Pour tenir bon #4 : Contrainte versus bon sens…

Contrainte versus bon sens…


Les gouvernements mondiaux et en particulier le nôtre, donnent depuis longtemps l’impression de naviguer à vue. La gestion désastreuse de la crise actuelle en plus d’être inhérente au capitalisme, est une conséquence flagrante des politiques du « en même temps », du ni oui ni non, du j’avance et je recule (je vous ferai grâce du reste du couplet), du protégeons la nature et engraissons ses assassins, bref de l’imprévision totale et du mépris pour ceux qui depuis des lustres tiraient le signal d’alarme. Élevés dans le mythe de leur toute puissance, les maîtres du monde, forts éloignés des problématiques de vie quotidienne de chacun d’entre nous, pensaient détenir un pouvoir absolu sur l’ensemble du vivant. Patatras, le virus débarque. Panique à bord. Pas de vaccin, pas de sérum, pas d’infrastructures hospitalières adaptées, des soignants exsangues, des scientifiques en pleine controverse. Que faire Mon Dieu ? Même les églises sont fermées et l’eau bénite prohibée… La seule solution reste l’incarcération à domicile de la moitié de la population mondiale et l’attente du remède miracle ou de la fin du monde.

Si le confinement demeure en effet l’ultime façon d’appréhender la chose, pour qu’il soit efficace et accepté, il faut qu’il soit compris, et pour qu’il soit compris il faut qu’il soit expliqué. Je doute de la capacité et de la volonté de nos gouvernants à s’improviser professeurs de sagesse. Il est beaucoup plus aisé pour eux de contraindre et de verbaliser. Pourtant nombreux sont les témoignages dans nos histoires personnelles des bienfaits d’une pédagogie bien conçue s’appuyant sur l’intelligence et le bons sens de chaque individu. Expliquez à un enfant pourquoi il est nécessaire de se laver les mains avant d’aller à table, il le comprendra et à son tour l’expliquera aux autres et plus tard à ses propres enfants. Sanctionnez-le pour l’avoir oublié, il vous en voudra et ne cherchera qu’à tricher.

J’ai les souvenirs durant mon enfance de ces vacances en totale liberté que je passais hors de la surveillance familiale, dans une bourgade lomagnole où nous nous retrouvions, une ribambelle de garnements à troubler la quiétude estivale des anciens. Lorsque la limite de la décence était atteinte, un adulte venait nous rappeler à l’ordre et le garde champêtre n’avaient nul besoin d’interrompre sa sieste ni les pandores leurs interminables parties de manille. La société semblait avoir alors une formidable capacité à s’auto-réguler. Plus tard dans nos parcours de militants, combien furent utiles les conseils de nos vieux compagnons pour nous éviter de tomber dans les pièges tendus ou d’autres moins conscients se sont enlisés.

Dans mes activités professionnelles et parfois pour des raisons plus personnelles, j’ai été amené à assister à des procès en correctionnelle, d’y voir comparaître d’éternels récidivistes pour la même infraction et des juges incapables de réaliser que la sanction qu’ils prononceraient ne servirait à rien tant qu’il n’aurait pas convaincu de son sens. Victor Hugo, ou peut-être un autre a dit « ouvrir une école c’est fermer une prison », quoiqu’il en soit l’éducation sera toujours plus efficace que la répression.

Mais pour connaître ce temps-là, il faudra avoir changé de monde. Si nous restons vivants et cultivons notre intelligence, ce sera peut-être pour demain…


Riton 28 03 20

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