un article, paru dans le numéro 3 du journal en français de la CNT-AIT de Barcelone daté du 28 août 1936, nous montre que les anarchistes pendant la Révolution espagnole ont été les précurseurs en bien des domaines. Dès le premiers jours de la Révolution (qui éclata le 19 juillet en réaction à l’insurrection des militaires franquistes lancée le 18 juillet), l’initiative populaire s’attaqua aux symboles honteux de l’oppression et de l’exploitation, en déboulonnant notamment la statue d’un tristement célèbre marchand d’esclave, Antonio Lopez, premier marquis de Comillas.

Antonio López y López, 1er marquis de Comillas, (1817 à Comillas – 1883 à Barcelone), était un homme d’affaires, marchand d’esclaves et magnat du transport maritime espagnol. Il fut le fondateur de plusieurs grandes entreprises et l’un des hommes les plus riches du monde de la seconde moitié du XIXe siècle.
Sa statue fut déboulonnée puis fondue dès les premiers jours de la révolution en Août 1936, mais elle fut réinstallée après la guerre civile en 1944 par le Conseil franquiste, avec la collaboration du sculpteur Frédéric Marès. Il faudra attendre 2018 pour qu’elle soit définitivement enlevée.

Petites épurations …
Les vestiges du passé, même s’ils n’ont qu’une importance secondaire, doivent disparaître dans la nouvelle Espagne. C’est cette oeuvre de nettoyage qui se poursuit à l’égard de tout ce qui rappelle un passé d’oppression et d’exploitation dans la capitale de la Catalogne. Un collaborateur du quotidien républicain « El Diluvio » attirait l’attention il y a quelques jours sur certains monuments élevés à des personnages qui s’étaient illustrés par leur action malfaisante au cours de l’histoire espagnole. La présence de ces monuments sur les places publiques, ajoutait le journal, constituait une honte intolérable pour Barcelone.
L’effet de cette publication ne se fit pas attendre, car l’initiative populaire agit rapidement ici dans les
grandes comme dans les petites choses. Dans la nuit de lundi, des compagnon, aidés de citoyens bénévoles, procédèrent à une première épuration dans ce sens. La statue du fameux négrier Antonio Lopez, « premier marquis de Comillas », dont les exploits sont connus et qui avait acquis une immense fortune par le commerce des esclaves, a été descendue de son socle et enlevée de la place où elle se trouvait exposée, près de la grande poste. Le nom de ce rebut de l’humanité fut remplacé par celui
d’un héros de la liberté et sur le haut du socle flotte maintenant le drapeau rouge et noir de la F. A. I (Fédération anarchiste ibérique), symbole de la liberté et de la justice.
