’eau des centrales dépassent en température les limites légales. Celles de Saint-Alban, Bugey, Golfech et Tricastin se sont d’ores et déjà mises en infraction, sans parler du Blayais qui fonctionne carrément sans aucune autorisation. EDF demande actuellement des dérogations pour pouvoir bafouer en toute impunité les règles de protection de l’environnement, qui ne servent donc… que lorsque tout va bien ;

-  De très dangereux micro-organismes, les amibes, prolifèrent dans les rivières grâce aux rejets d’eau chaude des centrales nucléaires. Les risques, étudiés par le Conseil supérieur d’hygiène publique, vont jusqu’à la méningite mortelle. Ils ont été signalés en particulier en aval des centrales de Dampierre et de Civaux.

Il est clair que la liste des centrales concernées peut s’allonger dans les jours à venir. Et si, par chance, la France passe sans trop d’encombre la sécheresse actuelle, le même phénomène risque de se produire les années prochaines, et peut-être avec plus de gravité.

Il n’est que temps de réorienter totalement la politique énergétique française :

-  Economiser au maximum l’énergie (les pays riches peuvent réduire leur consommation de moitié sans restreindre le niveau de confort) ;

-  Développer massivement les énergies renouvelables, qui ne présentent que des avantages : protection de l’environnement, développement de l’emploi, sûreté pour les populations et les salariés, sécurité d’approvisionnement…  ;

-  Tourner le dos au nucléaire : ne pas construire de nouveau réacteur et mettre en place un plan de fermeture rapide des centrales actuelles.

Le parc nucléaire français est un colosse aux pieds d’argile qui, tare suprême, empêche le développement des énergies renouvelables en accaparant la quasi-totalité des investissements.

Tant qu’il est encore temps, sortons de l’âge du nucléaire.


Stéphane Lhomme, porte-parole du réseau sortir du nucléaire.

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