Le Premier mai à Tokyo dans les années 1920

Le libertaire, 1er Mai 1931

LE LIBERTAIRE

Souvenirs de 1er Mai au Japon

Avant 1920, la manifestation du Premier Mai, au Japon, ne fut jamais autorisée par le gouvernement.

Finalement, la décision du prolétariat japonais permit la célébration du Premier Mai.

Voici les faits principaux- de la première (1920) à la dernière manifestation (1930) :

1920. — Conduits par Seishu-kai et Shuiji-kai (organisations mères de l’actuel Syndicat des dessinateurs de Tokio), qui contenaient de nombreux anarchistes, 1.000 ouvriers environ appartenant à 15 organisations se réunirent à Ueno-Park avec leurs drapeaux au mot d’ordre : « Pas de victoire sans bataille. »

Evidemment, la manifestation n’était pas autorisée et les manifestants chantant l’hymne révolutionnaire durent lutter contre des barrages épais de policiers.

1921. — 1.500 ouvriers se réunirent à Shibaura au milieu d’une grande confusion et de violentes bagarres avec la police. Les membres de Sesiu hissèrent te drapeau noir fait sur-le-champ avec de l’encre d’imprimerie.

Durant la deuxième réunion à Ueno, des ouvriers furent sauvagement frappés par la police, ce qui entraîna une violente bataille : 80 camarades furent arrêtés.

1922. — A partir de cette date, la manifestation a lieu non seulement à Tokio, mais dans les principales villes : Osaka. Kobe, Ashio, Okayana, Yokama, etc. A Tokio, 2.000 personnes de 24 organisations se réunirent a Shibama : 120 arrestations.

1923. — A Tokio, 5.000 ouvriers conduits par le Syndicat ouvrier de Shibamo (tendance anarchiste), manifestèrent. Le service d’ordre, très sévère, arrêta 250 personnes. A Yokohama, au cours d’une bagarre entre ouvriers d’imprimerie et policiers, il y eut de nombreux blessés. Il y eut des manifestations à Kiato, Tchiba, Nada, Nagoya, Kobe, etc.

1924. — A partir de cette année, la manifestation prend l’aspect d’une fonction annuelle et, de ce fait, perd de sa violence. A Tokio, 6.000 ouvriers manifestèrent de Shibamo à Ueno. La manifestation eu lieu également à Séoul (Corée)

1925. — A Tokio. 10.000 ouvriers se réunissent place Armiagahara. Conséquemment, les grandes usines électromécaniques de Shibanro : Nippon Electric, Imprimerie Hakuhunkan, etc., durent fermer. Le service d’ordre, très sévère (plus 9.000 policiers), arrêta 157 ouvriers.

1926. — Tokio, 10.000 ouvriers à Shinba, conduits par la Fédération des Chanteurs, 224 arrestations. Des démonstrations agitées eurent lieu dans tout le pays.

1927. — Tokio. A Arimagahara, 62 organisations avec 226 drapeaux syndicaux se réunirent. La manifestation fut gigantesque mais montra une ardeur de cérémonie funèbre. 144 arrestations.

1928. — Tokio. 15.000 ouvriers réunis à Shiba-Park marchèrent à Ueno-Park. La police tenta d’arrêter la manifestation et incarcéra sans raison de nombreux ouvriers, le jour même où le Parlement décidait de renverser le cabinet militariste. Avant cette manifestation, les ouvriers des organisations fédéralistes défilèrent dans les rues prospères tenant haut leurs drapeaux noirs et chantant l’hymne révolutionnaire.

1929. — Tokio. La manifestation fut conduite par le Syndicat ouvrier de Shibamo. Nous réussîmes a déployer notre devise : « Libération des prolétaires par les prolétaires eux-mêmes. » Peut-être à cause de cela, la répression policière fut extrêmement violente. A Shiba-Park. un orateur fut arrêté sur une estrade ; les ouvriers tentant de s’y opposer, un chef de police, des mouchards et plusieurs policiers furent blessés. Au commencement de la manifestation, nos organisations sœurs brisèrent des barrages de police et délivrèrent des ouvriers arrêtés. Des membres de Keukolan, association chauvine réactionnaire, jetèrent des excréments sur nous, mais ils furent immédiatement dispersés. Ainsi, notre marche atteignit le parle Eitai, où les camarades décidèrent de revenir en arrière. La police tenta de s’opposer au retour, mais après une violente bagarre dut céder. Un chef de police et de nombreux policiers eurent leurs uniformes arrachée et leurs sabres brisés.

1930. — Plus de 20.000 ouvriers se réunirent le matin, à Shiba-Park surveillés par 1.300 policiers. Le cortège se déroula jusqu’à Ueno-Park; environ 1.000 membres des organisations anarchistes étaient présents, mais nos orateurs furent presque tous arrêtés après avoir pris la parole. Cependant, l’après-midi, nous; continuâmes à manifester, luttant contre les policiers aux cris de : « Vive l’anarchisme ! » 350 camarades furent arrêtés, presque tous relâchés le soir même.

Traduit de l’Espéranto « La Anarknusto », N°5.

Tokio.

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