Biométrie : Gattaca * , c’est ici et maintenant

Le fichage, la biométrie sont sortis de l’ère du fantasme et de la science-fiction pour entrer de plain-pied dans nos vies comme en témoigne la généralisation du fichier « base élèves » ou les expérimentations biométriques dans les établissements scolaires. Que ces entreprises se concentrent sur les plus jeunes est tout sauf un hasard, c’est une stratégie réfléchie mise en place par les entreprises du secteur avec la bienveillance très intéressée de l’État : ils font le pari cynique d’habituer les plus jeunes au fichage high-tech, un conditionnement discret que la CNT-AIT a décidé de combattre.

L’année dernière l’INSERM et le gouvernement ont mis en place un projet de repérage et de signalement des jeunes enfants (moins de trois ans) qui pourraient poser problème (de par leur comportement, de par leur nationalité ou le profil à risques de leurs parents), et signalement qui devait être fait par les professionnels de la petite enfance. Heureusement, ceux-ci s’y sont opposés fermement et, à ce jour, ils ne transmettent pas leurs données à leurs supérieurs hiérarchiques, ou aux organismes de statistiques.
Aujourd’hui, c’est la biométrie qui essaye de se faire oublier mais qui fait sérieusement son entrée dans les collèges et lycées de France.
C’est le cas dans les Pyrénées Orientales, à Font-Romeu, au lycée P. de Coubertin ainsi qu’au CES situé juste à côté. Dès la rentrée scolaire de septembre 2007, tous les élèves de ces deux établissements ont été obligés de donner leur empreinte de la main et de se soumettre à la biométrie pour pouvoir accéder au self-service et manger. Pratiquement, les jeunes doivent taper leur code secret sur un cadran de la borne biométrique, plaquer leur main trois fois sur celle-ci et enfin, le voyant passe au vert et la machine d’à côté leur donne un plateau ! Huxley et le meilleur des mondes ne sont pas loin, si ce n’est que cette fois-ci c’est bien réel et que cela ressemble plus à de l’élevage de bovins qu’à un self-service de lycée !
Il semble d’ailleurs que cette technologie ne soit pas si fiable que ça puisque aujourd’hui, cette même machine est déjà en panne et qu’une dizaine d’établissements scolaires français qui utilisent les bornes biométriques pour l’accès à leur self-service, a été victime d’incendies douteux sur ce genre de bornes !


Suite à l’initiative de l’Union locale de Perpignan, plusieurs syndicats de la CNT se sont rencontrés à Lauzerte (31) et ont décidé de relayer une campagne nationale contre la biométrie et le fichage notamment en milieu scolaire. Affiches, tracts, sensibilisation des parents d’élèves et de la population sont au programme de cette campagne.

En 2006 déjà, une tentative avait été effectuée dans un lycée de la région parisienne. Un groupe d’opposants à la biométrie était intervenu avec des tracts pour expliquer leur opposition au projet et ce que cela impliquait comme risque de flicage et de comportementalisme. Au cours de leur intervention, une des bornes biométriques avait été endommagée et quelques participants avaient été emmenés au poste de police avec l’aide de certains personnels de l’établissement. Jugement et condamnations ont suivi. On devine mieux aujourd’hui pourquoi : ce procédé de fichage pourtant onéreux va certainement être généralisé et le pouvoir, qu’il soit de gauche ou de droite d’ailleurs, n’accepte pas qu’on le conteste ou que l’on remette en cause ses orientations politiques.
Outre le fait que cette technologie fiche les individus, et donc limite leur liberté d’être et d’agir, elle s’attaque cette fois à une population jeune qui ne peut que difficilement s’opposer et pour qui ce fichage n’est qu’un début : il faut que cette génération intègre le fait qu’elle doit accepter d’être contrôlée et formatée, et ce par toutes les technologies possibles et imaginables !


Lors du dernier congrès de la CNT AIT l’ensemble des syndicats a rappelé son opposition claire et radicale à toutes ces technologies, qui, sous prétexte de soigner, d’aider les populations soit à les protéger, soit à les éclairer « proprement », ne visent, entre les mains de gouvernants quels qu’ils soient, qu’à limiter les libertés individuelles, qu’à instaurer une société militarisée et bien encadrée.

Devant la mise en place de plus en plus marquée de ces technologies de flicage, il apparaît évident qu’il faut trouver des solutions collectives d’information, d’organisation et de lutte pour faire reculer, voire supprimer la mise en place de ces technologies qui servent une idéologie fascisante.

Pour cela, nous allons prendre contact avec les jeunes et parents d’élèves du lycée de Font-Romeu et essayer de mettre en place une riposte collective sur cet établissement.

Parallèlement à ça, notre Union locale souhaite développer une dynamique de résistance régionale ou même nationale (et plus si affinités !) par le biais d’actions (tracts, affiches, réunions, etc.) sur les lieux directement concernés.

Cette dynamique permettra aussi peut-être d’aider les luttes qui se développent contre les expulsions de jeunes mineurs scolarisés dans les établissements scolaires français.

Union locale de Perpignan,
(Le Combat syndicaliste CNT-AIT – pages confédérales – octobre/novembre/décembre 2007 n° 213

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