LE CHILI APRES UN AN DE REVOLTE POPULAIRE … POINTS DE VUE ANARCHISTES

La Nouvelle Constitution : tout changer pour ne rien changer, ou quand les politiciens volent au secours de l’Etat et du Capitalisme …


Version papier disponible contre 3 euros à CNT-AIT, 7 rue St Rémésy 31000 TOULOUSE


Introduction : le contexte historique et social

Le Chili, pays d’Amérique latine, bande de terre étroite coincée entre l’Océan Pacifique et la cordillère des Andes est aux antipodes de la France. Ce petit pays, qui a longtemps été vanté comme un miracle économique, est secoué depuis Octobre 2019, par une révolte sociale et populaire qui n’est pas sans rappeler les Gilets Jaunes, et qui ne peut laisser indifférent toute personne qui s’intéresse à la question révolutionnaire, notamment les anarchosyndicalistes.

Depuis le début du XXème siècle, l’économie du Chili se caractérise par l’exportation de matières premières : produits agricoles (vin, avocats, fruits rouges, kiwi, pommes, raisin, bois et pâte à papier …) et de la pêche (saumon, dont il est le premier producteur mondial, farines de poisson) ; cuivre (dont il est le premier exportateur au monde, avec 36 % du marché mondial), pétrole, etc. … Ces produits sont exportés essentiellement sans transformation industrielle, et donc sans valeur ajouté. Aussi l’économie « extractiviste » Chilienne est-elle depuis toujours très dépendante des exportations et les fluctuations des prix mondiaux du cuivre (qui représente 50% des exportations) affectent fortement ses résultats.

Elle est aussi de fait très dépendante de son principal investisseur et client majeur, les Etats Unis, qui font du Chili et de ses ressources minières stratégiques (cuivre) leur chasse gardée.

Le contexte historique, économique et social du Chili : une économie orientée vers les exportations de matières premières

Le mouvement ouvrier s’est structuré très tôt au Chili, avec l’arrivé de migrants en provenance d’Europe, et notamment d’Espagne ou d’Italie, déjà influencés par les théories de Bakounine et de l’anarchisme. Les premiers syndicats, regroupés dans le FOCH (Fédération Ouvrière du Chili) se créent dès 1905, de tendance anarcho-syndicaliste, et arrivent à regrouper 50 000 adhérents sur une population totale de 3 millions d’habitants. De grandes grèves éclatent : en  1903 (ouvriers du port à Valparaiso), 1905 (travailleurs des abattoirs à Santiago ; Semaine Rouge), 1906 (salpêtre et chemins de fer). En décembre 1907, à Iquique, des centaines de travailleurs grévistes chiliens sont massacrés par l’armée. Entre 1911 et 1920, on compte 293 grèves au Chili : la très grande majorité pour demander la réduction de la journée de travail et l’augmentation des salaires. 1919 et 1920 voient se perpétrer les répressions sanglantes de Porto Arenas et de San Gregorio.

En décembre 1919, dans les ports; se créent les IWW du Chili (Industrial Workers of the World), sous l’influence de marins américains affiliés aux IWW des USA. Toutefois, sous l’influence de marins argentins affiliés pour leur part à la FORA, alors en pleine effervescence révolutionnaire, les IWW du Chili vont s’éloigner du syndicalisme révolutionnaire industrialiste des IWW américains et prendre une position nettement anarchosyndicaliste, en rejoignant l’AIT[1], dès sa création en 1922.

Manifestation des IWW à Santiago du Chili, 1920

Les IWW Chiliens avaient une portée nationale, d’Iquique à Corral. Ils se déclarent ennemis du Capital, du gouvernement et de l’Église, et leurs tactiques habituelles étaient la grève, le boycott et le sabotage. Ils eurent une énorme influence sur les marins de Valparaíso, Iquique et Antofagasta, et organisèrent aussi es syndicats des boulangers, de travailleurs des arsenaux, de maçons et de cordonniers. Ils mirent aussi en place des cliniques gratuites pour les travailleurs nécessiteux. Parmi  les membres dont on garde la mémoire, on peut citer Juan Onofre Chamorro, Armando Triviño, Pedro Ortuzar et Porfirio Soto, entre autres. Cette puissance du syndicalisme anarchiste contribue à répandre les idées d’expropriation, de gestion directe et/ou d’auto-organisation (on ne dit pas encore autogestion), et d’autonomie vis-à-vis de la puissance publique dans le Chili de la première moitié du XX° siècle.

Après la Révolution russe, le mouvement ouvrier au Chili comme partout se divise. Les socialistes et les communistes prennent le contrôle de la FOCH. Les IWW subissent une répression terrible, victime d’une véritable « terreur blanche » de la part de la bourgeoisie, amenant à leur disparition. Les anarchosyndicalistes essaient à plusieurs reprises de se regrouper, FORCH (Fédération Ouvrière de la Région Chilienne), CGT Chilienne … tentatives qui se fracassent entre la répression et les manœuvres communistes. Le coup d’Etat militaire de 1927 puis la crise mondiale de 1929 qui frappe durement ce pays exportateurs finissent de liquider l’ensemble du mouvement révolutionnaire. Ne subsiste plus que des syndicats institutionnels qui jouent la carte de l’intégration dans le système.

Dans les années 1960, le mécontentement social notamment de la jeunesse aboutit à l’apparition de groupes de guérilla. Certains anarchosyndicalistes participent alors à la création du MIR (Mouvement de la Gauche Révolutionnaire), même s’il est dominé par les marxistes. Dans les années 70, ces anarchosyndicalistes – autour de Miranda – évolueront vers une position réformiste, participant aux élections pour la présidence du syndicat CUT (ils recevront 0,35% DS voix) et proposant la création d’un « parti politique libertaire », ce qui leur vaudra les critiques des anarchistes restés fidèles aux principes anti parlementaires.

Dans les années 60 et 70, les entreprises étrangères et essentiellement nord-américaines réalisaient d’énormes profits au Chili. En exploitant la majeure partie des mines de cuivre, la Kennecott et l’Anaconda Company y réalisaient respectivement 34,8 % et 20,2 % de leurs bénéfices annuels. L’International Telephone Telegraph (ITT) détenait 70 % de la Chitelco, la compagnie de téléphone chilienne. L’arrivée au pouvoir, par les élections, du Front Populaire du Président Salvador Allende en 1970 est un coup de tonnerre. Il nationalise de nombreuses entreprises, dont la Chitelco, ce qui est perçu comme une véritable déclaration de guerre par le gouvernement Américain du très conservateur Nixon, par ailleurs englué dans la guerre au Vietnam. La subversion communiste est aux portes des USA … L’ITT s’engage contre le gouvernement chilien : elle investit un million de dollars dans les caisses noires du Parti républicain afin d’encourager l’administration Nixon à renverser Allende et, poussant au blocus, finance une campagne médiatique contre Allende.

La CIA reçoit pour instruction de Richard Nixon de « faire crier l’économie » chilienne. Les avoirs et biens chiliens aux États-Unis sont bloqués, les machines et pièces de rechange pour les mines sont placées sous une interdiction d’exportation, des pressions sont effectuées à l’international pour empêcher la consolidation de la dette chilienne et pour faire baisser le cours du cuivre. Le FMI et la Banque mondiale, dirigée par Robert McNamara (ex-secrétaire à la Défense des États-Unis) refusent tout prêt au pays.

Finalement, le 11 septembre 1973, un coup d’Etat militaire porte le général Pinochet à la tête du pays. Une période de 16 ans d’une dictature extrêmement brutale et meurtrière s’ouvre. Les anarchistes, regroupés dans la Fédération Libertaire du Chili (FLCH)[2], sont arrêtés, déportés, torturés voire assassinés comme de nombreux autres militants révolutionnaires. Ceux qui réussissent à s’échapper fuient en exil.

Le général Pinochet et ses mentors américains de la CIA entendent profiter de leurs pleins pouvoirs pour faire du Chili le laboratoire qui démontrera la supériorité du modèle économique Capitalisme et ainsi éloignera le spectre de la subversion communiste, au Chili et dans le reste de l’Amérique latine. Le pays s’engage dans une politique ultra-capitaliste, dite « néo libérale », sous l’orientation des Chicago Boys, groupe d’économistes chiliens des années 1970, formés à l’Université pontificale catholique du Chili puis à l’Université de Chicago et influencés par les économistes libéraux Milton Friedman et Arnold Harberger.

Le « miracle chilien », laboratoire du néo-libéralisme capitaliste, et sa face sombre …

On parle alors du « miracle chilien », selon une formule de Milton Friedman. Toute l’économie est privatisée (à l’exception des mines de cuivre) ainsi que les services publics (santé, éducation). En 1981, les retraites sont privatisées à leur tour. Les Chiliens sont obligés de déposer 10 % de leurs salaires en vue de leur retraite sur des comptes gérés par six entités privées, les Administrations des fonds de pensions (AFP). Celles-ci placent le tiers des cotisations en Bourse ou dans de grandes entreprises, sous forme d’investissements à très bas taux d’intérêt. Seulement 40 % des cotisations sont redistribués sous forme de retraites dont les montants sont déterminés par la fluctuation des marchés. Unique au monde, ce système rapporte d’énormes bénéfices aux AFP.[3]

Le libre-échange économique est soutenu au niveau international, afin de supprimer les droits de douanes qui pèsent sur les exportations chiliennes. Entre 1976 et 1990, le Chili connaît une importante croissance économique, supérieure à 5 % par an en moyenne.

Les Chicago boys soutiennent et participent à la dictature, justifiant publiquement le caractère autoritaire du régime. Sergio de Castro, le leader du groupe, devient conseiller du ministre de l’Économie le 14 septembre 1973, soit 4 jours après le coup d’Etat, puis sera ministre de l’économie et des finances jusqu’en 1982. Ils se trouvent dans un premier temps dans une situation de contrôle sans précédent : syndicats indépendants et opposition politique réprimés, « suspension » des partis politiques, destruction de la gauche (par l’arrestation, l’assassinat, ou l’expulsion de ses militants), un contrôle qui porte aussi bien sur les salaires que sur la politique fiscale et monétaire, les taux de change et les statistiques, un contact direct avec Pinochet qui monopolise le pouvoir politique. Cette situation leur permet de mettre en place d’importantes réformes économiques structurelles néolibérales (dont certaines vont pourtant à l’encontre de la base et de la clientèle corporatiste de Pinochet !). Faisant preuve d’un cynisme absolu, Sergio de Castro, reconnaît que « l’opinion publique » leur « était très défavorable », et qu’ils ont eu besoin de Pinochet pour appliquer leur politique.

Les économistes Stéphane Boisard et Mariana Heredia notent que « L’application de ces programmes économiques « antipopulaires », n’a été possible que grâce à une violente répression de l’opposition politique et du mouvement ouvrier dans leur ensemble.[4] » Même Margaret Thatcher, pourtant peu réputé pour sa fibre sociale ou humaniste, écrit en 1982 que « certaines des mesures prises au Chili seraient inacceptables en Grande-Bretagne, où il existe des institutions démocratiques »[5].

Toutefois la médaille du « jaguar de l’Amérique latine » à son revers … Le « miracle » est surtout pour les riches : le boom économique s’accompagne d’une explosion de la misère et du chômage – qui passe de 4,8 % en 1973 à 17,9 % en 1978 et 31 % en 1983 -, les salaires sont écrasés, les aides sociales sont supprimées, alors que dans le même temps une petite oligarchie capte entre ses mains toute la richesse produite. Ainsi, entre 1974 et 1989, les revenus des 10 % des ménages chiliens les plus riches ont augmenté 28 fois plus vite que les 10 % des ménages chiliens les plus pauvres[6]. Et ce d’autant plus que la faible proportion de femmes au travail (la plus basse d’Amérique), nuit à la réduction du chômage. Il existe aussi une grande différence salariale entre hommes et femmes.

D’après l’organisme économique CENDA, « la dictature de Pinochet a transformé le Chili en une économie rentière. Un petit groupe de grandes entreprises s’est approprié les grandes ressources naturelles du pays et vit de sa rente ». Actuellement, selon le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), 1 % des Chiliens concentrent 33 % des revenus du pays[7].

La crise mondiale des années 80 et la chute des cours du cuivre ont entrainé le Chili dans une grave crise en 1982, qui nécessite un ajustement du modèle. L’opposition ayant été laminé, le risque de subversion disparait avec la chute du mur de Berlin en 1989, l’effondrement du « communisme » et la déroute de toutes les guérillas marxistes. Le Pouvoir décide alors d’assouplir sa politique, d’autant plus que l’appareil répressif coûte très cher[8], et que l’étouffoir de la liberté d’expression muselle aussi toute innovation, nouveau moteur de l’économie mondiale.

La transition démocratique : tout change (politiquement) pour que rien ne change (socialement et économiquement) …

Comme en Espagne après la mort de Franco, c’est donc une coalition « gauche – chrétiens démocrates » qui assurera la transition vers la « démocratie ». Par démocratie il s’agit surtout d’un plus grand libéralisme politique et le retour du multipartisme. Par contre il n’est pas question de démocratie sociale : « Le lourd héritage néolibéral de Pinochet est pratiquement intact, car tout est encore privatisé, les retraites, mais aussi la santé et l’éducation [9]»

Le Chrétien démocrate Patricio Aylwin est élu président en 1990. Pinochet lui cède alors son poste à la tête de l’Etat mais  demeure encore sept ans chef des armées. Si Pinochet sera arrêté en 1998 à Londres, à la suite d’un mandat d’arrêt espagnol pour « génocide, terrorisme et tortures », il sera finalement relaxé par la cour d’appel en 2005 et les recours déposés par les familles de ses innombrables victimes seront jugés « irrecevables ». Il meurt dans son lit en 2006.

Le libéralisme politique social-démocrate-chrétien s’accommode très bien du néolibéralisme économique pinochétiste. La Constitution héritée de la période de la Dictature reste inchangée, et le Chili se lance encore plus dans la mondialisation économique, devenant le champion incontesté des Traités de Libres Echanges dont les signatures s’enchaînent avec de nombreux pays (USA, Canada, Mexique, Union européenne, Corée du Sud, Chine…), représentants 65% de la population mondiale. Le Chili est devenu en une vingtaine d’années une des économies les plus mondialisées et compétitives au monde[10].

Cependant, même avec de bons indicateurs, l’économie chilienne présente un grave défaut : l’inégalité de distribution des richesses qui génère un grand fossé social entre riches et pauvres. Le coefficient Gini, qui mesure l’écart entre les riches et les pauvres, place le Chili comme le pays le plus inégalitaire parmi les membres de l’OCDE (organisation des pays « développés »)[11].

La croissance spectaculaire de l’économie chilienne a été portée pendant 30 ans pas les exportations de cuivre, la demande mondiale du métal rouge ayant doublé pendant cette période avec le développement des villes et des réseaux (électriques, téléphoniques) ainsi qu’avec l’explosion de l’électronique. Le développement accéléré de la Chine a accentué cette demande, l’Empire rouge étant à lui seul le responsable de l’intégralité de l’augmentation de la demande mondiale du métal de la même couleur durant ces 10 dernières années.

Le ralentissement économique mondial et singulièrement Chinois après la crise de 2008 entraine une chute des cours des matières premières, qui se traduit à partir de 2015 par un ralentissement brutal d’une économie chilienne quasi exclusivement orientée vers les exportations de matières premières brutes. En absence de système de protection sociale, les profondes inégalités ne cessent de se creuser.

En 2011, une première révolte à l’initiative des étudiants secouent le pays ; ils réclament l’éducation gratuite. Ils sont durement réprimés. Des petits groupes anarchistes de tendance insurrectionnalistes font leur apparition, multipliant les actions symboliques contre les représentants du système injuste (police, églises, …). Toutefois, depuis 1989, la société chilienne reste profondément marquée par sa dépolitisation. Le Pouvoir et la Présidence alternent entre socio-démocrate (Michèle Bachelet, 2014- 201) et conservateurs (Sébastien Piñera, 2010-2014 puis depuis 2018), mais rien ne change dans le fond.

Un embrasement local dans un contexte global …

En octobre 2019 alors que le pays est considéré comme un des plus stables d’Amérique latine, se déclenche une vague de contestation sans précédent. A l’annonce de l’augmentation du prix de ticket de 30 pesos, les lycéens décident de ne pas payer le métro et de resquiller en masse. La police réprime brutalement ce mouvement de la jeunesse, entrainant les parents à descendre dans la rue à leur tour.

En fait, dans ce pays où l’économie est tirée par les exportations, la conjoncture internationale est suivie et commentée. Paris avec les gilets jaunes à l’Arc de triomphe, Alger et le Hirak, Khartoum au Soudan et ses femmes en première ligne, Hong Kong et ses parapluies … il n’échappe à personne qu’une flambée de protestations embrase le monde depuis plusieurs mois.

Même si les motifs sont différents et les contextes locaux singuliers, les mouvements massifs de protestation qui émergent d’un continent à l’autre partagent bien plus que des slogans (« dégagez », « qu’ils partent tous ») ou des techniques de manifs (occupation des places, assemblées populaires sans leader, affrontements assumés avec la police). Selon Hardy Merriman, président du Centre international des conflits non violents (ICNC) « un élément commun à ces mouvements est ce profond malaise vis-à-vis des autorités qui résulte parfois d’années de griefs accumulés. Les gens ont le sentiment que leur dignité est bafouée et se rendent compte que s’ils ne fixent pas de limites aux dirigeants les abus perdureront. ». Pour Maria Fantappie, analyste à l’International Crisis Group : « Il ne faut pas lire ces mouvements dans un contexte uniquement d’un pays spécifique. Il faut les comprendre comme une expression d’un état de désenchantement vis-à-vis de tout un système, d’une économie néolibérale, qui provoque des ravages surtout parmi les plus jeunes. Tout est lié. »[12].

Le 1er octobre c’est la capitale équatorienne quasi-voisine, Quito, qui s’enflamme pour une augmentation des transports : dans ce pays andin, ordinairement tranquille et pacifique, les gens ont spontanément occupé la rue pour s’affronter avec la police, à l’image des Gilets Jaunes en France[13]. Les images du Président équatorien Lénine (sic) Moreno, contraint le 7 octobre de fuir en hélicoptère son palais présidentiel dans la capitale pour rejoindre la ville côtière de Guayaquil, frappent tous les esprits. Or l’Equateur et le Chili sont communément considérés comme deux îlots de prospérité, à l’abri des antagonismes qui partout ailleurs fracturent l’Amérique latine …

Les esprits sont échauffés et se nourrissent de ces images d’affrontements, que ce soit en France ou à Quito, qui passent en boucle sur les réseaux sociaux. Le 7 octobre, les étudiants organisent pour 5 jours les premières « evasiones masivas » (fraudes dans le métro sautant par-dessus les tourniquets) à la station Universidad de Chile. Les autorités du métro réagissent avec des fermetures partielles et des accès contrôlés par les forces de l’ordre, qui répriment avec brutalité les fraudeurs. C’est l’étincelle qui met le feu aux poudres, le 18 octobre  les parents rejoignent leurs enfants étudiants dans la rue, avec la ferme volonté de se faire respecter … Le décor est planté, l’Histoire peut commencer …

A propos de cette brochure et des enseignements de la situation Chilienne …

Cette brochure est une compilation de différents textes écrits par des groupes anarchistes chiliens, acteurs du mouvement depuis le début (Proyecto Educativo Libertario, Sindicato Oficios Varios SOV de Santiago, Sociedad de Resistencia Oficios Varios Valparaíso SROV, Grupo Anarquista Germinal-Amigos de la AIT de Concepción). Nous avons  traduits ces textes au fur et à mesure de leur parution et nous les avons publiés sur notre site internet (https://cnt-ait.info) ou notre page Facebook (@chatsnoirsturbulents). Pour une meilleure compréhension, nous avons parfois ajouté dans cette brochure des éléments de contexte, ou des appréciations sur l’analyse développée par les compagnons. Ils sont alors précédés de l’abréviation NdT, Note des Traducteurs.

Les textes publiés ici adoptent tous évidement un parti pris anarchiste, et à ce titre sont certainement partiels et partiaux. Mais les actions du mouvement Chili trouvent de profondes résonnances avec les idées et la pratique anarchiste. Nous avons aussi placé en introduction la traduction d’une brochure d’analyse sur la situation à la date d’Octobre 2020, par l’Assemblée Anarchiste de Bio-bío. Ce texte nous a paru important car il analyse comment le Pouvoir (partis politiques tous confondus, entrepreneurs, église …) essaie de sortir de la crise tout en préservant sa structure, alors qu’elle est largement remise en cause par les manifestants qui aspirent souvent à un autre futur. Les partis politiques, et notamment les partis politiques de gauche, jouent à fond leur rôle de « pompiers du système » en prêtant leur concours à la mascarade du référendum pour le changement de Constitution. Alors que la demande des manifestants porte sur des mesures sociales et économiques, c’est une mesure politique – une nouvelle constitution – que le Pouvoir leur présente comme sortie de crise. Autrement dit, il s’agit de mettre en place une « seconde transition », faire en sorte que tout change (politiquement) pour que rien ne change (socialement et économiquement). Ce scénario d’une nouvelle constitution peut tout à fait nous être présenté demain en France, comme pseudo-sortie de la crise née de l’irruption des Gilets jaunes en Novembre 2018, puis de la crise née du Covid en 2020. Macron en reprend déjà partiellement l’idée, avec sa proposition de référendum sur la Constitution pour y intégrer l’écologie. Et tous les pseudos opposants mais vrais parasites du système politique dont ils se gavent, à savoir les Mélenchons et autre le Pen, aboient aussi pour l’arrivée d’une nouvelle constitution.

L’expérience Chilienne de la gestion privée des retraites, confiées à des Administrateurs de Fonds de Pensions est aussi éclairantes, alors que c’est ce modèle que la Capitalisme essaie de mettre en place en France depuis des décennies et que le gouvernement a annoncé sa ferme intention de pousser plus encore dans cette direction avec la soit disant Réforme des retraites.

Nous avons donc intérêt à suivre de près l’évolution de la situation au Chili, et apporter notre solidarité dans la mesure de nos moyens à ceux qui luttent là-bas pour des perspectives révolutionnaires. C’est pour cela que nous avons ajouté dans notre brochure quelques textes sur les actions de solidarités prises par les sections de l’AIT (Association Internationale des Travailleurs, internationale anarchosyndicaliste) avec les révoltés chiliens. Et que nous appelons à la solidarité avec les milliers de prisonniers politiques Chiliens, tels nos compagnons Monica et Francesco.

Des militants de la CNT-AIT


[1] Association Internationale des Travailleurs, organisation internationale anarchosyndicaliste qui existe toujours, et dont est actuellement membre la CNT-AIT en France

[2] La FLCH est née de la rencontre de vieux militants avec des jeunes désillusionnés par le MIR. Pendant sa brève existence, la FLCH a notamment averti le mouvement révolutionnaire sur l’imminence d’un coup d’état et souligné l’incapacité qu’aurait le gouvernement de Front Populaire à le faire échouer.

[3] Au Chili, les inégalités n’en finissent pas de se creuser », Le Monde.fr, ‎ 18 novembre 2017

[4] Stéphane Boisard, Mariana Heredia, « Laboratoires de la mondialisation économique », Vingtième Siècle  Revue d’histoire, ‎ 2010

[5] Lettre de Margaret Thatcher à Friedrich Hayek, 17 février 1982, publiée pour la première fois par Naomi Klein (d’après l’original conservé au fonds Hayek de la Hoover Institution), dans La Stratégie du choc, 2008, p. 163.

[6] Article du Figaro du 13 mars 1990

[7] « Les impasses du néolibéralisme à la chilienne », lesechos.fr, ‎ 17 décembre 2017

[8] La part du budget de l’armée – qui a conservé les uniformes et casques inspirée des nazis, symbole glaçant – passe de 10 % en 1973 à 32 % en 1986

[9]https://www.lemonde.fr/economie/article/2017/11/18/au-chili-les-inegalites-n-en-finissent-pas-de-se-creuser_5216845_3234.html

[10] https://copperalliance.fr/lindustrie/economie/

[11] « Au Chili, les inégalités n’en finissent pas de se creuser », Le Monde.fr, ‎ 18 novembre 20

[12]« Du déclencheur local à la révolte globale, la convergence des luttes dans le monde », Le Monde, 08 nvembre 2019

[13] Sur la révolte en Equateur, cf. notre brochure  » Equateur, octobre 2019 : Eruption populaire dans la « terre du milieu » « 

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LE CHILI APRES UN AN DE REVOLTE POPULAIRE … POINTS DE VUE ANARCHISTES

La Nouvelle Constitution : tout changer pour ne rien changer, ou quand les politiciens volent au secours de l’Etat et du Capitalisme …
table des matières :

Introduction : le contexte historique et social

Appel à la solidarite, Aux anarchistes de la planète.

Révolte populaire et référendum constitutif au Chili – Analyse de la situation d’octobre 2019 à octobre 2020

A bas la constitution !

Solidarité avec Monica, Francesco et tous les prisonniers politiques du Chili !

Vos miettes sont nos richesses !

Ils vaincront mais ils ne convaincront pas

Que la rage vous organise !

Récupération de la Place de la Dignité à Santiago du Chili

A propos de la révolte au Chili : «Ce n’est pas que pour les 30 pesos … ».

Après un mois de manifestations dans la région Chilienne (SOV Santiago)

“¡No queremos ser milicos”, la lutte contre le service national

Santiago est à nous !

Solidarité de l’AIT et de ses sections avec la révolte populaire du Chili

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